L'Église catholique officialise son opposition à la peine de mort

Le pape François qui prie à la place Saint-Pierre au Vatican, en mai 2018
Photo : The Associated Press / Andrew Medichini
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le pape François a inscrit pour la première fois dans le catéchisme de lʼÉglise catholique une opposition catégorique à la peine de mort et a appelé lʼÉglise à sʼengager pour lʼabolir « partout dans le monde ».
La version de 1992 du catéchisme de lʼÉglise catholique – livre dʼenseignement officiel qui contient les principes de la foi – tolérait encore la peine capitale dans des cas extrêmes.
Le pape argentin, très sensible au sort des détenus auxquels il rend régulièrement visite et avocat de leur réintégration dans la société, sʼest toujours opposé à la peine de mort.
Pour lui, lʼexécution dʼun être humain « ne rend pas justice aux victimes, mais attise la vengeance ».
En septembre 2015, il avait ainsi exprimé sa conviction selon laquelle il fallait « protéger et défendre la vie humaine à chaque étape de son développement », dans un discours historique devant le Congrès américain, face à des élus majoritairement dʼun avis contraire.
Jean-Paul II avait également saisi lʼoccasion dʼun voyage aux États-Unis pour appeler à lʼabolition de la peine capitale en 1999.
Benoît XVI avait pour sa part parlé de « la nécessité de faire tout ce qui est possible pour arriver à lʼélimination de la peine capitale », mais sans aller jusquʼà demander de réécrire le catéchisme.
Le pape François avait plaidé pour cette réécriture en octobre, en reconnaissant au passage que lʼÉglise catholique avait elle-même eu recours pendant des siècles à « cette pratique extrême et inhumaine ».
Toujours en vigueur dans une cinquantaine de pays

Un prisonnier est assis dans sa cellule en attendant son exécution.
Photo : iStock
Lʼorganisation de défense des droits de la personne Amnistie internationale a recensé en 2017 au moins 2591 condamnations à mort dans 53 pays et près de 1000 exécutions (en excluant la Chine, qui ne communique pas sur ses milliers de sentences). Plus des deux tiers des pays dans le monde ont cependant aboli la peine de mort en droit ou en pratique.
« LʼÉglise enseigne, à la lumière de lʼÉvangile, que la peine de mort est une mesure inhumaine qui blesse la dignité personnelle et elle sʼengage de façon déterminée, en vue de son abolition partout dans le monde », peut-on lire dans la nouvelle version française du catéchisme.
Dans la version italienne dʼorigine, le texte parle en revanche de « mesure inadmissible », à lʼinstar de lʼanglais, de lʼallemand, de lʼespagnol et du portugais.
Le pape avait approuvé ces modifications le 11 mai à lʼoccasion dʼune audience avec le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Luis Ladaria.
« Pendant longtemps, le recours à la peine de mort de la part de lʼautorité légitime, après un procès régulier, fut considéré comme une réponse adaptée à la gravité de certains délits et un moyen acceptable, bien quʼextrême, pour la sauvegarde du bien commun », peut-on lire dans lʼintroduction de la partie modifiée du catéchisme.
« Aujourdʼhui, on est de plus en plus conscient que la personne ne perd pas sa dignité, même après avoir commis des crimes très graves », poursuit le texte.
« En outre, sʼest répandue une nouvelle compréhension du sens de sanctions pénales de la part de lʼÉtat. On a également mis au point des systèmes de détention plus efficaces pour garantir la sécurité à laquelle les citoyens ont droit et qui nʼenlèvent pas définitivement au coupable la possibilité de se repentir », ajoute encore le texte.
Dans une lettre explicative aux évêques, le gardien du dogme Mgr Ladaria retrace la prise de conscience toujours plus claire dans lʼÉglise du « respect dû à chaque vie humaine ».
La nouvelle formulation « veut pousser à un engagement décisif, notamment par un dialogue respectueux et serein avec les autorités politiques », explique le cardinal. « Elle incite à créer les conditions qui permettent dʼéliminer dans le monde contemporain lʼinstitution légale de la peine de mort, là où elle est encore en vigueur ».