Baleines noires : des mesures de protection efficaces, selon une chercheuse

La baleine noire de l'Atlantique Nord est une espèce protégée en vertu des lois canadiennes et américaines.
Photo : NOAA
Les mesures controversées adoptées par le gouvernement fédéral, ce printemps, pour protéger les baleines noires de l'Atlantique dans le golfe du Saint-Laurent semblent avoir fonctionné, selon une chercheuse de l'Université Dalhousie, à Halifax.
Aucune carcasse de baleine noire n’a encore été trouvée cette année dans le golfe.
À pareille date l’an dernier, six baleines avaient été trouvées mortes et d’autres s’étaient prises dans des engins de pêche.
Cela indique, selon la chercheuse Kim Davies, que les mesures du fédéral ont porté leurs fruits.
« Il n’y a aucun doute que le fait d’avoir fermé des zones de pêche a permis de réduire le risque d’empêtrement des baleines [dans des cordages de pêche] de façon importante », déclare-t-elle.
Le gouvernement optimiste, mais prudent
Le ministère des Pêches et des Océans (MPO) dresse aussi une lecture positive de la situation. Des biologistes du ministère se sont montrés satisfaits des mesures de protection, lors d’un point presse informatif par téléphone vendredi.
Jusqu’à maintenant, leur principal critère de réussite a été atteint: aucune baleine noire n’a été retrouvée morte en eaux canadienne cette année.
Toutefois, comme les baleines peuvent encore réserver leur lot de surprise, le MPO reste prudent. Des carcasses peuvent encore être découvertes cet été, rappellent ses porte-parole.
D'ailleurs, une amende a été donnée pour un bateau qui circulait à vitesse trop élevée dans les zones de protection des baleines. Cinq autres potentielles infractions similaires sont en évaluation et pourraient recevoir des contraventions.
Les avions du ministère accumulent plus de 500 heures de vol cette année depuis le mois d’avril pour localiser les baleines noires, selon les informations du MPO.
Des mesures impopulaires chez les pêcheurs
Les mesures ont toutefois été décriées par les pêcheurs de crabe et de homard. Ils les trouvaient draconiennes et prématurées, en début de saison, puisqu’une vaste zone a été fermée avant même que les premières baleines noires soient signalées dans le golfe.
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Les pêcheurs de homard ont demandé de pouvoir pêcher dans des eaux peu profondes fermées à la pêche, ce que Pêches et Océans Canada leur a refusé.
Éliminer tous les risques
Selon Kim Davies, Ottawa avait raison : il ne fallait courir aucun risque.
« Des baleines noires peuvent approcher la côte de très près. On le voit souvent dans la baie de Cape Cod et dans le golfe du Maine. On en a parfois vu près de la côte dans le golfe du Saint-Laurent », dit-elle.
La population de baleines noires n’est plus que de 450 dans le monde, environ, dont une centaine de femelles en âge de procréer.
Depuis janvier 2017, 19 baleines noires ont été trouvées mortes dans le golfe du Saint-Laurent ou dans les eaux au large de la Nouvelle-Angleterre, soit 4 % de la population.
Des nécropsies pratiquées sur sept carcasses l’an dernier ont permis de déterminer que quatre de ces baleines avaient succombé à des collisions avec des navires, tandis que trois autres sont mortes, selon toute probabilité, après s’être prises dans des engins de pêche.
Une migration prévisible
Le parcours migratoire des baleines noires cette année a contribué au succès des mesures de protection, croit Mme Davies. Elles se sont rendues là où on les attendait, dans le golfe du Saint-Laurent.
Depuis le début de l'année, 111 baleines noires ont été vues dans les mêmes zones du golfe où elles s'étaient rendues lors des trois années précédentes.
Kim Davies fera partie d’une équipe qui se rendra dans le golfe dans deux semaines pour étudier les baleines noires. Elle observera leur comportement, et les résultats de cette mission pourraient permettre à Ottawa d’ajuster ses mesures de protection afin de les rendre encore plus efficaces.
Parallèlement, des avions survolent régulièrement la zone pour mieux cerner les habitudes migratoires des baleines. Ces relevés aériens vont se poursuivre cet automne.
Mme Davies espère que ces efforts permettront entre autres de découvrir où les mères allaitent leurs baleineaux. Ces zones ne sont pas définies avec certitude et certaines pourraient se trouver dans les eaux canadiennes, selon elle.
En les découvrant, il sera possible d’adopter des mesures de protection additionnelles pour donner à l’espèce de meilleures chances de survie, explique-t-elle.
Avec les informations de Carolyn Ray, CBC