La croissance d’Airbnb et la lente agonie des gîtes

Airbnb se targue d'offrir plus de 5 millions de logements à louer sur son site.
Photo : Getty Images / John MacDougall
Le populaire site de location à court terme Airbnb célèbre ses 10 ans cette année, une occasion de faire le point sur l'évolution de l'industrie touristique.
« De 2008 à 2018, les touristes internationaux sont passés de 900 millions à 1,4 milliard. Il y a donc 500 millions de touristes de plus dans le monde depuis 10 ans », explique Paul Arseneault, de la Chaire de tourisme Transat, à l’UQAM.
Airbnb se targue d’offrir plus de 5 millions de logements à louer et mentionne que plus de 300 millions d’usagers ont déjà utilisé ses services.
Alors que certains acteurs de l'industrie hôtelière dénoncent une concurrence déloyale de la part de l’entreprise, le professeur Arseneault offre un autre son de cloche.
« Dans la mesure où le tourisme a été en croissance, bien des hôteliers sont arrivés à la conclusion que le cœur de leur produit n'était pas essentiellement dans la chambre, mais dans leurs services, explique-t-il. Pour les voyageurs d'affaires, pour les congrès et les réunions, notamment. »
Ce sont plutôt les petits acteurs qui ont fait les frais de l’arrivée d’Airbnb dans le marché.
Selon l’Association Hôtellerie Québec (AHQ), le nombre de gîtes à Montréal au cours des 10 dernières années est passé de 175 à 90. C’est le secteur de l’industrie touristique qui a le plus souffert, d'après l’AHQ.
Daniel Labrosse vit difficilement cette concurrence. L'homme de 63 ans exploite un gîte à Montréal depuis 18 ans.
« C'est une industrie, ce n'est plus de l'économie du partage. On partage une grosse tarte qui s'appelle le tourisme. Mais là, la tarte rétrécit », dit-il.
L’homme, qui attribue directement ses déboires à Airbnb, affirme que son chiffre d’affaires est en baisse d’environ 20 %.
« Ce n'est pas correct, ça va être correct si tout le monde paie la même chose », lance M. Labrosse, en référence aux taxes commerciales, aux taxes foncières et aux assurances qu’il doit payer et dont Airbnb est exemptée.
Paul Arseneault, de son côté, a une solution bien simple à offrir. « Est-ce que le modèle des gîtes est un modèle d'avenir? Est-ce qu'on doit interdire Airbnb parce que les gîtes étaient là avant? Si la règle du jeu est trop contraignante pour les gîtes, déréglementons! »
Cela dit, depuis quelques mois, Airbnb doit percevoir la taxe hôtelière de 3,5 % auprès des hôtes québécois, ce qui a permis à l’État de récolter près de 3 millions de dollars.
Avec les informations d'Elisa Serret