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Tatouer dans les églises et les chauffer à la cryptomonnaie

L'église de Saint-Camille a été transformée en centre de congrès.

L'église de Saint-Camille a été transformée en centre de congrès.

Photo : Radio-Canada / Fanny Lachance-Paquette

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

C'est dans son église transformée en centre de congrès que le village de Saint-Camille tient cet automne un colloque portant sur le réinvestissement et la transformation des églises. En ce moment, pas moins de 562 églises du Québec sont en mutation, soit une sur cinq.

Un texte de Fanny Lachance-Paquette

Alors que certaines d’entre elles conserveront leur vocation de culte, la grande majorité de ces 562 églises seront transformées ou détruites. Depuis 2015, une trentaine d’églises ont changé de vocation chaque année.

Ils étaient une cinquantaine de personnes d'un peu partout au Québec à participer au colloque de Saint-Camille, des gens principalement intéressés par les changements de vocation de ces lieux. On retrouvait des experts du milieu, des promoteurs privés, des représentants des municipalités et des citoyens préoccupés par l'ampleur du défi.

Comme le souligne Andréanne Jalbert-Laramée, conseillère en patrimoine culturel pour le Conseil du patrimoine religieux du Québec, ce sont des projets longs et difficiles à réaliser puisqu’il faut « une mobilisation du milieu, des subventions et une expertise » pour démontrer, notamment, la valeur patrimoniale.

«  »

— Une citation de  Isabelle Lortie, agente de recherche pour le Conseil du patrimoine religieux du Québec

Le Conseil du patrimoine religieux du Québec dispose d’un budget annuel de 15 millions de dollars qu’il distribue par la suite à travers les projets soumis par les municipalités.

L’église pour rassembler la communauté

Le projet de Pierre-Philippe Côté, aussi connu sous son nom d’artiste Pilou, à Saint-Adrien, fait figure de proue pour les participants rassemblés au colloque. Ils sont nombreux à le questionner sur sa façon de procéder pour la transformation et sur les enjeux reliés à l’achat d’un tel édifice. L’église rebaptisée Projet 1606, a été achetée par le musicien l'année dernière et on y retrouve maintenant, entre autres, un studio de tatouage, une micro-boulangerie et une épicerie sans déchets.

Le projet 1606 a transformé l'église en lieu de rassemblement culturel pour la collectivité.
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Le projet 1606 a transformé l'église en lieu de rassemblement culturel pour la collectivité.

Photo : www.facebook.com/projet1606/

Ce studio de tatouage est installée dans l'ancienne église de saint-Adrien.
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Ce studio de tatouage est installé dans l'ancienne église de Saint-Adrien.

Photo : www.facebook.com/projet1606/

D’autres municipalités souhaitent aussi préserver le caractère communautaire des églises. Par exemple à Martinville, petit village de 470 habitants de l’Estrie, le conseil municipal a de nombreuses idées pour faire profiter les résidents des lieux. On aimerait y construire un espace pour les aînés, une salle communautaire, un gymnase pour les élèves de l’école, une salle de projection et un espace de jeu intérieur pour les enfants. Pour élargir la portée du projet et pour augmenter les chances de financement, la municipalité songe aussi à créer un aménagement extérieur qui permettra aux passants d’admirer les bernaches qui se posent dans le bassin avoisinant. Bref, une tonne d’idées que les élus présenteront sous peu aux résidents pour s’assurer de l’acceptabilité sociale du projet.

L'église de Martinville, en Estrie, pourrait bientôt changer de vocation.
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L'église de Martinville, en Estrie, pourrait bientôt changer de vocation.

Photo : Courtoisie Patricia Gardner

Le problème du chauffage

Pour bien des promoteurs, le chauffage est un enjeu important lors de l’acquisition des églises. Les bâtiments sont grands et les systèmes de chauffage n’ont pas été revus depuis de nombreuses années. Isabelle Lortie du Conseil du patrimoine religieux du Québec le souligne bien « on ne viendra pas travailler avec nos manteaux, alors qu’avant on pouvait venir à la messe avec nos manteaux et ce n’était pas grave ».

Pour surmonter le problème, certains propriétaires ont su faire preuve de créativité. Pierre-Philippe Côté a mis en plein centre de l'église de Saint-Adrien une dizaine de serveurs de cryptomonnaie pour chauffer son égliser. La chaleur que dégagent ces serveurs lui a permis de conserver l’église à 15 degrés tout au long de l’hiver.

Les municipalités veulent prévenir

Alors que certaines églises sont achetées par des promoteurs privés ou des groupes de citoyens, d’autres lieux désertés se retrouvent sous la responsabilité des municipalités. À la Ville de Victoriaville, on voit venir le problème de fermeture massive des églises sur le territoire dans les années à venir. La Ville tente donc d’accompagner les paroisses et de les aider à se diversifier, notamment en louant des locaux dans les églises. Une façon, en quelque sorte, de repousser une éventuelle fermeture.

«  »

— Une citation de  Mélanie Pinard, conseillère en architecture et patrimoine à la Ville de Victoriaville.

Mélanie Pinard de la Ville de Victoriaville n’en est pas à sa première transformation d’église. Elle l’a fait à deux reprises alors qu’elle travaillait pour la municipalité d’Asbestos. Selon son expérience, il faut de cinq à huit années pour transformer une église lorsque le projet est pris en charge par une municipalité.

L'église Saint-Aimé d'Asbestos a été convertie en bibliothèque.
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L'église Saint-Aimé d'Asbestos a été convertie en bibliothèque.

Photo : http://www.mrcdessources.com

Est-ce que toutes les églises du Québec pourront être sauvées? Les représentantes du Conseil du patrimoine religieux du Québec présentes au colloque sont lucides : « Non. On va en perdre quelques-unes c’est certain ». Cependant, elles sont convaincues que tous les projets ont du potentiel, à condition que les citoyens désirent sauvegarder leurs églises.

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