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Dur lendemain de veille pour les sondeurs au Québec

Philippe Couillard et sa conjointe Suzanne Pilote

Philippe Couillard enlace sa conjointe Suzanne Pilote, après son discours

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Tous les sondages prédisaient une lutte serrée entre le Parti libéral et la Coalition avenir Québec. Pourtant, les grands réseaux ont donné la majorité au parti de François Legault à peine 30 minutes après la fermeture des bureaux de scrutin. Que s'est-il passé?

« C’est la pire erreur commise par les sondeurs au Québec », affirme sans hésitation Claire Durand, professeure à l’Université de Montréal et experte en méthodologie des sondages.

Au terme de la soirée électorale, la CAQ, avec un résultat de 37,4 %, a obtenu cinq points de plus que les prédictions des sondeurs. Ces derniers ont également surestimé la performance du PLQ, qui a décroché cinq points de moins, à 24,8 %. En 39 jours de campagne, jamais les sondages n’avaient prédit un pourcentage aussi bas au Parti libéral de Philippe Couillard.

« La grande surprise [...] est l'effondrement historique du PLQ. On doit faire mieux », convient sur Twitter Jean-Marc Léger, le président de la firme de sondage du même nom.

« Nous avons bien mesuré la chute du Parti québécois et la montée de Québec solidaire », précise-t-il cependant. Les résultats des deux partis se trouvent en effet dans la marge d’erreur des prédictions.

Aucune firme de sondages, peu importe la méthodologie utilisée, n’avait par contre pas vu venir la vague caquiste qui a déferlé sur le Québec.

Entre l'isoloir et le dernier sondage, tout peut arriver, rappelle pour sa part Alain Giguère, de CROP. Il évoque notamment la prime à l'urne des libéraux, qui se voient habituellement octroyer un appui plus fort des sondeurs représenté par les électeurs discrets sur leur vote jusqu'au jour du scrutin.

« On peut donc certainement faire l'hypothèse que c'est un revirement de la prime à l'urne qui a amené les maisons de sondages à sous-estimer la CAQ et à surestimer les libéraux », écrit le président de la firme de sondage dans un communiqué.

« Il ne sera pas évident de trouver une solution de répartition des discrets et des indécis dans ce nouveau contexte », poursuit le président de CROP, assurant que l'industrie va entreprendre une réflexion.

Pistes de solution

« Il faut savoir ce qui s’est passé », convient Claire Durand, sans pouvoir elle-même l’expliquer précisément au micro d’Alain Gravel.

L’analyste politique Chantal Hébert estime que les sondeurs doivent faire leur mea-culpa. « Essayer de sonder quand plus de 30 % des électeurs ne se présentent pas pour voter, ce n’est pas simple non plus », convient-elle cependant à Gravel le matin.

Mais le faible taux de participation n’est pas le seul élément à montrer du doigt, croit Claire Durand.

Les analyses arrivent toujours à la même conclusion, selon elle : un problème d’échantillonnage. Y a-t-il eu des changements dans l'électorat dont les firmes n'auraient pas tenu compte?, suggère-t-elle.

La professeure en sociologie croit que la plus grande mobilisation des jeunes a pu, cette fois, faire une différence. Quoique cette explication ne suffise pas, ajoute-t-elle, pour expliquer l’ampleur de l’écart entre les sondages et le vote. « Il va falloir regarder ça très attentivement pour éviter que ça se reproduise », prévient l’experte.

Faut-il, d'ici là, interdire les sondages?

Non, répondent les experts. « Il y a des erreurs de sondage une fois de temps en temps, note Claire Durand. Mais chaque fois, ces erreurs ont permis aux sondeurs d’améliorer leur méthode. »

En faire, mais ne pas les publier serait encore pire, prévient-elle. « Seuls les gens qui vont avoir les moyens de les payer vont pouvoir y avoir accès. C’est l’inverse de la démocratie. »

Pas juste au Québec

Claire Durand compare les résultats de lundi soir au Québec à ceux de l’Alberta, en 2012, et de la Colombie-Britannique, en 2013, où la somme des erreurs des sondeurs se chiffrait respectivement à 17 points et à 10 points.

« Les deux partis en tête, ceux qui ont fait l’objet de l’erreur, étaient très proches dans le spectre politique, explique Claire Durand. Ce qui veut dire que les électeurs passent plus facilement de l’un à l’autre. »

Les sondeurs n’avaient également pas prédit la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine de 2016 ni l’issue du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne quelques mois plus tôt.

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