Des algues pour nourrir les vaches?

Des chercheurs voudraient réussir à inclure les algues dans l'alimentation des animaux d'élevage.
Photo : Jean-Pierre Perouma
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Utiliser des algues pour nourrir des vaches et rendre l'élevage plus écologique : voilà l'objectif ultime de chercheurs ayant mené des travaux au Centre canadien de rayonnement synchrotron, à Saskatoon. Et leurs récentes découvertes pourraient bien leur permettre de se rapprocher de leur but.
Un texte de Miriane Demers-Lemay
« Nous avons découvert de nouvelles façons de digérer les sucres complexes [présents dans les algues], que nous ne pensions même pas possibles pour l’élevage », explique Wade Abbott, chercheur du Centre de recherche et de développement de Lethbridge.
Une découverte qui, il espère, pourrait permettre d'inclure les algues dans l'alimentation des animaux d'élevage.
« Nous pourrions ainsi cesser de nourrir le bétail avec des céréales propres à la consommation humaine », croit M. Abbott. Il ajoute que les algues sont riches en micronutriments et qu’elles peuvent agir comme des probiotiques, en favorisant la croissance de bonnes bactéries au sein de la flore intestinale.

Algues
Photo : Radio-Canada
Mais il peut être ardu de digérer efficacement ces algues et retirer l’énergie de leurs sucres complexes. Ce qui peut, selon M. Abbott, constituer un obstacle pour l’utilisation immédiate des algues dans l’alimentation animale.
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M. Abbott et d’autres chercheurs albertains ont été capables de décortiquer le processus de digestion de certaines algues. Ils ont identifié quelles bactéries ont la capacité d’extraire les nutriments des algues, et de quelle façon fonctionnent ces bactéries.
Des découvertes qui ont été possibles grâce à la technologie du Centre de rayonnement synchrotron, un accélérateur de particules situé à Saskatoon qui permet de scruter la composition microscopique de la matière.
Cela ouvre de nouvelles portes pour façonner la composition des microbiomes.
« Une vache du Québec et une vache de l’Alberta n’auront pas nécessairement les mêmes bactéries dans leur flore intestinale, explique M. Abbott. Si nous pouvons isoler et cultiver les bactéries capables de digérer les algues, nous pouvons ensuite les injecter aux vaches dépourvues de ces bactéries bénéfiques. »
Mais beaucoup de travail reste à faire avant d’arriver à ce résultat. Jusqu’à présent, l’équipe de chercheurs a concentré ses efforts sur la digestion des algues chez l’humain.
« On veut savoir si ces bactéries et ces enzymes sont présentes chez les animaux d’élevage », dit M. Abbott, qui se montre très optimiste. Il croit que le même type de bactéries pourrait coloniser la flore intestinale du bétail. « Il faut seulement les trouver ! », conclut-il.