La CAQ entend abaisser le seuil d'immigration à 40 000 dès 2019

Des 250 travailleurs qui oeuvrent pour Les Serres Lefort, où François Legault a tenu un point de presse mercredi après-midi, 170 sont des immigrants temporaires.
Photo : Radio-Canada / Mathieu Potvin
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'engagement de la Coalition avenir Québec (CAQ) d'abaisser le seuil d'immigration de 50 000 à 40 000 serait mis en oeuvre dès 2019, a confirmé son chef François Legault.
Un texte de Joëlle Girard
« On n'avait jamais pris position de façon claire [sur le moment où serait implantée la mesure]. Mais je vous l'annonce aujourd'hui : en 2019, le seuil va être réduit à 40 000 », a officialisé François Legault lors d'une mêlée de presse mercredi, en fin d'après-midi.
Plus tôt dans la journée, la candidate caquiste dans Huntingdon, Claire Isabelle, qui accompagnait son chef à Sainte-Clotilde-de-Châteauguay pour une annonce sur les productions maraîchères du Québec, s'était fait questionner sur l'impact que pourrait avoir la baisse du taux d'immigration sur les producteurs maraîchers.
Mme Isabelle a laissé entendre que cette mesure serait vraisemblablement mise en place graduellement au cours d'un premier mandat.
« On ne va probablement pas baisser à 40 000 la première année où on va être au pouvoir. On va probablement baisser graduellement », a-t-elle répondu, en faisant valoir que la CAQ cherchera par cette mesure à « faciliter » l'intégration de ceux qui sont admis.
À la suite de cette déclaration, le parti a dû préciser son échéancier. Les responsables des communications de la CAQ ont indiqué que la mesure serait bel et bien mise en place rapidement, soit dès 2019.
Actuellement, c'est un échec, l'immigration avec les libéraux : 26 % des nouveaux arrivants quittent le Québec. Ça veut dire qu'on en perd 13 000 sur 50 000. Et dans les cinq premières années, ceux qui restent ont un taux de chômage de 15 %.
« On va mieux les choisir en fonction des besoins du marché du travail dans toutes les régions du Québec », a indiqué M. Legault, tout en spécifiant que les immigrants temporaires, comme les travailleurs des Serres Lefort, ne seront pas touchés par cette mesure.
Pourparlers nécessaires avec le fédéral
Le chef caquiste espère pouvoir négocier avec Ottawa, l'immigration étant de compétence fédérale, afin de pouvoir réduire proportionnellement le nombre de nouveaux arrivants au Québec, toutes catégories confondues, que ce soit l'immigration économique, la réunification familiale ou l'accueil de réfugiés.
« Idéalement, ce serait proportionnel : 20 % dans chaque catégorie. Mais le Québec a compétence seulement dans l'immigration économique, donc ça suppose d'avoir un résultat de négociation avec Ottawa », a affirmé François Legault.
En 2017, la province a admis 52 388 nouveaux arrivants, selon les données fournies par le ministère de l'Immigration du Québec. La réduction à 40 000 du nombre d'immigrants admis annuellement représenterait donc une baisse de 24 % par rapport à 2017.

François Legault a clarifié sa mesure sur la réduction du seuil annuel d'immigrants admis au Québec annuellement lors d'une mêlée de presse mercredi en fin d'après-midi.
Photo : Radio-Canada / Mathieu Potvin
Interrogé sur la possibilité de se heurter à des portes closes à Ottawa, François Legault s'est montré confiant.
« Disons que la grande majorité des Québécois sont d'accord pour réduire le nombre d'immigrants, disons que la grande majorité des Québécois sont d'accord pour exiger un test de français, disons que beaucoup de Québécois votent pour la CAQ le 1er octobre, M. Trudeau va être obligé d'en tenir compte. »
En prendre moins, mais en prendre soin, dit Legault
M. Legault est souvent attaqué par le chef libéral Philippe Couillard au sujet du seuil d'immigration, que la CAQ dit vouloir réduire depuis plus de deux ans.
Selon M. Couillard, François Legault a tort de vouloir accueillir 10 000 immigrants de moins qu'à l'heure actuelle, en raison de la pénurie de main-d'oeuvre qui sévit dans la province. Il affirme que cette mesure est « antiéconomique ».
Erreur massive. Pour cette seule raison, parce qu'il y en a d'autres, la CAQ ne devrait pas être autorisée par la population à former le gouvernement.
M. Legault argue plutôt que l'immigration n'est pas la seule solution à cette pénurie. Il propose de mieux intégrer les immigrants, notamment en les francisant plus efficacement, afin qu'ils cessent de quitter la province.
« Est-ce qu'on n'est pas mieux d'en prendre moins et d'en prendre soin? » demande-t-il.
« L'année passée, quand on prend les 50 000 qui sont arrivés, il y en a 59 % qui ne parlaient pas français et la majorité des adultes ne vont jamais suivre de cours de français », a-t-il plaidé.
La grande erreur des libéraux, ç'a été d'augmenter le seuil d'immigrants admis de 40 000 à 50 000 chaque année, et ce, sans augmenter les budgets de francisation et les budgets d'intégration, a ajouté M. Legault.
Entre 2010 et 2013, seulement le tiers des nouveaux arrivants auxquels est destiné le processus de francisation se sont inscrits aux cours offerts par le ministère de l'Immigration, selon un rapport sur la francisation des immigrants publié en novembre 2017 par la vérificatrice générale du Québec.
En outre, ce rapport estime que plus de 90 % de ceux qui terminent le cours sont incapables de fonctionner au quotidien en français.