Des archéologues s'intéressent à des bûcherons morts de la grippe espagnole à Sainte-Irène

Des objets ont été installés sur le site au fil des ans, pour se souvenir des neuf victimes de la grippe espagnole.
Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les histoires tragiques concernant la grippe espagnole font encore parler, cent ans plus tard. Une d'entre elles concerne un groupe de bûcherons de Sainte-Irène presque tous emportés par le virus. Les archéologues de l'Université du Québec à Rimouski (UQAR) s'intéressent à ce pan de l'histoire de cette petite municipalité de la Vallée de la Matapédia, au Bas-Saint-Laurent.
Un texte de Jean-François Deschênes
L'équipe de l'UQAR a trouvé de nombreux artéfacts durant la semaine passée à l’endroit que les gens de la Vallée de la Matapédia nomment : le site de la grippe espagnole.
Les chercheurs tentent maintenant de déterminer quels sont les objets qui appartiennent à l'époque où 9 bûcherons auraient été emportés par le virus mortel et ceux déposés après.
L'objectif était de déterminer le potentiel archéologique de l'endroit , comme l'explique la professeure en géographie de l’UQAR, Manon Savard. Malheureusement, la partie au centre a été très remaniée, donc au niveau du potentiel archéologique, c'est moins intéressant, mais autour, le long de la rivière, là, il y a un potentiel intéressant.

La professeure de l'UQAR,Manon Savard, montre les artéfacts retrouvés sur le site à des membres de la famille Gauthier, originaire de la région.
Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes
Le site a été longtemps enveloppé d'une aura de mystère.
Un homme y aurait habité durant un certain temps après l’épisode de la grippe.

Ces bouteilles de gin auraient été déposées sur le site il y a une centaine d'années croit Manon Savard.
Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes
Mais c’est lorsque les premiers éléments de commémorations ont été installés, dans les années 1970, que le site a commencé à être davantage fréquenté par les gens de la région.
Cette évolution du site intéresse grandement le professeur d’histoire et d’archéologie de l’UQAR Nicolas Baudry.
C'est un site fort. On le sent par l'intérêt que les gens portent pour notre travail et notre présence ici et les visiteurs, le fait que le site soit fréquenté et entretenu.

Des panneaux explicatifs ont été installés sur le site par les organismes de la région dans les dernières années.
Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes
Nombreux curieux et visiteurs
La famille Gauthier connaît bien le site pour l'avoir visité à quelques reprises.
Véronique Gauthier se souvient très bien de l’histoire des bûcherons que racontait son père lorsqu’elle était jeune.
Elle est fascinée par les recherches des archéologues. Je suis très heureuse aujourd'hui de savoir que le site va être mis en valeur.
C'est impressionnant. Il y avait le camp, on le voyait comme il faut. Il y avait des vestiges, mais on ne parlait pas d'archéologie dans le temps

L'équipe de l'UQAR était composée huit professeurs, assistants et étudiants.
Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes
Le premier qui aurait entretenu le site, c’est Roger Delaunais. Par la suite, des organismes locaux ont pris la relève.
Il dit avoir rencontré l'unique survivant du camp de bûcheron qui aurait d’ailleurs habité le site quelques années et lui aurait promis de faire connaître cette histoire. Ma rencontre avec monsieur David Perron sur le Site de la grippe espagnole m'a vraiment impressionnée.
J'ai été surpris de voir le drame qui s'était passé là. Pour moi c'était épouvantable.

Roger Delaunais a écrit un livre sur le sujet.
Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes
Site touristique
Quant au maire de Sainte-Irène, il songe à utiliser le résultat du travail des archéologues pour installer un lieu commémoratif au centre de la municipalité et ainsi faire connaître cette histoire aux résidents, mais aussi peut-être pour attirer quelques touristes.
Il ne croit pas modifier les installations sur le site en pleine forêt, histoire de préserver les lieux dans l’état actuel.

Site de la grippe espagnole
Photo : Radio-Canada / Jean-Francois Deschenes