Comment les nouvelles technologies peuvent favoriser de meilleurs soins de santé au pays

Les 20 et 21 août, environ 700 intervenants du secteur de la santé prendront part, à Winnipeg, à des discussions sur la manière dont la technologie et l’innovation peuvent aider à bâtir un avenir meilleur sur le plan de la santé, lors du Sommet de l’AMC.
Photo : iStock / AndreyPopov
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une meilleure intégration des technologies dans le système de la santé au Canada permettrait d'épargner beaucoup d'argent et de désengorger les hôpitaux, estime le Dr Laurent Marcoux, le président de l'Association médicale canadienne (AMC), en marge d'un important congrès organisé à Winnipeg par son groupe.
« Au Canada, on traîne de la patte », affirme le président de l’AMC. Selon lui, le Canada a pris un retard important face aux autres pays du G7 en négligeant de moderniser son système de santé.
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Le Dr Marcoux mentionne des outils comme de petits moniteurs cardiaques mobiles permettant de comptabiliser des données qui seront transmises au médecin traitant d’un patient, qui pourra ensuite poser un diagnostic.
« À partir de ces données, on peut même envoyer quelqu’un pour vérifier si ça mérite une hospitalisation ou encore si c’est un problème qui pourrait être réglé à la maison », poursuit-il.
Ce type d’initiative permettrait de traiter les symptômes en amont et « de désengorger énormément le système de santé », plutôt que d’hospitaliser les patients, une procédure qui coûte très cher selon lui.
Selon Laurent Marcoux, ce type de technologie représente l’avenir des consultations avec un médecin. « On s’en va là et il faut être préparé », maintient-il.
Une meilleure communication
La plateforme numérique Reacts est un exemple des avancées technologiques en lien avec le domaine médical. Son créateur, le médecin québécois Yanick Beaulieu, assiste au sommet qui se déroule à Winnipeg.
Il explique que Reacts met en communication toute l'équipe médicale d'un patient pour lui offrir un suivi à travers son téléphone intelligent.
« Si le patient a vu un médecin pour un problème, et s’il doit avoir un suivi, il peut se faire envoyer un accès pour communiquer avec la personne qui fera le suivi », explique le Dr Yanick Beaulieu, précisant que cela évite aux patients des déplacements supplémentaires.
Après trois ans et demi d'activité au Québec, il espère étendre le projet aux autres provinces canadiennes, et même plus loin. Il indique néanmoins qu’il n’est pas toujours aisé d’obtenir du financement pour démarrer de tels projets.
Adam Hofmann, un autre médecin québécois, a pour sa part lancé une application gratuite et disponible dans les deux langues, qui met les médecins de famille en relation avec des spécialistes.
Vous avez un hôpital au complet dans la poche du médecin de famille.
Le médecin peut, ainsi, avoir accès à toute une banque de spécialistes dans sa province lorsqu'il a une question pour son patient.
Un accès aux soins facilité
D’après Laurent Marcoux, ces nouvelles technologies améliorent l’accès aux soins pour les habitants de régions isolées, mais aussi pour ceux qui ont une mobilité réduite, comme les personnes âgées, en leur évitant des déplacements pas toujours nécessaires.
« On se dit que les personnes aĝées ne sont peut-être pas capables de jouer avec la technologie, mais ce n'est pas vrai. On a des expériences très concrètes où les gens peuvent envoyer les données sur un petit Ipad et on les reçoit », affirme-t-il.
Aider et non remplacer le médecin
Le président de l’AMC souligne néanmoins que le jugement du médecin reste essentiel car les données issues des nouvelles technologies doivent être interprétées et adaptées aux situations singulières des patients.
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Il estime que les nouvelles technologies contribueront à favoriser l’efficacité des médecins, qui seront en mesure de fournir des réponses rapides à des problèmes ponctuels à distance.
« Parfois, pour demander ce que je note sur mon rythme cardiaque, ou la réaction que j’ai eue quand je suis allé faire du sport (...) est-ce que je dois m’en préoccuper ou pas? Cette consultation-là, peut se faire en 5 minutes », explique-t-il.
Mais comment faire?
Laurent Marcoux est bien conscient de l’ampleur du travail qui reste à faire pour moderniser le système de santé. « Ça prend de la bonne volonté, explique-t-il. Notre système doit être transformé et adapté au monde moderne. »
La technologie peut même permettre d'économiser de l’argent et d'arrêter de tourner en rond
Selon lui, engorger une urgence, surcharger un hôpital et mettre des personnes âgées dans des lits quand elles pourraient être traitées à la maison coûte très cher, alors qu'il serait possible de réaliser des économies importantes.
Pour faire changer les choses, il mise sur la présence de décideurs provinciaux et nationaux au sommet de l’AMC, dont la ministre fédérale de la Santé, Ginette Petitpas Taylor.
« On s’attend à un leadership fort du fédéral. Il y a de la péréquation distribuée aux provinces en matière de santé, explique Laurent Marcoux. Je crois qu’il faut orienter les provinces pour qu’elles utilisent davantage les nouvelles technologies. Je suis certain que tout le monde en sortirait gagnant et ce n’est pas vrai que ça coûterait plus cher. »
Environ 700 intervenants du monde de la santé de partout au pays sont attendus au sommet de l’AMC, les 20 et 21 août à Winnipeg, qui traite de l’intégration des technologies en santé.