Le Collège Mathieu, la fierté de Gravelbourg

Le Collège est non seulement une institution importante pour les francophones de l'Ouest, il est également le coeur de la communauté de Gravelbourg.
Avec l'ambition de créer une élite francophone dans l'Ouest canadien, le Collège Mathieu arrive à Gravelbourg en décembre 1918, grâce notamment à un de ses fondateurs, Olivier-Elzéar Mathieu. Au cours des décennies qui suivront, la francophonie continuera de briller dans cette ville du sud de la Saskatchewan.
« On était vraiment chanceux de recevoir ce genre d'éducation, chez nous », affirme André Moquin, qui a fréquenté l'établissement de 1958 à 1964. Pour ce résident de Gravelbourg, qui a fait carrière dans le milieu de l’éducation, il est clair que le Collège Mathieu a été un établissement très important, non seulement pour les francophones de la Saskatchewan, mais pour la francophonie canadienne.
D’après l’auteure Lise Lundlie, auteure de Une pépinière de chefs : l’histoire du Collège Mathieu, 1918-1998, Gravelbourg est pressentie pour accueillir le Collège parce que de nombreux francophones y vivaient. Vers 1918, la communauté comptait environ 2000 habitants et plus de la moitié d'entre eux étaient des francophones. Le fait que les abbés Pierre Gravel et Charles Maillard, deux hommes de confiance d'Olivier-Elzéar Mathieu, étaient établis à Gravelbourg a également fait de l'endroit un lieu de prédilection pour y installer le Collège.
Lise Lundlie indique dans son livre que le Collège Mathieu est inauguré le 12 décembre 1918, d’abord grâce à une affiliation avec l’Université Laval. Avec l’arrivée des Oblats de Marie Immaculée qui acceptent de prendre en charge l’établissement en 1920, le Collège est alors affilié à l’Université d’Ottawa. L’auteure estime que le souhait de Mgr Mathieu a été réalisé; celui de permettre à l’Ouest canadien de se doter d’une élite francophone. Mme Lundlie croit que ce sont des chefs qui ont été formés grâce au Collège Mathieu, le tout, au bénéfice de la communauté de Gravelbourg et d’ailleurs.
De nombreuses retombées
Un ancien collégien, devenu historien et auteur, croit que les effets positifs de l’instruction en français, de niveau universitaire, surviennent rapidement, dès les années 1930 à Gravelbourg. « On sent déjà l’influence d’anciens collégiens qui ont poursuivi des études pour devenir avocats, médecins », précise Laurier Gareau. Beaucoup sont devenus des curés et des prêtres, mais aussi des pharmaciens.
Laurier Gareau est arrivé à Gravelbourg pour étudier au Collège en 1965, pour entamer sa 9e année. Il dit que, vers la fin des années 1960, les élèves du Collège se rendaient souvent dans les commerces de la ville. Il explique que même le Collège Mathieu s’approvisionnait souvent auprès des entreprises locales.
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D’après un autre ancien élève, qui a terminé son parcours en 1965, Réal Forest, les racines de l'établissement francophone sont très profondes à Gravelbourg, depuis les débuts du Collège et encore aujourd’hui. Il pense que l’ambition de Mgr Mathieu a permis de valider l’importance du français pour la communauté qui le parle.
En plus de permettre aux jeunes francophones d'aller à l'école en français, le Collège leur offre également de participer à la vie culturelle et communautaire, comme le mentionne le livre de Lise Lundlie. Plusieurs pièces de théâtre d’élèves sont mises en scène et créées entre ses murs. Du côté du sport, le succès des équipes du Collège Mathieu contribue à la renommée de Gravelbourg.
Le Collège Mathieu a aussi vu naître de belles histoires d’amour, comme celle d'Henri et Maria Lepage. M. Lepage est un ancien du Collège, Mme Lepage, une ancienne du couvent des Soeurs de Jésus-Marie. Ils habitent toujours à Gravelbourg. D’après Maria Lepage, les élèves du Collège comme du couvent ont énormément contribué au développement social et culturel de Gravelbourg.