Dans Gouin, une bataille électorale entre jeunes
La microbrasserie Ma brasserie, très populaire auprès des jeunes familles de Gouin
Photo : Radio-Canada / Michel Labrecque
Dans la circonscription de Gouin, à Montréal, tous les candidats, dont le député sortant, Gabriel Nadeau-Dubois, sont jeunes. Intéressant laboratoire politique pour comprendre leurs motivations.
Un texte de Michel Labrecque, à Désautels le dimanche
La circonscription de Gouin est une succession de villages urbains : parc Molson, La Petite-Patrie et la Petite-Italie. Des quartiers où beaucoup de jeunes familles s’installent. Et où on trouve beaucoup de vélos, de verdure et de poussettes. Une république de bébés et de microbrasseries.
« Des quartiers dynamiques, qui symbolisent le Montréal d’aujourd’hui, ouvert sur le monde », dit une jeune électrice.
Gouin a aussi le cœur à gauche : le Nouveau Parti démocratique au fédéral, Projet Montréal au municipal, et Québec solidaire au provincial depuis 2012.
Le député
Gabriel Nadeau-Dubois, 28 ans, député sortant, est comme un poisson dans l’eau dans cet environnement. Quand il fait campagne à une station de métro, les gens font la queue pour lui serrer la main et prendre des autoportraits.
« Ma vie a beaucoup changé », avoue l’ancien dirigeant de la grève étudiante de 2012, devenu co-porte-parole national de Québec solidaire (QS). Il a même quelques cheveux blancs.
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Québec solidaire espère rejoindre la jeunesse en faisant de l’environnement sa priorité absolue. Il présente aussi beaucoup de candidats jeunes et issus de la diversité.
Mais les 18-34 ans ne sont pas faciles à cerner politiquement. Certains sondages montrent que ce sont les libéraux qui recueillent le plus de votes dans cette génération. Des commentateurs parlent de « génération désillusionnée ».
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Le reportage de Michel Labrecque a été diffusé le 9 septembre à l'émission Désautels le dimanche.
La cadette
Ariane Lebel doit jongler entre son horaire d’études et celui de la campagne électorale. La cégépienne de 19 ans a décidé de faire le saut en politique « pour montrer que c’est possible ».
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Ariane Lebel a rejoint la Coalition avenir Québec (CAQ) il y a un peu plus d’un an, après qu’un ami l’a invitée dans un rassemblement. Elle s’est impliquée dans l’aile jeunesse. Et puis on lui a demandé si elle voulait être candidate.
« C’est l’éducation qui m’a emmenée à la CAQ », dit Ariane Lebel. Car elle veut devenir enseignante, à moins qu’elle ne devienne députée. « L’environnement aussi c’est important. C’est un enjeu de notre génération », ajoute-t-elle.
Ariane Lebel suscite la curiosité des électeurs, étonnés de voir une candidate aussi jeune. Elle sait que ses chances d’être élue dans cette circonscription sont faibles, mais elle croit que l’expérience la « fera grandir ».
Le vétéran
Le « vieux » de cette bataille électorale, c’est Olivier Gignac, du Parti québécois. Il a 33 ans. « C’est difficile à croire, mais je trouve ça beau », s’exclame le doyen. « C’est exigeant et émotif, l’implication politique. C’est bien qu’il y ait autant de jeunes ».
Le détonateur de son implication en politique a été le printemps érable de 2012. Il s’est demandé pendant un moment s’il était plutôt Québec solidaire ou Parti québécois. « J’ai des amis des deux côtés ». Finalement, c’est un de ses professeurs à l’École nationale d’administration publique, l’ex-ministre péquiste Rémi Trudel, qui l’a convaincu de s’engager pour le Parti québécois.
Il défend la plateforme du PQ, croit en la social-démocratie, mais admet que l’enjeu de la souveraineté n’est pas « dans l’air ambiant » et que le débat sur la charte des valeurs « a stigmatisé » des gens, notamment chez les jeunes.
Et sa génération peut-elle faire de la politique autrement?
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L’avocate
Alessandra Lubrina a 27 ans. Elle est avocate en droit familial. Son implication en politique est un prolongement de son travail. « Défendre des gens vulnérables est quelque chose qui me tient à cœur », explique-t-elle.
Fille d’immigrants français et italien, elle croit que l’immigration est une richesse pour le Québec et que les nouveaux arrivants ont le devoir de redonner à la société qui les a accueillis.
Mais pourquoi choisir le Parti libéral du Québec (PLQ), une formation que certains associent à la « vieille politique »?
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Et quand vient le temps de discuter des enjeux locaux, Alessandra Lubrina parle des mêmes priorités que ses adversaires : embourgeoisement, transport, éducation. Mais chaque parti a des solutions différentes.
La candidate verte
Alice Sécheresse a 20 ans. Un nom prédestiné pour s'intéresser à l’écologie. Étudiante à l’Université McGill en développement international, elle est aussi présidente de Greenpeace McGill.
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Dans Gouin, elles sont au moins trois jeunes femmes à tenter leur chance. Et il y en a beaucoup d’autres actives dans l’organisation des cinq candidats.
Chose certaine, tous les candidats s’entendent sur l’importance de l’environnement. « Il n’y a qu’à se promener dans Gouin pour voir les jardins, les gens qui compostent, les fleurs; c’est une circonscription verte », ajoute Alice Sécheresse. Elle espère faire mieux que les 4,5 % qu’a obtenus le chef, Alex Tyrell, dans l’élection partielle de 2017, remportée par Gabriel Nadeau-Dubois.
Gouin est une « bulle » de progressisme urbain, qui a des valeurs probablement différentes de l’ensemble du Québec, c’est un microcosme intéressant pour disséquer les valeurs et l’implication des jeunes.
Le 19 septembre, il y aura un débat qui permettra aux électeurs de voir si cette jeunesse peut débattre différemment de ses aînés.