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Un salaire minimum à 15 $, mais pas à n'importe quel prix

Deux employés d'un café derrière un comptoir servent une cliente.

La copropriétaire du Nook Café, Lynsae Moon, se réjouit de cette mesure du gouvernement. « Si les gens ont plus d'argent à dépenser, ils vont le dépenser localement », dit-elle.

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Plus de 250 000 Albertains ont droit depuis lundi au salaire minimum de 15 $ de l'heure, mais la nouvelle mesure pourrait avoir des répercussions, notamment sur l'emploi et les prix dans certains commerces.

Un texte d'Axel Tardieu

« Notre politique de hausse du salaire minimum a déjà eu un gros impact sur la vie des travailleurs dans notre province », assure la ministre du Travail, Christina Gray, lors d'une conférence de presse au Nook Café, dans le centre-ville d'Edmonton.

Il s'agit de la troisième augmentation du genre sous le gouvernement de Rachel Notley. De 12,60 $ en 2016, il est passé à 13,60 $ en 2017, avant d'atteindre 15 $ de l'heure, le 1er octobre.

Ces augmentations successives représentent une hausse de 47 % en 4 ans. Celles-ci ont bénéficié à plus de 250 000 travailleurs gagnant jusque-là moins de 15 $ de l'heure, soit 1 travailleur albertain sur 10.

Pour 40 heures de travail hebdomadaire, cette hausse représente 2912 $ supplémentaires par an. « Chaque travailleur albertain mérite d'être payé de manière plus juste », a déclaré la ministre du Travail.

Une hausse des prix

La copropriétaire du Nook Café, Lynsae Moon, se réjouit de cette mesure du gouvernement. « Si les gens ont plus d'argent à dépenser, ils vont le dépenser localement », dit-elle. « On a ouvert notre établissement juste avant la hausse d'octobre dernier avec cinq employés et, depuis, on a presque doublé notre équipe. »

Une étiquette indiquant un prix dans la vitrine d'un café à Edmonton.
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Pour arriver à l'équilibre face à cette hausse des salaires, le Nook Café va devoir augmenter ses prix.

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

Ces augmentations imposent donc certains changements aux commerçants. « C'est sûr qu'on essaie de ne pas être en sureffectif », avoue Lynsae Moon. « Je travaille 60 heures par semaine, ma mère [travaille de] 12 à 15 heures par semaine, tout comme mon conjoint. »

Pour arriver à l'équilibre face à cette hausse des salaires, la responsable du Nook Café devra augmenter ses prix. « Entre 0,25 $ et 0,75 $, mais seulement sur certains produits. Ça ne devrait pas déranger les clients parce que c'est dérisoire, et nos produits sont si délicieux que les gens sont prêts à payer un peu plus », assure-t-elle.

Comme un cercle vicieux

Pour Dayna Canning, qui vient tous les vendredis acheter son café noir et un sandwich, cet effet sur les prix ne fera pas de différence, « tant que ça reste raisonnable ». Le système doit être revu, selon elle. « Le coût de la vie augmente aussi chaque fois, c'est comme un cercle vicieux », explique la jeune femme sur un ton désabusé.

Une cliente avec le comptoir du café en arrière-plan.
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Même si une baisse des prix ne dérange pas certains clients, la situation n'est pas idéale pour Dayna Canning.

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

Accompagnée de son père, Hunter McElear, celle qui étudie à l'université de McEwan voit la situation sous un meilleur angle. « Cette mesure va aider les gens à mieux vivre, ils ne vont pas juste travailler pour payer leurs factures », déclare la jeune femme de 19 ans, qui enseigne la natation à temps partiel.

« J'ai la chance de gagner un peu plus que le salaire minimum. Donc, ça ne me dérange pas de payer plus cher mon café si c'est pour permettre à d'autres personnes de gagner plus d'argent », conclut-elle.

Quelle conséquence sur l'emploi?

En février, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante avait sondé 1000 professionnels du secteur. Plus de la moitié d'entre eux prévoyait limiter le recrutement d'employés et diminuer l'embauche de jeunes travailleurs si le salaire minimum atteignait à 15 $.

C'est le cas de Cyrielles Koppert, le propriétaire de trois restaurants du centre-ville d'Edmonton, qui trouve cette mesure injuste. « Mes serveuses vont avoir moins d'heures de travail et vont subir plus de pression en salle puisqu'elles seront moins nombreuses », explique-t-il. Selon lui, personne n'en sortira gagnant.

Le chef du Parti albertain, Stephen Mandel, a exprimé son opposition à cette mesure gouvernementale dans un communiqué publié vendredi. « Plusieurs commerçants nous disent qu'ils vont concentrer leur recrutement sur les candidats expérimentés, plutôt que de donner une chance aux jeunes pour un premier emploi », a-t-il déclaré.

« Je demande au gouvernement provincial de maintenir le salaire minimum à 13,60 $ pour les moins de 17 ans et de créer un salaire à 14 $ pour ceux qui reçoivent des pourboires », a proposé M. Mandel.

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