ArchivesInsite, premier centre d’injection supervisée à Vancouver

En 2003, le premier centre d'injection supervisée ouvre ses portes à Vancouver.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le 15 septembre 2003, la Ville de Vancouver ouvrait en première nord-américaine Insite, un centre d'injection supervisée pour les toxicomanes. Nos journalistes ont couvert l'événement et les combats que le centre a dû mener pour assurer son existence.
Les gars, on a réussi, on a réussi!
Un espoir dans le centre-ville de Vancouver
Le 15 septembre 2003, Dean Wilson, un ancien toxicomane, est pratiquement en extase.
La Ville de Vancouver vient de finaliser un projet très audacieux. Les autorités municipales inaugurent Insite, un centre d’injection supervisée, une « piquerie » dans le langage populaire.
Le programme s'installe rue Hastings, dans le Downtown Eastside, un des quartiers les plus difficiles du Canada, voire d’Amérique du Nord.

Le journaliste Jacques Rivard présente l’événement le 15 septembre 2003 dans un reportage au Téléjournal/Le Point qu’anime Gilles Gougeon.
Le journaliste explique que le gouvernement fédéral a accepté une exception dans le Code criminel canadien. La dérogation donne le feu vert à la ville de Vancouver pour créer Insite.
Ce qui rend Dean Wilson heureux, c’est que les toxicomanes de Vancouver vont quitter les ruelles sombres et dangereuses du quartier de Downtown Eastside.
Insite, comme l’indique son nom en anglais, permet de s’injecter des drogues dans un centre encadré.
Dans ce lieu, les toxicomanes ont accès à du personnel et à des soins médicaux ainsi qu'à des seringues propres.
Confrontation avec Ottawa
En janvier 2006, le Parti conservateur de Stephen Harper prend le pouvoir à Ottawa.
Le gouvernement Harper rapidement annonce qu’il ne renouvellera pas l’exception dans le Code criminel canadien acceptée par le gouvernement précédent.
Cette décision a pour conséquence qu’Insite devra fermer ses portes.
Les partisans du centre d’injection supervisée et le gouvernement fédéral s’affrontent jusqu’en Cour suprême de Colombie-Britannique.

Or, le 28 mai 2008, le journaliste Dominique Panebianco et l’animatrice de l’émission Le National, Geneviève Asselin, nous apprennent la défaite du gouvernement fédéral dans ce dossier.
La Cour suprême de Colombie-Britannique tranche en effet pour le maintien de l’ouverture d’Insite.
Le juge Pitfield, qui a rédigé la décision, précise sa pensée. Il soutient que les toxicomanes doivent avoir accès à des soins de santé spécialisés comme ceux qui sont offerts aux alcooliques et aux fumeurs.
Dans ce contexte, le raisonnement de la Cour est sans équivoque : fermer le centre d’injection supervisée équivaut à violer la Charte canadienne des droits et libertés incluse dans la Constitution du Canada.
La Cour suprême de la Colombie-Britannique ordonne également au gouvernement fédéral de modifier la Loi sur les stupéfiants pour respecter la Constitution canadienne.
Le gouvernement Harper conteste le jugement et l’amène en Cour suprême du Canada pour tenter de le faire invalider.
Victoire finale
Le 30 septembre 2011, Dean Wilson lève une nouvelle fois les bras en signe de victoire.
La Cour suprême du Canada confirme le jugement de la Cour suprême de la Colombie-Britannique.
Dans une décision unanime, la Cour suprême du Canada qualifie de contraire à la loi et d’arbitraire la décision du ministre fédéral de la Santé de ne pas reconnaître la légitimité d'Insite. La position du gouvernement conservateur va à l’encontre des objectifs de la loi qui préconise la protection de la santé et de la sécurité publiques.
À lire aussi :

Le journaliste Frédéric Arnould présente au Téléjournal du 30 septembre 2011, animé par Pascale Nadeau, les détails et les réactions au jugement.
Dean Wilson rappelle que, sans l’existence d’Insite, 72 toxicomanes auraient perdu la vie.
La Régie de la santé de la région de Vancouver calcule que, depuis son ouverture, Insite a vu défiler entre ses murs plus de 3,6 millions de personnes qui y sont allées pour s’injecter de la drogue.
Les infirmières sont intervenues auprès de plus de 6000 victimes de surdoses. Personne n’est mort à Insite.
Des centres d’injection supervisée existent maintenant notamment à Edmonton, à Toronto, à Ottawa, à Montréal à Québec.