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Envoi de photos à caractère sexuel : les ados trop peu sensibilisés

Une adolescente triste en regardant son téléphone

Les adolescents savent-ils vraiment comment utiliser les outils technologiques dans un contexte sexuel?

Photo : iStock / AntonioGuillem

Radio-Canada

Les histoires de photos et de textos à caractère sexuel rendus publics font régulièrement les manchettes. Pourtant, l'usage des technologies ne fait pas partie du programme gouvernemental d'éducation à la sexualité. Est-il tout de même abordé en classe? À quel point les adolescents sont-ils informés? Tour d'horizon.

Un texte de Camille Laventure

Le besoin face au désintérêt

Les jeunes de la génération Z (nés après 1999) ont grandi dans la technologie. Ils sont habitués aux applications de conversation et de rencontres ainsi qu’aux réseaux sociaux en tous genres, mais savent-ils comment bien les utiliser dans un contexte sexuel?

Claudine Samson, coordonnatrice du service d’ateliers à Tel-jeunes, affirme qu’il « est rare que ceux qui nous appellent parlent des technologies comme d’une problématique. Ça fait tellement partie d’eux que ce n’est pas un problème en soi. Ils nous appellent quand ils sont au pied du mur, quand ils ont reçu des menaces ou que des photos d’eux ont été rendues publiques. » Sur le site web de l’organisme, seulement 3,5 % du trafic se fait dans la section « Technos ».

De son côté, Isabelle Lepage est chargée de projets pour Sexualité et Influence$, une initiative mise sur pied par la Table Jeunesse Samuel-de-Champlain. Celle-ci offre des ateliers portant sur la sexualité aux jeunes de la Montérégie ainsi qu’à leurs parents. En 2015, le Service de police de l’agglomération de Longueuil commençait à entendre plus parler des problèmes liés à l’utilisation de la technologie. L’organisme a donc mis sur pied un atelier sur le sujet. « On voyait un réel besoin du côté du sextage et du partage d’images à caractère sexuel », affirme Mme Lepage.

À la lumière de cette réalité, les jeunes seraient donc plus ou moins bien informés sur le sujet. En effet, ils se retrouvent dans des situations critiques, sans issue évidente, qui justifient un appel à un intervenant ou à la police. Par contre, ils sont aussi plus ou moins intéressés par ce même sujet en comparaison avec d’autres thèmes.

Effectivement, selon Sarah Tessier, qui a été sexologue pendant sept ans dans une école secondaire de Terrebonne, les jeunes du secondaire vont préférer aborder d’autres sujets dans les rencontres en classe, par exemple les différentes formes d’amour, les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) ou la pornographie.

Quoi? C’est illégal?

L’envoi, la possession et la production de photos ou de vidéos de mineurs à caractère sexuel sont illégaux. Selon Mme Tessier, les adolescents l’ignorent, ce qui expliquerait en partie leur désintérêt en classe face à ce thème.

« L’envoi de photos [sexuellement explicites] est définitivement un problème, dit-elle. Il y a un manque de connaissance de la loi. [Les jeunes] ne pensent pas que c’est illégal et que c’est considéré comme du matériel pornographique juvénile. »

Même son de cloche du côté d’Isabelle Lepage. « Quand on mentionne [aux adolescents] qu’il peut y avoir des conséquences légales, on peut entendre une mouche voler, explique-t-elle. Ils ne sont pas conscients de cela. Parfois, des garçons et des filles viennent me voir parce qu’ils se rendent compte qu’ils ne peuvent pas faire ça, et ils ne savent plus quoi faire avec la patate chaude. »

En plus du cadre illégal entourant ces envois de photos ou de vidéos, Mme Tessier affirme que les jeunes ne pensent pas aux conséquences à long terme. « On ne sait jamais si la relation va bien se terminer, soutient Mme Tessier. Les ados comprennent quand on le leur explique, mais la mise en application est plus difficile. Ils se disent : "Moi, ça ne m’arrivera jamais". Je vois beaucoup de situations qui dérapent assez vite, merci, avec des jeunes qui font confiance trop rapidement. »

Prenons l’exemple d’une jeune fille qui a envoyé des photos explicites à son amoureux, mais qui décide quelques semaines plus tard de mettre fin à la relation. Le garçon, fâché contre la jeune fille parce qu’elle a rompu avec lui, partage les photos avec ses amis. Les clichés deviennent rapidement publics, et la situation dérape.

La prévention : quoi, et où?

Étant donné la nature omniprésente des technologies de communication, celles-ci sont nécessairement abordées à l’école dans les cours d’éducation à la sexualité à travers des thèmes comme la séduction, la pornographie ou les relations saines et sécuritaires.

Cependant, puisque le programme d’éducation à la sexualité du gouvernement du Québec n’inclut pas une section sur la technologie, la prévention et l’information sur ce sujet passent notamment par des ateliers commandés à l’externe, par exemple auprès d’initiatives communautaires ou encore d’organismes (comme Sexualité et Influence$ ou Tel-jeunes).

Selon Isabelle Lepage, étant donné le manque d’intérêt des jeunes pour un atelier entier portant sur les technologies, la prévention peut se faire de façon plus large, notamment en expliquant quelles sont les bases d’une relation saine, égalitaire et sécuritaire – et ce, qu’il y ait un média séparant les deux personnes ou non.

Une autre conséquence à laquelle les jeunes ne pensent pas toujours est l’intimidation qui peut être engendrée envers les filles ou les garçons dont les photos ont été rendues publiques. Sur cet aspect aussi, Mme Lepage mentionne l’importance de la sensibilisation contre l’intimidation au sens le plus large.

Des ressources pour les ados et leurs parents

  • Les organismes d’aide (comme Tel-jeunes ou Jeunesse, J’écoute)
  • Les sexologues, éducateurs ou infirmiers de l’école
  • Le site web lesexeetmoi.ca (créé par la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada)

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