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Où en est Heavy Montréal, 10 ans plus tard?

Dillinger Escape Plan sur une des scènes d'Heavy Montréal en 2016, au parc Jean-Drapeau.

Dillinger Escape Plan était de passage au festival en 2016.

Photo : evenko/Tim Snow

Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le festival Heavy Montréal est né sous le nom de Heavy MTL il y a 10 ans cette année, mais curieusement, il n'a pas été présenté tous les ans. L'occasion est idéale pour dresser un état des lieux, à quelques heures du retour de l'événement.

Heavy MTL voit le jour à l’été 2008, deux ans après la naissance du festival Osheaga. L’anagramme « MTL » désigne autant le genre musical (métal) que sa ville d’appartenance (Montréal).

Mis sur pied à l’époque par le Groupe Spectacles Gillett, le festival fait relâche l’année suivante (en 2009), situation qui se reproduira en 2017. Cette année, il sera présenté pour une première fois sur l’île Notre-Dame.

Contrairement à nombre de festivals, présentés à date fixe, Heavy Montréal s’est déplacé dans le calendrier estival plus souvent qu’un festivalier honnête ne mange lors d’une journée sur le site. Initialement présenté en juin, il s’est déplacé en juillet, avant d'être établi pendant quelques années au mois d’août, après Osheaga, avant de revenir, cette année, en juillet.

Une décennie après ses débuts, force est d’admettre que Heavy Montréal n’a pas connu la croissance du Festival Osheaga ni même du tout jeune IleSoniq, pourtant né bien après lui.

Des fans de métal surfent sur la foule au festival Heavy Montréal.
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Avec des têtes d'affiches rassembleuses et limitées, la programmation pose plusieurs défis aux organisateurs d'Heavy Montréal.

Photo : evenko/Patrick Beaudry

Pourquoi? Afin de survoler 10 ans de hauts et de bas, nous discutons avec Nick Farkas, le vice-président concerts et événements d’evenko, ainsi qu’avec Christine Fortier, journaliste spécialisée en métal (Voir, Stingray) depuis près de trois décennies.

Les éditions annulées

Il n’y a pas eu de Heavy Montréal en 2017, et tout le monde sait pourquoi. Avec les concerts attendus de Metallica et de Guns N’Roses à un mois d’intervalle (19 juillet et 19 août), il était évident que les amateurs de sonorités lourdes allaient se ruer en masse à ces deux événements : 36 000 spectateurs ont assisté au spectacle de Metallica, et 32 500 à celui de Guns N’Roses.

N’empêche, l’une des qualités d’un festival n’est-elle pas de fidéliser son public et d’être présent chaque année, autant lors des grandes cuvées que lors des années de vaches maigres?

« Avec Metallica deux semaines avant la date prévue du festival, et Guns N’Roses deux semaines après, ça n’aurait pas été la meilleure des situations pour Heavy Montréal, affirme Nick Farkas. Et il aurait fallu trouver une tête d’affiche aussi importante…

«  »

— Une citation de  Nick Farkas, evenko

« Je comprends leur décision, note Christine Fortier. Dans le métal, il n’y a pas de bands assez populaires pour rassembler les foules que [les producteurs] espèrent tous les ans. Tu ne peux pas avoir Iron Maiden ou Metallica sur l’affiche chaque année. Des groupes de cette stature dans le métal, il n’y en a pas des millions. Il n’y en a pas 10. »

Le groupe Suffocation à Heavy Montréal 2016
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Le groupe Suffocation à Heavy Montréal 2016

Photo : evenko/Pat Beaudry

Les têtes d’affiche

L’importance des têtes d’affiche est cruciale pour tous les festivals, peu importe leur genre musical. On a toutefois l’impression que le métal souffre un peu du même problème que le rock.

Quand vient le temps de nommer les groupes fédérateurs qui peuvent rassembler à eux seuls des foules de 40 000 ou 50 000 spectateurs, ce sont pas mal toujours les mêmes vieux habitués (Rolling Stones, Metallica, U2, AC/DC, Guns N’Roses, Bruce Springsteen, Iron Maiden) qui viennent à l’esprit. Même les leaders de Radiohead (Thom Yorke) et des Foo Fighters (Dave Ghrol) auront 50 ans, respectivement en octobre et en janvier. Dans les milieux du rock et du métal, les ténors des groupes au rayonnement universel ont pris de l’âge ou sont carrément vieux.

