Ambulance qui tarde à Saint-Quentin : une femme de 89 ans transportée à l’hôpital en voiture

Aline Cyr se porte mieux depuis l'épisode d'hypertension qui a mené à son évanouissement, la semaine dernière, dans la maison de retraite où elle réside.
Photo : Radio-Canada / Serge Bouchard
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Un autre cas d'ambulance lente à arriver a poussé les employés d'une résidence pour personnes âgées de Saint-Quentin, la semaine dernière, à transporter une résidente âgée de 89 à l'hôpital en voiture.
Aline Cyr jouait aux cartes lorsqu’elle a perdu connaissance. Une employée de son foyer, La Villa, a immédiatement composé le 911, explique Mélanie Daigneault, propriétaire de l'établissement.
La préposée est restée au téléphone une dizaine de minutes et on lui a dit que l’ambulance était dépêchée, raconte Mme Daigneault. Une dizaine de minutes plus tard, la préposée l’a rappelée, parce que l’ambulance n’était toujours pas arrivée et que la patiente n’était pas vraiment mieux
. Mme Daigneault affirme qu’elle a dit à la préposée de rappeler le service d’urgence.
Le paramédical lui a dit qu’il y avait encore de 40 à 45 minutes d’attente
, souligne Mélanie Daignault.

Mélanie Daigneault est propriétaire de La Villa où réside Aline Cyr.
Photo : Radio-Canada / Serge Bouchard
À ce moment, précise-t-elle, Aline Cyr avait repris connaissance, mais elle était faible, selon les préposées.
J’ai dit : "Pensez-vous [qu']à vous trois préposées, que vous êtes capables de l’embarquer d’une chaise dans ton char et de l’amener à l’urgence?" Elle a dit : "On va le faire." C’est là qu’elle a dit au paramédical qu’elle prenait la décision de l’amener, parce qu’elle n’était pas en état de rester 45 minutes comme ça
, rapporte Mélanie Daigneault.
Les employés ont donc pris l’initiative d’installer Aline Cyr dans le véhicule personnel de l’un d’entre eux et de la transporter eux-mêmes à l’hôpital, qui se trouvait à cinq minutes de distance.
À lire aussi :
- « Dépêchez-vous, on va la perdre! » : encore un cas d’ambulance qui tarde dans le Restigouche
- Ambulance NB ne prévoit pas apporter de changement à son service au Restigouche
- Mort d’une adolescente de Saint-Léonard : « Comme maman, je suis frustrée »
- Une heure après avoir fait le 911, ils amènent eux-mêmes une femme à l'hôpital
Aline Cyr s’est rétablie depuis les faits. Son évanouissement avait été causé par de l'hypertension.
Son fils, Bernard Cyr, n’est pas du tout impressionné par les délais d’intervention d’Ambulance Nouveau-Brunswick.
On a été vraiment déçus de la performance d’Ambulance Nouveau-Brunswick. C’est pas vrai qu’ils viennent dans 10-15 minutes, c’est complètement faux.

Le fils d'Aline Cyr, Bernard, est peu impressionné par la qualité des services d'Ambulance Nouveau-Brunswick dans la région.
Photo : Radio-Canada / Serge Bouchard
Bernard Cyr rapporte un autre incident du genre survenu à son père, Eudore Cyr, vers la fin de juillet. L’homme de 94 ans devait être transporté à l’hôpital.
J’ai finalement, après une heure, deux heures d’attente, été obligé de le transporter moi-même en [fauteuil roulant]. Pour monter la petite côte qui mène à l’hôpital, ce n’était pas évident
, lance Bernard Cyr.
Une question de sécurité publique, selon une intervenante
La situation est déplorable et inquiétante pour toute la communauté, selon Joanne Fortin, présidente du comité permanent de la santé de la ville de Saint-Quentin.
Je suis outrée par ce qui se passe avec les ambulances, affirme Joanne Fortin. Ce n’est pas juste moi, c’est toute la population qui est affectée. On dirait que c’est palpable, l’insécurité dans notre région. Surtout les personnes âgées qui ont été témoins de l’événement, il y en a plusieurs. Ces personnes-là sont vulnérables, et je crois qu’elles sont rendues au point où elles ont peur d’être malades. Je pense qu’à cette étape-ci, la Sécurité publique devrait s’en mêler, parce que le gouvernement ne bouge pas.
Le syndicat des ambulanciers propose des solutions
L’entreprise Medavie, qui gère Ambulance NB, ne fait aucun commentaire pour des raisons de respect de la vie privée des patients. Le syndicat des ambulanciers et répartiteurs, par contre, dit être désolé.
Je trouve ça vraiment désolant pour les gens de cette région, qui ont à payer le prix de ceci, d’un manque d’ambulances dans leur région, assez fréquemment
, affirme Steve Hébert, vice-président de la section 4848 du Syndicat canadien de la fonction publique.

Steve Hébert, ambulancier paramédical et représentant syndical.
Photo : Radio-Canada / Michel Nogue
Steve Hébert avance des pistes de solutions pour améliorer le service en milieu rural.
Logiquement, c’est simple. Arrêtez d’envoyer les unités dans des régions urbaines. Essayez d’implanter un système de transfert [de patients] détaché du système d’urgence. Là, ça aiderait beaucoup le système 911. Puis pour [le Restigouche], c’est tout simplement d’ajouter 16 heures de plus sur l’unité de Kedgwick pour que cette unité puisse être en fonction 24 heures
, explique M. Hébert.
Le SCFP a récemment fait une sortie dans le cadre de la campagne électorale pour rappeler que le service d’ambulance au Nouveau-Brunswick souffre d’une pénurie d’employés, d’un manque de reconnaissance et de conditions de travail stressantes.
Selon les normes établies au Nouveau-Brunswick en cas d'appel d’urgence, les temps de réponse d'Ambulance NB sont fixés à 9 minutes pour les zones urbaines et à 22 minutes pour les régions rurales, dans 90 % des cas.