L'hypothétique retour de Google en Chine fait polémique au sein du groupe

Google a quitté la Chine en 2010, mais le groupe pourrait y effectuer un retour.
Photo : AFP/Getty Images / LIU JIN
Le patron de Google, Sundar Pichai, a assuré, selon des propos rapportés vendredi par l'agence Bloomberg, que le projet d'un retour du géant de l'Internet en Chine était pour l'heure « exploratoire », après avoir été interpellé par des salariés inquiets.
Des centaines d'employés de Google ont signé une lettre de protestation contre le développement d'une version de son moteur de recherche adaptée aux exigences de censure de la Chine, selon le New York Times.
« Nous ne sommes pas près de lancer un moteur de recherche en Chine », a assuré le PDG de Google devant le personnel, selon une retranscription que Bloomberg a pu consulter, « et la possibilité que nous le fassions ou que nous puissions le faire reste encore très vague ».
« Notre mission est d'organiser l'information du monde et la Chine représente 20 % de la population mondiale. Je pense que, si nous souhaitons remplir notre mission, nous devons réfléchir sérieusement à comment faire plus dans ce pays », a ajouté Sundar Pichai.
La réunion se tenait en présence du cofondateur de Google, Sergey Brin, selon l'agence de presse.
Une demande de transparence
Les quelque 1400 signataires de la lettre de protestation réclament plus de transparence pour comprendre les questions « éthiques » de ce projet, selon ce qu'ont indiqué au New York Times trois sources qui ont pris connaissance du document.
« Actuellement, nous n'avons pas assez d'information pour prendre des décisions éclairées sur le plan éthique au sujet de notre travail, de nos projets et de notre emploi », est-il écrit dans un extrait de la lettre cité jeudi par le New York Times.
Face à la censure et aux cyberattaques, le géant californien avait retiré son moteur de recherche de Chine en 2010 et, depuis, nombre de ses services restent bloqués dans la deuxième économie mondiale.
Toutefois, Google est en train de tester un moteur de recherche conforme aux exigences des autorités chinoises, au grand dam de militants des droits de la personne et d'employés, a rapporté début août le magazine en ligne The Intercept. L'information a été confirmée à l'AFP par un employé de Google, ce projet est baptisé « Dragonfly ».
« Nous avons besoin de plus de transparence [...] Les employés de Google doivent savoir ce qu'ils sont en train de développer », selon ce qui est écrit dans la lettre.
Ce n'est pas la première fois que Google fait face à une polémique à l'interne sur des projets de développement. Il y a quelques mois, des milliers d'employés avaient signé une pétition pour demander à l'entreprise de « rester en dehors du domaine de la guerre » à propos d'un contrat avec le Pentagone.
À la suite de cette fronde, le groupe s'était engagé début juin à ce que ses travaux en matière d'intelligence artificielle ne servent jamais à fabriquer des armes.