Les mèmes Internet en Acadie, une façon d'assumer son identité

Les Niaiseries Acadiennes exploitent beaucoup la météo pour faire leurs blagues.
Photo : Niaiseries Acadiennes
Avez-vous déjà entendu parler des mèmes Internet? Ce sont des images humoristiques très populaires sur les réseaux sociaux. Quelques humoristes improvisés se sont donné la tâche de produire ces blagues pour le public acadien.
Un texte d’Alix Villeneuve
« [On veut] prendre [...] ce qui se passe dans le monde acadien, et essayer de le tourner en dérision ou en humour », explique André Robichaud, le coadministrateur des Niaiseries Acadiennes, un site Internet qui produit quotidiennement des mèmes Internet.
Son objectif? Produire des contenus humoristiques en exploitant principalement des références que seuls les Acadiens peuvent comprendre.
Des fois, c’est des lieux, des petits noms, des personnages, des affaires que quand tu ne viens pas de la région, tu ne connais pas.
Leurs blagues exploitent le temps qu’il fait, les lieux ou les éléments de l’actualité qui font jaser dans la région.
Cette forme d'humour, qui souvent ne tient qu’à une image, semble faire mouche. Plus de 38 000 personnes suivent la page Facebook des Niaiseries Acadiennes.
Qu’est-ce qu’un mème?
Pour sa part, Olivier Rioux, un étudiant en information et communication, administre la page Acadie Memes sur Instagram depuis plus d’un an. Son compte compte tout près de 6000 abonnés.
Qu’est-ce qu’un mème? « "Mème" vient d’un mot grec qui veut dire "imiter", parce qu’un mème, c’est une imitation de quelque chose qui arrive, mais que l’on modifie pour le rendre drôle », explique l’étudiant.
Les erreurs de français y sont parfois courantes, notamment pour refléter la prononciation.
En français, « mème » s’écrit avec un accent grave, et se prononce « mèmm ». Toutefois, la prononciation anglophone, « mîmm » est la plus populaire et la plus couramment utilisée.
De l'humour politique
Pour Olivier Rioux, le mème est un moyen de faire passer des messages sociétaux grâce à l’humour, au même titre que ce que font les caricaturistes. Il exploite d’ailleurs beaucoup de sujets liés à la politique et à l’histoire de l’Acadie.
Nombre de ses blagues font référence à la rivalité entre francophones et anglophones, à la déportation des Acadiens, et aux Québécois qui parfois ignorent la réalité des francophones du pays, juge le jeune étudiant.
Il y a une grosse rivalité anglophones-francophones au Nouveau-Brunswick, je vais beaucoup jouer avec ça.
« Je parle de la déportation comme trois ou quatre fois par mois, et le monde trouve ça drôle parce qu’il faut rire de soi-même. »
Selon lui, il ne faut pas prendre ses blagues au premier degré. « Même si je fais des blagues sur les anglophones et les Québécois, je les apprécie quand même! »
« J’ai vraiment peur que quelqu’un quelque part, un anglophone, découvre la page et qu’il ait l’impression que c’est anti-anglophone. Non, ce ne l’est vraiment pas! »
Le fait français mis en valeur par les mèmes?
Le mème Internet permet aux Acadiens de se reconnaître par les blagues sur les réseaux sociaux, jugent les deux hommes.
Ça fait un contenu acadien sur nos médias sociaux. [...] On fait ce qu’on aimerait voir un peu plus sur les réseaux.
Justement, Les Niaiseries Acadiennes ont obtenu en 2016 le prix du consulat général de France pour les provinces de l’Atlantique, qui soulignait la mise en valeur et la promotion de la langue française dans la région.
C’est le même son de cloche avec Olivier Rioux. Ses mèmes permettent selon lui aux communautés francophones du pays de se rejoindre et de rire ensemble.
Il raconte qu'après avoir travaillé aux Jeux de la francophonie canadienne, il a reçu des messages de francophones du Yukon, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique.
Ça m’a fait réaliser que ma page, elle s’appelle Acadie Memes, mais elle joue beaucoup sur le franco-minoritaire au Canada.
Les deux hommes affirment créer des mèmes Internet de façon bénévole. Les quelques revenus générés par les « clics » sur leur publication sont négligeables, selon eux.