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De Thunder Bay à Sudbury avec les passagers de la ligne Greyhound vouée à disparaître

Un bus Greyhound plein.

Un des derniers trajets de la ligne Thunder Bay - Sudbury, en octobre 2018.

Photo : Radio-Canada / Justine Cohendet

Radio-Canada

RÉCIT - Les autocars Greyhound ne circuleront plus dans l'ouest du pays dès le 1er novembre prochain. Selon la compagnie, les sièges sont trop souvent vides. Pourtant, dans l'Ouest ontarien, nombreux sont ceux qui empruntent la ligne entre Thunder Bay et Sudbury chaque jour. Notre journaliste, Justine Cohendet, a parcouru les quelque 1000 kilomètres du trajet pour aller à leur rencontre.

Un récit de Justine Cohendet

Au début du mois d'octobre, quelques semaines avant sa fermeture, j’ai emprunté cette ligne désormais vouée à disparaître. Lorsque la compagnie d'autocars Greyhound a annoncé qu’elle mettait fin à ses services dans l'Ouest canadien, je me suis demandé ce qui allait arriver aux usagers de cette ligne. Il ne m’a pas fallu longtemps pour trouver une réponse à cette question.

Des passagers attendent devant le bâtiment Greyhound.

La station de Greyhound à Thunder Bay fermera ses portes le 31 octobre prochain.

Photo : Radio-Canada / Justine Cohendet

Il est 8 h 30, le mardi 2 octobre, lorsque je pénètre dans la gare de Thunder Bay. Une quinzaine de personnes attendent déjà l'arrivée de l'autocar de Greyhound qui doit les emmener jusqu'à Sudbury.

Thunder Bay n’est qu’un arrêt du trajet Vancouver-Toronto. Plusieurs voyageurs avec qui je discute sont sur la route depuis plusieurs jours, mais ont dû descendre dans la ville du Nord-Ouest de l'Ontario avant de pouvoir repartir dans un autre véhicule de la compagnie.

Jan Norris a commencé son périple à Regina et se rend jusqu’à Toronto pour voir son fils.

Un dame attend sur un banc dans une gare.

Jan Norris prend régulièrement l'autobus pour aller rendre visite à son fils.

Photo : Radio-Canada / Justine Cohendet

Elle a du mal à comprendre pourquoi Greyhound ferme cette ligne. C’est bizarre parce que les autobus sont toujours pleins, me dit-elle.

Comme toujours, ce sont ceux qui ont le moins d’argent qui vont souffrir.

Une citation de Jan Norris, passagère

Après le 31 octobre, Jan devra se résoudre à prendre l’avion pour aller chez son fils, même si elle trouve cette solution moins écologique.

Un autocar plein à craquer

Il est 9 h, le bus démarre. Il arrivera à Sudbury vers minuit. Je suis la dernière à monter à bord et peine à trouver une place.

Il n’y a pas de doute, cet autocar roule depuis des années. L’état des sièges laisse à désirer. Il n’y a pas de prise pour charger son cellulaire ni de tablette pour manger ou travailler.

Je trouve finalement une place tout au fond. Mon voisin de siège vient de la région de Kenora, dans le nord-ouest ontarien. Il ne souhaite pas m'accorder d'entrevue, mais me raconte être atteint d’un cancer. S’il prend l'autocar, c’est pour se rendre à Sault-Ste-Marie où il doit recevoir des traitements à l’hôpital.

Une affiche indique que le restaurant est maintenant fermé.

Le restaurant situé dans la station d'autobus Greyhound de Thunder Bay a mis la clef sous la porte après l'annonce de la fermeture de la ligne Vancouver-Sudbury.

Photo : Radio-Canada / Justine Cohendet

Comme beaucoup de passagers, il a choisi cette option, car elle est la plus économique et la moins longue.

Les voyageurs qui parcourent de longues distances côtoient ceux qui prennent le bus pour quelques kilomètres. Près de quatre heures après notre départ, nous nous arrêtons à Marathon, une petite municipalité d’environ 3000 habitants au bord du lac Supérieur.

Une dizaine de passagers descendent, trois autres embarquent, dont Danielle Dupere. Originaire de Marathon, elle réside maintenant à Sudbury. Elle est allée rendre visite à ses parents pendant quelques jours.

Un bus Greyhound.

Le bus s'arrête 15 minutes au bord du lac Huron. Le temps pour les passagers de se dégourdir les jambes après plusieurs heures de route.

Photo : Radio-Canada / Justine Cohendet

Nous perdons une ligne qui offrait un peu plus de flexibilité et qui était bon marché, regrette Danielle.

Nous arrivons à Sault-Ste-Marie vers 20 h, mais il me reste encore quatre heures de trajet. J’ai hâte d’arriver et j’ai dû mal à imaginer comment certains supportent de voyager ainsi depuis plusieurs jours.

Derrière moi, au fond de l'autocar, Philémon est parti de Colombie-Britannique il y a deux jours. Il descendra six heures après moi.

Un homme dans un bus, la nuit.

Philémon ne comprend pas pourquoi Greyhound abandonne ce trajet très fréquenté.

Photo : Radio-Canada / Justine Cohendet

L’avion coûtait trop cher et c’était compliqué de rentrer en auto-stop, raconte-t-il.

Pour lui, Greyhound fait partie de la culture de voyageur canadien. Greyhound, c'est très canadien, lance-t-il.

Il est minuit passé, j'arrive à la gare de Sudbury. L'autocar a 30 minutes de retard, mais je m'attendais à pire. Les passagers se séparent entre ceux qui s'arrêtent dans la capitale du nickel et ceux qui poursuivent leur route vers Montréal et Toronto.

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