Des groupes réclament une commission sur la santé mentale des jeunes

Il faut souvent beaucoup de temps pour que les nouveaux médicaments soient couverts par les assureurs publics au Canada.
Photo : Getty Images / Darwin Brandis
Les problèmes de santé mentale des jeunes sont de plus en plus préoccupants. Depuis quatre ans, les prescriptions d'antidépresseurs ont augmenté de 50 % chez les moins de 20 ans. Le Mouvement Jeunes et santé mentale demande aux partis politiques de créer une commission sur le sujet, pour aborder notamment le problème de la surmédication.
Un texte de Michel Marsolais
Ceux qui militent au sein de ce mouvement souhaiteraient que d'autres formes d'aide s'ajoutent à la médication.
C'est le cas de Leslie Woodlock. Depuis l'âge de 14 ans, il a pris son lot de médicaments et de substances pour affronter ses démons.
« Diagnostic Tourette, TDAH en même temps, anxiété, troubles obsessifs compulsifs, toutes ces affaires-là. La toxicomanie est venue après… », énumère-t-il.
« C'est comme la banalisation de la médication. Prends tes pilules! Ça a peut-être un peu scrapé ma vie », pense le jeune homme.
Émilie Proteau-Dupont aurait aussi aimé plus de soutien et moins de pilules lorsqu'elle a touché le fond du baril.
« La réponse sociale serait plus appropriée que la réponse médicamentée. J'ai été itinérante, j'ai souffert de viols dans la rue et les réponses ont été médicamentée, ce qui m'a causé plus de tort que de bien », estime-t-elle.
Plus de 250 organisations regroupées autour du Mouvement Jeunes et santé mentale réclament une commission sur le sujet. Parmi ces groupes on compte notamment l’Association des travailleurs et travailleuses de rues du Québec et l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes familiaux et conjugaux. Ces groupes estiment qu'on parle beaucoup de chimie du cerveau et pas assez des facteurs sociaux qui peuvent perturber les jeunes.
« Ce qu'on peut espérer de ça, c'est d'amener la situation sur la place publique avec un nouvel éclairage. On parle souvent de santé mentale, de maladie mentale et le discours ambiant est très biomédical », dit Anne-Marie Boucher du Regroupement des ressources alternatives en santé mentale.
Jean-Claude St-Onge, auteur de Tous fous? L'influence de l'industrie pharmaceutique sur la psychiatrie et TDAH: pour en finir avec le dopage des enfants, est aussi de cet avis.
« Le modèle biomédical dit que les problèmes de détresse psychologique qui affectent le comportement sont le résultat d'un cerveau défectueux. Et on ne tient pas du tout compte des conditions de vie dans lesquelles nos jeunes se trouvent. Loin de rééquilibrer les neurotransmetteurs, ce que les psychotropes font c'est qu'ils les perturbent. », assure-t-il.
Il ne s'agit toutefois pas d'éliminer les médicaments pertinents, mais de leur donner une juste place.
Les partis politiques en campagne ont déjà été approchés sur l'idée de tenir une commission. Pour l'instant, aucun ne s'y est engagé.