« Maisonneuve tua le chef indien » : la BMO retire des inscriptions controversées

Une plaque commémorative de la défaite des Iroquois
Photo : Radio-Canada / Fanny Samson
Des ouvriers s'affairaient mardi, dans le Vieux-Montréal, à retirer deux inscriptions gravées dans la pierre de la façade du vieil immeuble de la Banque de Montréal (BMO) rappelant la mort brutale d'un chef iroquois en 1644.
Des communautés des Premières Nations réclamaient depuis des années le retrait de ces pierres commémoratives parce qu'elles projetaient une image négative des Autochtones.
Les deux inscriptions, en français et en anglais, étaient gravées dans la pierre sur la façade du vieil édifice de la place d'Armes, juste en face de la statue de Paul de Chomedey de Maisonneuve, cofondateur de la ville avec Jeanne Mance.
On y lisait jusqu'à mardi qu'« à proximité de cette place [...] les fondateurs de Ville-Marie affrontèrent les Iroquois, qui furent vaincus au cours de la bataille en mars 1644 ». L'inscription, gravée dans la pierre grise de Montréal, se terminait par la phrase : « Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, tua le chef indien de ses propres mains. »
Des ouvriers avaient retiré les deux pierres commémoratives mardi midi et s'apprêtaient à les remplacer par de nouvelles, visibles au sol. On a pu y lire que les fondateurs de Ville-Marie avaient rencontré près de cette place des Iroquois et les avaient vaincus en 1644. Plus tard en après-midi, les ouvriers étaient partis avec les nouvelles pierres, laissant deux rectangles béants sur la façade.
L'an dernier, année du 375e anniversaire de la fondation de Montréal, des voix s'étaient élevées pour demander à nouveau le retrait de ces pierres commémoratives. Des citoyens de tout le pays commençaient d'ailleurs à débattre de ce qu'il fallait faire des statues et autres monuments commémoratifs jugés offensants pour les peuples autochtones, notamment les représentations de l'ex-premier ministre canadien John A. MacDonald et de l'ancien gouverneur de la Nouvelle-Écosse Edward Cornwallis.
Des explications incomplètes
Le professeur d'histoire de la communauté mohawk de Kahnawake, Michael Rice, avait formulé une plainte pour que les plaques prennent en considération le point de vue autochtone, l'an dernier.
« Ils ont enlevé une phrase. Ça n'explique pas plus l'histoire », a-t-il dit à Radio-Canada.
« C'est plutôt ironique parce que récemment, il y a eu des découvertes archéologiques sur la rue Peel qui prouvent la présence autochtone, mais ce n'est toujours pas reconnu », a-t-il ajouté.
Comme l'immeuble BMO de la place d'Armes se trouve au coeur du « site patrimonial du Vieux-Montréal », désigné par le gouvernement du Québec, une autorisation ministérielle était nécessaire avant que les pierres puissent être retirées ou modifiées.
Avec des informations de Gabrielle Paul