Qu’est-ce que le nouvel accord de libre-échange changera pour vous?

Les Ontariens ressentiront différemment les effets du nouvel Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) selon leur gagne-pain ou leurs habitudes de consommation.
Voici en résumé quelques-uns des changements apportés par l’AEUMC.
Si vous êtes un producteur laitier
Jean-Pierre Beaulieu, propriétaire de la ferme Francorive de Noëlville, craint l’élimination de la classe 7, qui encourageait les entreprises de transformation à acheter du lait canadien plutôt que le lait diafiltré provenant des États-Unis pour la production de yogourt et de fromage.
Cela représente 25 % de notre production
, explique M. Beaulieu, qui ajoute qu’avec les concessions faites dans les accords avec l’Union européenne et l’accord de Partenariat transpacifique, l’avenir de sa ferme est plus qu’incertain.
Mes redevances à la caisse populaire ne vont pas diminuer parce que j’ai perdu 30 % du marché.
Le gouvernement fédéral a indiqué qu’il y a aura des compensations pour les producteurs laitiers.
Pour les consommateurs de produits laitiers
Le prix d’un litre de lait américain se vend environ 0,30 $ moins cher qu’un litre de lait canadien, selon David Pavot, chargé de cours à la faculté de droit de l’Université de Sherbrooke.
M. Pavot estime que ce sera la responsabilité des consommateurs d’acheter du lait provenant de fermes canadiennes pour soutenir l’industrie.
L'expert explique qu’il n’est pas garanti que la provenance du lait qui servira à la fabrication de yogourt ou de fromage soit indiquée sur les emballages.
Le chargé de cours ajoute qu’au-delà des menaces économiques pour les producteurs canadiens, il pourrait y avoir un danger pour la santé, car le lait diafiltré américain serait, dans certains cas, produit avec des hormones qui sont interdites au Canada.
Je ne sais pas si le gouvernement canadien aura la volonté d’interdire le lait qui ne correspond pas aux normes en vigueur au pays.
En santé
Selon l’analyste Gérald Fillion, l'AEUMC pourrait entraîner une hausse du prix des médicaments.
Les fabricants de médicaments génériques canadiens devront dorénavant attendre dix ans au lieu de huit avant l’expiration des brevets.
Achat en ligne et voyage
Il sera maintenant possible de faire un achat en ligne, avec un vendeur basé aux États-Unis, jusqu’à une valeur de 150 $ sans frais de douane. La limite était auparavant de 20 $.
Les achats de 40 $ ou moins faits aux États-Unis seront exemptés des taxes de vente, soit le double de l’ancienne limite.
L’accord, qui concerne le commerce, n’apporte aucun changement aux exigences pour traverser la frontière.
Les voyageurs canadiens ont toujours besoin d’un passeport ou d’une carte Nexus pour visiter les États-Unis.
Pour les travailleurs de bois, de l’acier ou de l’aluminium
Les tarifs imposés sur le bois d’œuvre au Nouveau-Brunswick n’ont pas été abolis.
Même chose pour les tarifs douaniers instaurés plus tôt cette année pour les exportations d’aluminium et d’acier, qui sont maintenus pour l'instant.
Le Canada a toutefois réussi à conserver l’article 19 de l’ALENA, qui permet de régler des différends commerciaux grâce à des comités indépendants.
Selon David Pavot, l’offre américaine n’était pas intéressante pour que le Canada accepte de faire d’autres concessions et a préféré exclure ces deux industries du nouvel accord.
Le chargé de cours croit qu’une solution diplomatique dans ce dossier serait possible dans les prochaines semaines.
Domaine de l’automobile
Les syndicats et les travailleurs sont soulagés d’apprendre que le gouvernement américain n’imposera pas de tarifs douaniers sur les importations de véhicules et de pièces d’auto du Canada.
Dans le cadre du nouvel accord, les travailleurs de l’automobile du Mexique devront recevoir un salaire plus élevé, ce qui aidera à réduire l’exode des emplois vers ce pays.