Des jeunes veulent redynamiser la MRC des Basques

Sébastien Rioux a créé un blog touristique qui fait la promotion des attraits des Basques pour lequel il produit de nombreuses vidéos.
Photo : Radio-Canada
La MRC des Basques, dans le Bas-Saint-Laurent, est parmi celles dont la population vieillit le plus rapidement au Québec. Pourtant, sur le terrain, nombreux sont ceux qui sentent un tout nouveau dynamisme porté par des jeunes.
La MRC des Basques comptait 16 000 habitants dans les années 1960. On y retrouve maintenant moins de 9000 résidents.
Cette baisse de population a eu des impacts économiques et sociaux importants.
Certains jeunes, comme Sébastien Rioux, choisissent quand même de s’établir dans les Basques pour tenter de renverser cette tendance. Il a créé un blog touristique qui fait la promotion des attraits de la région.
Pour moi, un touriste potentiel, c'est aussi un résident potentiel, lance d’emblée Sébastien Rioux. Donc je m'efforce de travailler pour montrer que c'est beau, chez nous. Qu'il se passe des choses. Il y a beaucoup de gens qui s'impliquent et je pense que c'est important de le montrer.
Une région coup de cœur
Karine Vincent est une autre représentante de cette tendance. Il y a deux ans, cette native de Saint-Clément qui a vécu pendant bien des années à Montréal est revenue s’installer dans les Basques, à Trois-Pistoles.
Elle y a cofondé L'œil de la tempête, un organisme de diffusion musicale.
C'est un organisme à but non lucratif, précise Karine Vincent. On est six personnes sur le CA... On ne fait pas dix spectacles pour l'instant : on se limite à entre quatre et six par année. On essaie de trouver des lieux intéressants, de dynamiser la région en dehors de la saison estivale.
L'entrepreneuriat
Mais qui dit vitalité dit d’abord création d’emplois. Ce qu’a bien compris la jeune entrepreneure Julie Sylvain.
Son jeune commerce, Chaga du Bas, a le vent dans les voiles.
Elle se spécialise dans la production et la commercialisation de produits dérivés du chaga, un champignon aux propriétés médicinales reconnues par Santé Canada.
Lancée en mai 2017, la nouvelle entreprise peine déjà à répondre à la demande.
On va engager une nouvelle personne, cet automne, souligne Julie Sylvain. À venir, oui, peut-être monter jusqu'à cinq personnes. On va rester une petite entreprise. Notre objectif, c'est sûr que c'est de faire travailler des gens, mais aussi de faire rayonner la région.
Avec sa partenaire d'affaire Suzanne, elle a même récemment fait l'acquisition d'un terrain pour y installer sa production.
Je suis originaire de Québec, indique Julie Sylvain. J'ai vraiment choisi cette région-là. J'ai un coup de cœur, je suis en amour, je suis fière. Mon sentiment d'appartenance est très fort envers les Basques malgré le fait que, oui, je suis consciente qu'il y a une baisse de la natalité et que la population est vieillissante.
Renverser la tendance démographique
Les histoires de Karine Vincent, Julie Sylvain et Sébastien Rioux font statistiquement exception à la règle.
Selon le plus récent bulletin régional de l'Institut de la statistique du Québec, les personnes âgées de 65 ans et plus ne représentaient pas moins de 30,4 % de la population des Basques en 2016.
Au cours de la même année, la proportion des citoyens âgés de 20 ans et moins était de 15,8 %. C'est pratiquement deux fois moins de gens.
Des statistiques que Sébastien, Karine et Julie connaissent bien.
Même s’il n'existe aucune solution miracle pour inverser la tendance, ils estiment qu'un nouvel élan est perceptible dans la communauté et que la région des Basques a tous les atouts pour attirer de nouveaux résidents.
C'est de montrer ce qu'il y a de beau, tout simplement, résume Sébastien Rioux. Ne pas essayer de réinventer la roue, mais d'être fier de ce qu'on est, d'être fier de ce qu'on fait, pour réaliser notre région et lui permettre de s'épanouir. Et une fois qu'on en est fier, on devient des ambassadeurs!
Le problème, je pense justement qu'il n'y a pas assez d'emplois qui se créent! Donc moi je pense que ça devrait devenir un lieu de créateurs, d'entrepreneurs.
Moi j'ai deux enfants, mentionne Julie Sylvain. De voir dans quoi ils vont vieillir, dans quoi ils vont grandir. Présentement, je trouve tellement qu'ils sont bien. Ils ont eu une belle enfance, ils ont une belle adolescence. Ça ne me surprendrait pas qu'ils restent en région, mes enfants.
Des ponts intergénérationnels
En plus de partager la beauté de sa région en images, Sébastien Rioux enseigne les bases de l'informatique aux aînés des Basques. D'une certaine façon, cette occupation lui permet de créer des ponts entre les générations.
Je fais ça depuis 5 ans et c'est une bonne manière de garder les personnes aînées un peu plus actives, souligne Sébastien Rioux. Ils veulent se connecter. Souvent, j'ai des personnes qui n'ont jamais touché à un ordinateur de leur vie, mais je leur permets de se connecter, de voir c'est quoi Internet et même de communiquer avec leur famille. C'est souvent le point numéro un pour lequel un aîné veut se connecter : c'est pour se rapprocher des gens qui sont un peu plus loin.
Le maire de Trois-Pistoles croit lui aussi qu’il est important de créer des ponts intergénérationnels et qu’une partie de la solution peut venir de l’étranger.
Il va falloir arrêter de penser que parce qu'on est blancs, catholiques et de souche québécoise qu'on a la vérité et qu'on va réussir à passer à travers ce qui s'en vient.
Malgré tous les obstacles, pour Karine, Julie et Sébastien, une chose est certaine : leur bonheur se trouve dans les Basques.
Ah moi, je suis complètement en amour avec ici. Premièrement à cause des gens! Il y a une espèce d'intensité chez les gens des Basques.
C'est ça aussi, le Bas-Saint-Laurent et les Basques : c'est de prendre le temps de faire les choses, note Sébastien Rioux. On ne vise pas à être les plus gros : on vise de vivre et d'en être heureux.
Ces trois jeunes porteurs d’un nouveau dynamisme dans la MRC des Basques n’ont aucune intention de quitter la région.
D’après le reportage de Jérôme Lévesque-Boucher