Maxime Bernier fonde le Parti populaire du Canada

Maxime Bernier, fondateur du Parti populaire.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le parti politique qu'a décidé de fonder le député de Beauce et ancien conservateur Maxime Bernier s'appellera le Parti populaire du Canada (PPC).
Un texte d'Isabelle Maltais
En conférence de presse vendredi matin, M. Bernier a indiqué que ce nouveau parti allait donner « la priorité aux Canadiens ordinaires » et « remettre le pouvoir entre les mains des citoyens ».
Il a critiqué la façon de faire des « anciens partis », libéral, néo-démocrate, mais aussi conservateur, qui « tentent d’attirer des votes […] en faisant du racolage pour cibler divers groupes et en divisant les Canadiens en petites tribus avec des promesses et des privilèges ».
Personne ne parle au nom de tous les Canadiens.
Les conservateurs disent maintenir le cap
Au Parti conservateur du Canada (PCC), on ne donne pas l’impression d’être inquiet. « On va continuer notre plan de match avec Andrew Scheer, avec les victoires qu’on a connues au Québec, comme celle de Chicoutimi. On va continuer dans cette lancée-là », a indiqué Gérard Deltell, député de Louis-Saint-Laurent, faisant allusion à la victoire du conservateur Richard Martel lors de l'élection partielle du 18 juin dernier dans la circonscription de Chicoutimi–Le Fjord.
Les appuis au Québec se multiplient […] On est la véritable alternative, sérieuse, réaliste, responsable à M. Trudeau.
État minceur et libre entreprise
Maxime Bernier dit vouloir promouvoir la liberté et la responsabilité individuelles en diminuant la taille de l’État afin que les gens puissent « se prendre en mains ».
Il indique que le PPC a déjà des politiques sérieuses et très détaillées, notamment en économie, qui sont en fait basées sur la plateforme qu'il avait présentée lors de la course au leadership du Parti conservateur en 2017. Maxime Bernier avait perdu cette course de justesse, Andrew Scheer ayant obtenu 50,95 % au treizième tour.
Rappelant son opposition au système agricole de la gestion de l’offre, Maxime Bernier dit vouloir s’en prendre aux « taxes, programmes et règlements qui protègent les industries de la concurrence, créent des obstacles au commerce et obligent les consommateurs à payer plus pour des biens et des services ».
Il compte également abolir toutes les subventions aux entreprises afin d'utiliser la marge de manoeuvre ainsi obtenue pour baisser l'impôt que ces dernières paient au gouvernement.
Se faisant l’apôtre des « solutions de rechange privées », le chef du PPC compte aussi abolir les « services gouvernementaux inefficaces » et la péréquation, « qui distribuent injustement la richesse de certaines provinces à d’autres et laissent les provinces pauvres dans la pauvreté ».
Bernier veut débattre d'immigration
Quant à la politique sur l'immigration du PPC, elle se fondera « sur les besoins économiques du Canada » et visera une très bonne intégration des nouveaux venus, dit-il.
Affirmant sans hésitation qu'il désire limiter le nombre d'immigrants qui entreront chaque année au pays, M. Bernier affirme que ce débat doit avoir lieu parmi les Canadiens. Selon lui, 49 % de ceux-ci considèrent que trop d'immigrants sont admis au pays.
« On devrait revenir à la moyenne des cinq dernières années sous le gouvernement Harper », propose-t-il.
Il se défend toutefois de promouvoir l'intolérance. Il dit simplement vouloir favoriser « les valeurs de la société occidentale ».
Les gens qui ne partagent pas nos valeurs ne sont pas bienvenus dans notre parti. Les gens qui sont antisémites, qui veulent éliminer l’immigration.
Maxime Bernier ne refuse toutefois pas l'étiquette de « populiste intelligent », qui définit selon lui un politicien qui fonde ses politiques sur des principes et qui les appuie par « des réformes sérieuses et nécessaires ». Le député se différencie ainsi des simples populistes « qui exploitent les extrêmes de la société ».
M. Bernier pense pouvoir attirer les gens désabusés par les politiciens traditionnels « qui disent une chose un jour et le contraire le lendemain ». Il prétend proposer une option aux 30 % de Canadiens qui ne votent pas, aux « libéraux déçus des déficits du gouvernement Trudeau » et aussi aux « socialistes qui veulent avoir des politiques qui vont aider les plus pauvres de la société ». Selon lui, l'abolition du « cartel » de la gestion de l’offre, « qui est une taxe régressive sur les pauvres », devrait notamment satisfaire cette dernière catégorie.
Nous faisons de la politique de façon authentique et nous avons le courage de nos convictions.
Par ailleurs, il considère que la meilleure façon de ne pas diviser le vote conservateur est de se joindre à son parti.
Maxime Bernier dit déjà avoir de nombreux appuis à travers le Canada, dont ceux de 2000 à 2500 donateurs qui lui ont permis de recueillir 140 000 $.
Le PPC vise à présenter des candidats dans toutes les circonscriptions du pays aux élections générales de 2019.
Départ du Parti conservateur fin août
Le 23 août dernier, Maxime Bernier a annoncé qu’il quittait le Parti conservateur et qu’il avait l’intention de mettre sur pied un « véritable parti conservateur ».
Il se disait en désaccord avec les positions de son ancien parti, notamment dans les dossiers de la gestion de l’offre, de la renégociation de l’ALENA, de l’immigration et de la péréquation.
Quelques jours plus tôt, il avait publié une série de tweets dans lesquels il avait fait part de ses positions sur l’immigration et le multiculturalisme, positions dont le Parti conservateur s’était dissocié.
Le torchon brûlait depuis juin entre le député beauceron et son parti, et depuis que le chef conservateur, Andrew Sheer, a exclu M. Bernier de son cabinet fantôme.
Cette expulsion a fait suite à la publication sur Internet, par Maxime Bernier, d’extraits d’un livre qu’il a écrit, mais qu’il avait promis de ne pas publier, compte tenu de la controverse que le document avait suscitée au sein du caucus conservateur.
Dans l’extrait publié sur le web, M. Bernier alléguait que, lors de la course à la direction du parti, en mai 2017, Andrew Scheer avait recruté de « faux conservateurs » qui lui avaient permis de remporter la direction du parti. Il faisait référence aux nombreux agriculteurs qui avaient voulu faire obstacle à sa candidature en raison de son opposition au système de gestion de l'offre concernant les produits laitiers, les œufs et la volaille.