Équiterre se défend de faire de la publicité partisane

Pour sa conférence de presse, le directeur général d'Équiterre était accompagné de Karel Mayrand, directeur général pour le Québec et l’Atlantique de la Fondation David Suzuki, et de Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace Canada.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'organisme environnemental Équiterre ne s'explique pas pourquoi le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) a subitement décidé de tenter de le « museler » en l'accusant de contrevenir à la Loi électorale.
Un texte de Ximena Sampson
Équiterre dit avoir reçu lundi une lettre du DGEQ le sommant de retirer de son site web un comparatif des positions environnementales des principales formations politiques en lice pour les élections du 1er octobre.
Ces dernières ont répondu à un questionnaire portant sur 23 priorités environnementales définies par une coalition de groupes environnementaux et de citoyens et Équiterre a compilé les résultats. Radio-Canada avait dévoilé ces résultats le 11 septembre.
Selon ce que rapporte Équiterre, le DGEQ, qui menace d’imposer à l’organisme une amende de 10 000 $ à 50 000 $ si l’information n’est pas retirée, soutient qu’il s’agit d’une dépense électorale non autorisée.
C’est faux, a soutenu en conférence de presse Sidney Ribaux, directeur général et cofondateur d’Équiterre, qui a dénoncé la « tentative du DGEQ de museler les groupes environnementaux ».
Nous n’avons nullement l’intention de soutenir ou de défavoriser un parti par cette démarche.
« D'aucune façon on n’a incité dans nos communications les électeurs à voter pour un parti ou un autre », a expliqué Sidney Ribaux. Il a ajouté que le comparatif ne donnait pas de note aux partis, se limitant à retranscrire leurs réponses au questionnaire.
« De la censure »
« Cet avis est rien de moins que de la censure », a poursuivi M. Ribaux. « C’est une interprétation abusive et exagérée de la loi. »
L’organisme soutient qu’il publie ce genre de compilation à chaque élection provinciale et fédérale depuis des années et n’a jamais eu le moindre ennui.
Pourquoi, se demande-t-il, alors que la loi n’a pas changé, le DGEQ décide-t-il tout à coup que cette façon de faire ne passe plus?
« Nous, on considère que c’est un geste non partisan qui fait partie du débat nécessaire », a soutenu M. Ribaux en entrevue à ICI RDI, insistant sur le fait que les électeurs ont le droit d'avoir accès à cette information.
L’organisme n’a pas l’intention de retirer l’information de son site web, malgré l'amende qui lui pend au bout du nez, et envisage de se défendre juridiquement, si c’est nécessaire.

Sidney Ribaux, co-fondateur d'Équiterre.
Photo : Radio-Canada
Se plier à la demande du DGEQ ne serait, d’ailleurs, pas sans conséquence, croit le directeur général d'Équiterre, notamment pour d'autres mouvements sociaux qui publient, eux aussi, ce genre de compilation pour des enjeux différents.
« En laissant au DGEQ libre cours pour interpréter ainsi la loi, il risque d’y avoir des effets pervers pour d’autres organismes », a conclu M. Ribaux. « Qui plus est, se conformer à cette directive pourrait créer un dangereux précédent pour les prochaines élections. »
Il rappelle d'ailleurs que les quatre partis se sont pliés de bon gré à l'exercice, indispensable pour que les électeurs puissent faire un choix éclairé sur cet enjeu.
Le DGEQ s'en tient à la loi
« La loi électorale a prévu des règles afin d’assurer l’équité entre les candidats et candidates », a simplement rappelé le directeur général des élections, Pierre Reid, en entrevue à l'émission Le 15-18 en fin d'après-midi mercredi.
M. Reid s'est borné à citer et paraphraser la loi électorale. « Je ne sais pas quelle sera la suite dans ce dossier, donc je ne veux absolument pas me prononcer sur ce cas en particulier », a-t-il spécifié.
Comme Équiterre ne s'est pas plié à la directive du DGEQ, ce dernier « pourrait initier une enquête, laquelle pourrait conduire à l'émission de constats d'infraction », selon ce qui est écrit dans sa lettre envoyée à l'organisme le 14 septembre.