Place aux profils taille plus sur les réseaux sociaux

Influences Web : elles veulent briser les stéréotypes et diversifier les standards de beauté
Photo : Radio-Canada / MARIE-LAURENCE DELAINEY
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Diktat de la minceur extrême, culte de la jeunesse, corps retouchés sur ordinateur : les réseaux sociaux nous exposent au quotidien à des standards de beauté qui peuvent parfois nuire à l'estime de soi. Pour tenter de briser ces stéréotypes, des influenceuses ont décidé d'afficher leurs formes et leurs imperfections.
Un texte de Marie-Laurence Delainey
Dans un restaurant de Salaberry-de-Valleyfield, Ély Lemieux, une jeune femme de 26 ans, est en pleine séance photo. Certains des clichés se retrouveront sur sa page Instagram, qui compte plus de 30 000 abonnés.
Ély est ce que l’on appelle une influenceuse en raison de son large auditoire sur les réseaux sociaux.
La jeune femme ne s’en cache pas : elle n’a pas une « taille de guêpe » et elle l’assume complètement.
« Au niveau des filles rondes, j'ai été une des premières à dire : on se met en bobettes sur Internet et on partage un petit moment de confiance en soi. Que tu fasses large, extra large, quatre extra large, c'est normal de s'apprécier », lance-t-elle.

L'influenceuse web Ély Lemieux
Photo : Radio-Canada / MARIE-LAURENCE DELAINEY
Faire la différence
Ces influenceuses de la toile peuvent être porte-parole d'une entreprise et vanter des produits, mais elles peuvent aussi tout simplement afficher ce qu'elles aiment. Et Ély, elle, veut faire la promotion d'un corps en santé.
La jeune femme estime que 75 % des influenceuses sur les réseaux sociaux, comme Instagram, ont un corps très « mince » et « sculpté ».
« L'autre 25 %, c’est plus des filles comme moi, des filles qui brisent le modèle, poursuit-elle. Il y en a de plus en plus et c'est ça qui est le fun et rafraîchissant aussi. »
Un mouvement à contre-courant
Un plus grand nombre de femmes rondes, de blogueuses ou encore de mannequins, un peu partout dans le monde, tentent ainsi de redéfinir les standards de beauté sur les médias sociaux.
Édith Bernier, pour sa part, adore voyager. Elle en avait assez d’être confrontée aux mêmes images sur Facebook ou Instagram. C’est l’une des raisons pour laquelle elle a lancé son propre blog « La backpackeuse taille plus ».
« J'étais tannée de voir des filles en position de yoga et en bikini sur la plage. Moi, je veux essayer de leur offrir une autre imagerie, chercher des images de personnes grosses qui ne sont pas en train de manger, de se peser, de mesurer leur tour de taille. »

L'influenceuse web Édith Bernier
Photo : Radio-Canada / MARIE-LAURENCE DELAINEY
Utiliser les réseaux sociaux
L’influenceuse Jessica Prudencio croit que si les réseaux sociaux peuvent bel et bien avoir un impact négatif sur l’estime de soi des femmes, ils peuvent aussi produire un effet inverse s’ils sont « utilisés intelligemment ».
« C’est important d'avoir tous les types de femmes, explique l’influenceuse. Il y a des grosses qui sont belles; il faut les voir. Je trouve que les réseaux sociaux nous donnent le choix de suivre ce qui nous fait du bien; ce que la télé ne fait pas. »

L'influenceuse Jessica Prudencio
Photo : Radio-Canada / MARIE-LAURENCE DELAINEY
Quant à la chroniqueuse et comédienne Vanessa Duchel, elle souhaite avant tout montrer l’exemple.
« On ne veut pas promouvoir l’obésité. On veut juste promouvoir le fait d'être bien dans sa peau, d'être toujours en santé. Quand j’étais petite, je n'avais pas de modèle. Je ne voyais personne qui me ressemblait. Avec le temps, je me suis dit : je veux créer ça pour les plus jeunes », explique-t-elle.

Vanessa Duchel, comédienne
Photo : Radio-Canada / MARIE-LAURENCE DELAINEY
Emily Roy, fondatrice du Montréal + Fashion Week a également la volonté de donner au suivant.
« J’ai commencé à mieux me sentir dans mon corps quand j’en ai vu d’autres comme moi qui reflétaient cette image de confiance, d’acceptation », souligne-t-elle.

Emily Roy, fondatrice du Montréal + Fashion Week
Photo : Radio-Canada / MARIE-LAURENCE DELAINEY
Une influence positive
Ces influenceuses web peuvent contribuer à changer les mentalités, selon la psychologue spécialisée dans les problèmes d'image corporelle, Stéphanie Léonard.
« C'est comme de se dire: "ok, il y a des gens comme moi. À partir de là, c’est s’assumer dans notre authenticité. Ces personnes, qui ont une tribune, ont cette chance de promouvoir un message à l'opposé de ce qu'on ressent. »
Selon l’Institut de la statistique du Québec, un adolescent sur deux n’aime pas son corps.