Le spectacle SLĀV annulé entre autres pour des raisons de sécurité

Le Festival de jazz s'est défendu au sujet de l'annulation du spectacle « SLĀV ».
Photo : Facebook / Ex Machina / Elias Djemil
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La direction du Festival international de jazz de Montréal (FIJM) a annulé les représentations du spectacle SLĀV en raison de la blessure de la chanteuse Betty Bonifassi, mais également pour préserver la sécurité des artistes, du public et des protestataires, a affirmé le PDG du Festival en conférence de presse lors du bilan de cette 39e édition.
Seul devant un parterre de journalistes, le président-directeur général du Festival, Jacques-André Dupont, s'est défendu des accusations de censure portées vendredi par Robert Lepage, qui a signé la mise en scène du spectacle controversé.
« Le Festival n'est pas impliqué dans la création » des oeuvres présentées, a assuré M. Dupont, qui a martelé à plusieurs reprises que son organisation défendait la liberté d'expression et la liberté artistique.
« Si une oeuvre suscite des réactions, les artistes peuvent choisir ou non de la défendre », a-t-il ajouté.
Selon lui, l'annulation du spectacle est attribuable à deux facteurs : d'abord, la nécessité, pour la chanteuse Betty Bonifassi, de poursuivre sa convalescence après avoir été opérée à la suite d'une fracture de la cheville.
Ensuite, le Festival dit avoir estimé qu'il existait un risque « extrêmement sérieux » en matière de sécurité des artistes, des employés, du public, des spectateurs et des manifestants.
« Nous craignions que, si [le spectacle] se poursuivait, il y ait des risques de dérapage; nous avons reçu un message similaire de la part du Théâtre du Nouveau Monde », a poursuivi Jacques-André Dupont.
Jamais nous n'avons mis en cause le travail de Betty Bonifassi et de Robert Lepage. [L'annulation] n'a jamais été un geste de censure.
Les abords du théâtre avaient été le lieu d'une importante manifestation lors de l'avant-première de la pièce, le 26 juin. Les protestataires n'ont eu de cesse de dénoncer ce qu'ils considèrent comme du racisme, de l'appropriation culturelle et une sous-représentativité des Noirs.
La pièce, construite autour d'anciens chants d'esclaves noirs, ne comptait que deux interprètes noirs sur six choristes.
Vendredi, le metteur en scène Robert Lepage est sorti de son mutisme, dénonçant l'annulation de l'oeuvre comme une « atteinte à la liberté d'expression ».
Écoute et collaboration
L'équipe du FIJM a reconnu d'emblée que la question du spectacle SLĀV aurait pu être mieux gérée.
« On aurait dû mieux communiquer lorsque nous avons annulé [les représentations restantes du spectacle] », a mentionné M. Dupont, qui a précisé que le processus avait été rendu plus complexe en raison du grand nombre d'acteurs concernés, soit les intervenants en création, en production et en diffusion.
« Nous étions contents d'avoir l'oeuvre à la programmation du festival; force est de constater que cela a créé une division très profonde », a indiqué le PDG du Festival.
L'équipe organisatrice a par ailleurs rencontré vendredi des membres de la communauté noire pour tenter de réparer les liens mis à mal par la controverse.
« Nous n'allons jamais gérer le festival en tentant de contrôler ce qui est dit sur nos scènes. Je crois qu'à l'avenir, nous devons être conscients que, dans notre communauté, il faut être connecté aux gens. Si le Festival avait été mieux lié à la communauté noire, on aurait probablement pu avoir une discussion au préalable plutôt qu'après », a encore dit M. Dupont.