La disparition de femmes autochtones liée aux services de protection de l'enfance

Les commissaires de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées entendront cette semaine à Winnipeg des experts tenter d'expliquer le lien de cause à effet entre le sort des femmes autochtones disparues et assassinées et le système de protection de l'enfance.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Il existe un lien de cause à effet entre le sort des femmes autochtones disparues et assassinées et le système de protection de l'enfance, selon la protectrice des enfants autochtones de l'Assemblée des chefs du Manitoba.
« Certaines mères ont presque perdu la vie lorsqu’elles étaient enfants parce qu’elles se sont retrouvées dans des situations dangereuses lorsqu’elles étaient prises en charge », affirme Cora Morgan, qui aide les familles autochtones à récupérer leurs enfants qui sont pris en charge par les Services à l’enfance et à la famille.
Elle témoignera lundi à l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, qui se réunit à nouveau à Winnipeg cette semaine.
La commissaire en chef de l'enquête dit avoir entendu des histoires similaires partout au pays.
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« Les gens nous disent que le cercle vicieux de la violence et des problèmes commence lorsque les enfants sont placés dans le système de protection de l'enfance », explique Marion Buller.

La commissaire en chef de l'ENFFADA, Marion Buller
Photo : La Presse canadienne / DARRYL DYCK
Les audiences, qui auront lieu à l'Hôtel Fort Garry jusqu’à vendredi, permettront d’entendre sept experts en protection de l'enfance et en violence familiale.
En 2016, le Tribunal canadien des droits de la personne a statué que le gouvernement fédéral faisait preuve de discrimination envers les enfants des Premières Nations vivant dans les réserves, en omettant de fournir le même niveau de services de protection à l'enfance qu’ailleurs.
« Nous espérons être en mesure de voir comment la violence intergénérationnelle est un facteur majeur dans la disparition ou le meurtre de femmes et de filles autochtones, affirme Marion Buller. Nous n’avons pas encore toutes les preuves pour tirer cette conclusion, mais nous allons certainement dans ce sens. »
Services à l'enfance et à la famille
La semaine dernière, le gouvernement du Manitoba a publié son rapport de fin d’année sur la protection des enfants, avec le nombre précis d’enfants pris en charge par les Services à l’enfance et à la famille.
Sur les 10 328 enfants sous la responsabilité du service, 87 % sont Autochtones.

La protectrice des enfants autochtones du Manitoba, Cora Morgan.
Photo : Radio-Canada
« Nous savons que beaucoup de femmes disparues ou assassinées à Winnipeg faisaient partie du système de protection de l'enfance », affirme Cora Morgan.
En 2007, le corps de Fonessa Bruyere, 17 ans, a été retrouvé dans un champ à l’extérieur de Winnipeg. Sa grand-mère, Janet Bruyere, affirme que Fonessa avait été chassée de son foyer d’accueil un mois plus tôt.
Deux ans plus tard, deux amis de Fonessa ont connu le même sort. Les corps de Cherisse Houle et Hillary Wilson ont également été retrouvés à l'extérieur de la ville, à un mois d'intervalle, au cours de l'été 2009. Ils étaient également sous la responsabilité des services à l’enfance et à la famille.
« Lorsque les enfants sont retirés de sous la responsabilité de leurs mères, celles-ci se retrouvent sans espoir, parce qu'il est difficile de s'y retrouver dans le système, ajoute Cora Morgan. Nous savons que 16 mères se sont enlevé la vie parce qu'elles ne pouvaient pas sortir leur enfant du système de protection de l'enfance. »
Les témoignages de l’Enquête nationale se termineront en octobre à Saint-Jean Terre-Neuve lors de l'audience finale qui portera sur l'exploitation sexuelle et la traite des personnes.