« Le Big Four [Metallica, Megadeth, Slayer, Anthrax] a défriché le terrain pour tous les autres, rappelle Christine Fortier. Il y a beaucoup de nostalgiques dans le métal, et ces groupes sont encore les favoris dans le cœur et la tête de bien des amateurs. Je ne suis pas nostalgique. J’adore découvrir de nouveaux bands, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. »

« Il y a peu de têtes d’affiches qui peuvent attirer des foules monstres, confirme Nick Farkas. Dans les festivals de guitares, de rock et de métal, ce sont souvent les mêmes grandes vedettes qui reviennent. Avenged Sevenfold est un jeune groupe, mais Rob Zombie est un vétéran. Et les gars de Slayer viennent de prendre leur retraite. Personnellement, j’estime que les têtes d’affiche sont importantes, mais ce que l’on veut, c’est que l’ensemble de la programmation soit solide. »

Le chanteur Fred Durst du groupe Limp Bizkit sur scène lors d'un concert en 2015.
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Le chanteur Fred Durst du groupe Limp Bizkit

Photo : Associated Press / Janos Marjai

L’élargissement des cadres

Il y a quatre ans, evenko, désormais maître d’œuvre du festival, change le nom de Heavy MTL en Heavy Montréal. Bien plus qu’une modification superficielle , la nouvelle appellation permet d’intégrer des groupes hard rock et punk à sa programmation.

Cette année-là, des métalloïdes certifiés (Metallica, Slayer, Lamb of God) côtoient les Twisted Sisters, Bad Religion et The Offspring. Certains festivaliers ont aimé ça. D’autres ont détesté le mélange de genres. Finalement, était-ce un problème ou pas?

«  »

— Une citation de  Christine Fortier, journaliste spécialisée en métal

« Je connais plein de gens qui continuent d’aller à Heavy Montréal, mais qui n’y vont pas nécessairement pour les têtes d’affiche. Cela leur permet de partir plus tôt (rires). Le festival a toujours été bien pourvu en groupes underground, un peu obscurs, et l’on a droit à un pas pire équilibre. Je finis toujours par avoir des conflits d’horaire, ce qui est bon signe.

« D’ailleurs, peu importe les groupes en présence, les amateurs de métal sont heureux de se retrouver lors d’une fin de semaine avec leur famille métal. C’est vraiment un mode de vie pour eux. Je n’aime pas les festivals, mais je ne pourrais pas penser être ailleurs. Et l’environnement est important. C’est un beau festival, bien organisé, et evenko n’a cessé de l’améliorer depuis les débuts. »

« En 2008, quand Mötley Crüe a été bien moins bon que Iron Maiden, on a écouté nos festivaliers, se souvient Farkas. Moi, j’aime bien avoir des groupes métal et des punks ensemble, mais d’autres n’aiment pas ça du tout. En 2015, après le succès de l’année précédente, on a présenté le festival sur trois jours, mais on n’a pas fait de bons choix. Depuis, on a remis l’accent sur le métal et l'on présente les autres groupes au festival ’77 Montréal [qui a lieu le vendredi 27 juillet au parc Jean-Drapeau].

«  »

— Une citation de  Nick Farkas, evenko

« Quand on a appris le désistement d’Avenged Sevenfold, on a fait signe à Limp Bizkit. Peu importe si tu penses qu’ils sont métal ou pas, leur nom revenait chaque année dans les discussions. Il y a du monde qui ne voulait pas les voir, mais il y a aussi bien des gens qui ont acheté leur billet depuis qu’ils sont annoncés. »

On cible ou pas?

Les amateurs de métal sont parmi les plus fidèles qui soient, peu importe l’émergence d’autres courants musicaux. Mais somme toute, cela demeure une musique bien moins grand public que la pop, le rock – à une autre époque – et même l’électro ou le hip-hop de nos jours. Heavy Montréal devrait-il être plus ciblé que jamais et fidéliser sa base, quitte à attirer moins de monde?

«  »

— Une citation de  Christine Fortier, journaliste spécialisée en métal

« Oui, on a pensé à ça, admet Farkas. Mais je vais toujours préférer un éventail plus large à une programmation trop ciblée. On a des gens qui viennent de l’extérieur de Montréal (de 25 à 35 %). Si l’on cible tout dans une journée, l’amateur de l’extérieur ne viendra pas. »

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Photo : Getty Images / Jean-Sebastien Evrard

Le site Heavy Montréal, cuvée 2018

En raison des travaux sur l’île Sainte-Hélène entrepris l’an dernier, Heavy Montréal vivra un autre déménagement ce week-end.

« Nous serons sur l’île Notre-Dame, essentiellement sur le même le site qu’Osheaga en 2017, mais en plus petit, précise Farkas », dont l’objectif est d’atteindre 30 000 festivaliers en fin de semaine.

« Il y aura trois grandes scènes, et une quatrième plus petite pour faire des découvertes et présenter des bands locaux. On aura aussi un jardin élite. Dans le fond, on apporte l’expertise de nos autres festivals à celui-là. »

Vacances de la construction

Le retour du festival en juillet signifie qu’il sera présenté durant les vacances de la construction au Québec. Est-ce un avantage ou pas pour les promoteurs?

« C’est vraiment dur à prévoir, parce que les vacances de la construction ont changé de dates depuis 10 ans, note Farkas. Mais je pense que c’est un avantage, parce que beaucoup d’amateurs sont en congé, même si l’on perd ceux qui sont en vacances en dehors de la ville. »

« Personnellement, je n’ai pas pris mes vacances à cause du festival, dit Christine Fortier en rigolant. Mais beaucoup de festivaliers seront contents, lundi matin, de dormir à la maison plutôt que de devoir aller travailler après un week-end de musique métal. »

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