Des pesticides dans les tampons et les serviettes hygiéniques en France

Des tampons et des serviettes hygiéniques
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Des chercheurs ont trouvé des pesticides et un herbicide dans des tampons et des serviettes hygiéniques, en France. La concentration de ces substances est très faible, mais les autorités françaises recommandent néanmoins aux fabricants d'améliorer leurs produits et leurs procédés de fabrication.
Un texte d'Anne Marie Lecomte
Ces révélations proviennent d'un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) publié jeudi. Bien que les substances trouvées soient toxiques, l'ANSES conclut que leur infime présence dans les serviettes et les tampons ne pose pas de risque pour la santé.
Mais il y a un « mais » : « on ne peut pas évaluer le cumul », affirme le directeur général-adjoint scientifique de l'ANSES, Gérard Lasfargues. En effet, ces substances peuvent être présentes ailleurs dans l'environnement et dans l'alimentation. Par conséquent, l'Agence recommande par précaution aux fabricants de tampons et de serviettes d'en réduire la concentration autant que possible.
Comment des composés chimiques comme le lindane et le quintozène – deux pesticides interdits en Europe depuis 2000 – peuvent-ils se retrouver dans des tampons et des serviettes? L'ANSES pointe du doigt une possible contamination de produits dérivés du coton, utilisés dans leur fabrication. Ou encore de possibles défectuosités dans les procédés de fabrication.
Les experts ont aussi retrouvé dans les produits hygiéniques l'herbicide utilisé par Monsanto, soit le glyphosate.
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Des produits « mal documentés »
Les composés chimiques décelés sont qualifiés de « préoccupants » par les experts. Leurs effets peuvent être cancérigènes, mutagènes (susceptibles de provoquer des mutations) ou reprotoxiques (susceptibles d'affecter la reproduction). Ils pourraient aussi agir comme perturbateurs endocriniens.
L'ANSES affirme dans son rapport que les matériaux de fabrication des tampons et serviettes sont « mal documentés ». Les experts concluent, à partir d'informations fournies par les fabricants, que les substances toxiques n'ont pas été mises intentionnellement dans les produits hygiéniques féminins. Une exception toutefois : le parfum ajouté à ces produits, le BMHCA, qui pourrait potentiellement agir comme perturbateur endocrinien.
La France ne dispose pas de réglementation portant spécifiquement sur les produits hygiéniques féminins. Au Canada et aux États-Unis, ils sont classés comme « dispositifs médicaux » et réglementés comme tels.
La situation au Canada
Santé Canada n'a pas pris suffisamment connaissance de l'étude de l'ANSES en France pour établir une corrélation avec ce qui pourrait se passer au Canada, affirme Maryse Durette, porte-parole de Santé Canada et de l'Agence de la santé publique du Canada.
« On ferait une révision en bonne et due forme si on trouvait des effets compromettants pour la santé », explique la porte-parole, qui rappelle que tout problème touchant l'utilisation de produits de santé hygiénique doit impérativement être rapporté à Santé Canada (Nouvelle fenêtre).
« On s’assure que les tampons vendus au Canada sont sûrs, efficaces et de grande qualité grâce aux exigences d’homologation, de fabrication et de suivi après-vente », assure Maryse Durette. La plupart des fabricants qui distribuent au Canada des produits d'hygiène féminine sont basés aux États-Unis, ajoute la porte-parole de Santé Canada.
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À l'intention des manufacturiers d'instruments médicaux, Santé Canada a émis des lignes directrices qui « sont des outils administratifs n'ayant pas force de loi ». Ces lignes directrices doivent décrire la composition matérielle du tampon en énumérant :
- les matériaux de fabrication, y compris les additifs;
- les désodorisants;
- les agents mouillants et les agents conservateurs.
Les manufacturiers doivent aussi déclarer que le tampon est blanchi en utilisant une méthode élémentaire sans chlore.
Ces compagnies doivent aussi citer les risques qu'encourt une femme qui utilise un tampon, comme ceux liés au syndrome de choc toxique. Les experts de l'ANSES expliquent qu'en aucun cas les substances chimiques trouvées dans les tampons et les serviettes ne peuvent causer le syndrome de choc toxique, qui survient à la suite d'une infection bactérienne.
Des Américaines préoccupées
À Washington, en mai 2017, des membres du groupe Women’s Voices for the Earth sont descendus dans la rue pour réclamer une réglementation contraignant les fabricants à révéler tous les produits chimiques et les matériaux contenus dans les produits d'hygiène féminine.
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D'après le New York Times, qui citait une porte-parole de la Food and Drug Administration (FDA) américaine, les manufacturiers doivent dire de manière générale de quoi sont faits leurs produits – s'ils contiennent du coton ou de la rayonne par exemple. Mais la FDA ne requiert pas la liste de tous les ingrédients.