Raconter les histoires de réfugiés, une photo à la fois

La famille Fikadu Demeke a quitté l'Éthiopie et espère pouvoir y retourner un jour pour revoir les parents qui y sont restés.
Photo : Brian Limoyo
Au cours de la dernière année, Brian Limoyo a travaillé avec la Maison d'accueil de la région de Waterloo pour photographier des réfugiés et raconter leurs histoires aux Canadiens.
Un texte d'Isabelle Corriveau
L’idée lui est venue en 2017, alors que le Canada fêtait son 150e anniversaire. M. Limoyo, un photographe professionnel, s’est alors demandé ce que cela signifiait, pour lui, d’être un Canadien.
Au même moment, l’élection récente de Donald Trump et ses politiques d’immigration contribuaient, selon le photographe, à un climat de peur et de haine envers les immigrants et les réfugiés.
M. Limoyo a alors contacté les responsables de la Maison d’accueil de la région de Waterloo, qui aide les réfugiés à s’intégrer à leur nouvel environnement.
Un projet en deux parties
Par l’entremise des membres du personnel de la Maison, le photographe a approché des réfugiés et leur a offert de prendre des photos de leur famille et de raconter leur histoire.
Pour M. Limoyo, qui est né à Montréal de parents mauriciens et qui vit en Ontario depuis quelques années, il était important d’offrir à ces familles nouvellement arrivées au Canada un souvenir leur permettant de se remémorer leurs premiers temps dans leur pays d’accueil.
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En plus d’un portrait de famille, certains réfugiés ont accepté que M. Limoyo prenne des photos d’eux pendant qu'ils tiennent le cliché d’un être cher qu’ils ont laissé derrière en fuyant leur pays.
Souvent, dans le processus de fuite, les familles ne peuvent pas rester ensemble
, dit-il. Je voulais montrer qu’il y a beaucoup de conflits dans le monde [...] pour rappeler aux gens que les familles doivent être ensemble.
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M. Limoyo déplore que dans le climat sociopolitique actuel, les gens oublient parfois les raisons humanitaires qui poussent des millions de personnes à quitter leur pays d’origine pour trouver refuge ailleurs.
Regard vers l'avenir
Lors de ses rencontres, M. Limoyo posait deux questions aux réfugiés. La première visait à comprendre la chose la plus importante qu’ils avaient abandonnée. La seconde était orientée vers l’avenir : que souhaitaient-ils accomplir au Canada?
Les réponses qu’il a reçues l’ont touché. Souvent, on entend que les nouveaux arrivants sont ici pour l’argent, mais la plupart des réponses qu’ils m’ont données étaient reliées au désir de vouloir faire quelque chose dans la communauté. Les enfants veulent souvent devenir médecins, policiers, pour aider la communauté qui les a acceptés
, explique-t-il.
Il espère que ses photos permettront de sensibiliser les Canadiens à la réalité des personnes qu’ils accueillent.
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M. Limoyo espère que d’autres photographes dans les communautés à travers le Canada reprendront son concept. Son recueil, The Great Canadian Portrait Project, devrait être publié à l’automne, et les profits de sa vente iront à la Maison d’accueil de la région de Waterloo.