Casser la croûte électorale, ça marche?
François Legault en compagnie du candidat de la circonscription de Portneuf Vincent Caron au casse-croûte chez Ti-Oui à Saint-Raymond.
Photo : Radio-Canada / Mathieu Dion
C'est chez Ti-Oui Snack Bar, le populaire casse-croûte de la région de Portneuf, près de Québec, que François Legault a choisi de passer sa première journée de campagne électorale. Une formule qui semble traverser les époques.
Un texte de Julie Marceau (Nouvelle fenêtre)
« Une poutine pour la p’tite dame! »
Le chef de la Coalition avenir Québec passe les commandes chez Ti-Oui en ce jeudi après-midi ensoleillé devant une horde de journalistes et de caméramans.
M. Legault est le premier chef de la campagne à se lancer dans un tel bain de foule. Mais à 15 h, les journalistes sont plus nombreux que les clients.
Le chef est venu appuyer le candidat local Vincent Caron.
La lutte s’annonce serrée dans Portneuf. La circonscription a changé de mains plusieurs fois, passant de la CAQ aux libéraux en 2014.
Après avoir fait le « jeu des caméras » dans la cuisine (sans manger de poutine parce que sa femme souhaite qu’il suive une diète), le chef de la CAQ est accroché au passage par le maire de la Ville de Saint-Raymond, Daniel Dion.
« Vous êtes plus prêt maintenant que vous ne l’avez jamais été! », lui lance le maire.
« Merci, Monsieur le maire! », répond François Legault, tout sourire.
Le casse-croûte chez Ti-Oui n'en est pas à sa première visite électorale. En 2012, Jean Charest y avait fait une visite improvisée. François Legault y était allé une semaine plus tard. Il y est retourné en 2016.
« Quand Jean Charest est venu, on l'a su deux minutes avant! Cette fois-ci, ça fait deux semaines qu’on le sait », raconte André Potvin, copropriétaire du casse-croûte.
« L'attachée de presse de Monsieur Legault nous a appelés pour nous le demander, j’ai dit qu’il n’y avait pas de problème » explique Anne-Sophie Lirette, copropriétaire.
Une question de visibilité
Les propriétaires sont cependant formels : ce n’est pas un geste d’appui politique à la CAQ et ils n’ont reçu aucun financement. C’est une question de visibilité.
« Il n’y a pas vraiment de raison pour une entreprise ou un commerce de refuser la visite d’un parti, à moins de haïr un parti », explique l’ex-directeur général du Parti québécois Sylvain Tanguay, aujourd’hui propriétaire d’un restaurant à Trois-Rivières.
« C’est propre à chaque parti, certains réitèrent la même formule, d'autres ne le font pas. L’idée, c'est de projeter un message populiste, c'est propice à un politicien comme François Legault. C'était un casting plus audacieux pour Charest [en 2012] », analyse-t-il.
Un exercice apprécié des citoyens, croit le maire de Saint-Raymond.
« C’est important, même ceux qui ne sont pas ici, ils vont être contents qu’il soit venu nous voir, qu’il ait pensé à nous pour sa première journée de campagne », explique Daniel Dion.
« Je ne peux pas dire que je donne mon appui parce qu’il y a une anecdote assez incroyable… C’est que c’est quelqu’un de mon conseil municipal qui se présente pour le Parti libéral, Philippe Gasse… donc là… qu’est-ce que tu veux… », conclut M. Dion.
Quant aux propriétaires, ils invitent tous les autres chefs à se déplacer. « Ils sont tous bienvenus! » lance Jean-Christophe Lirette, souhaitant « bonne chance » au chef de la CAQ.