L’Ouest canadien, terre d'accueil du tourisme francophone

Marché Saint-Norbert, à Winnipeg, au Manitoba
Photo : Courtoisie : CDEM/Corridor de l'Ouest canadien en français
Offrir des services en français dans l'Ouest canadien est un défi dans tous les secteurs. C'est particulièrement vrai dans l'industrie touristique, les voyageurs pouvant choisir entre des centaines de destinations. Cela n'empêche pas les intervenants du milieu touristique d'innover afin de convaincre Québécois, Belges, Suisses et Français de passer à l'ouest.
Un texte de François Joly
Manitoba : de Saint-Boniface à la ferme
Le Manitoba mise avant tout sur son héritage francophone pour séduire les touristes, en particulier les Québécois. Pour plusieurs, le séjour débute encore dans le quartier Saint-Boniface, explique l’agente de liaison et de développement de produits touristiques au Conseil de développement économique du Manitoba, Sylvie Foidart.
C’est le coeur de la francophonie. C’est là qu’il y a encore le plus de densité, le plus de services à offrir aux touristes. De là, on peut les envoyer en milieu rural pour avoir une autre expérience.
Le Manitoba mise entre autres sur les Québécois qui voyagent à bord de leur véhicule récréatif, explique-t-elle. « Ça fait une dizaine d’années qu’on va au Salon du véhicule récréatif à Montréal, où on parle aux Québécois pour les convaincre de venir au Manitoba, raconte-t-elle. Beaucoup de gens s’arrêtent et nous envoient des photos. Ils restent quatre jours en moyenne. »
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Les organismes touristiques francophones du Manitoba sont également présents en ligne et sur les réseaux sociaux. « Comme on fait ça depuis longtemps, on a une bonne base de données sur qui nous consulte, explique Julie Foidart. Ça nous permet de faire notre marketing plus efficacement. »
Ranch 9 Finger à Rossburn au Manitoba, un reportage de Sandra Poirier
Photo : Radio-Canada / Sandra Poirier
Saskatchewan : se démarquer dans les Prairies
Pour ce qui est du tourisme francophone en Saskatchewan, la tâche est plus ardue qu'en Alberta ou en Colombie-Britannique, reconnaît le conseiller en développement économique au Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CECS), Jean de Dieu Ndayahundwa.
Cependant, nous avons d’autres spécificités au niveau du tourisme, que ce soit au niveau de la chasse et de la pêche. Il y a des lieux touristiques vraiment uniques, ici, en Saskatchewan.

Chasse à l'ours en Saskatchewan : Bruno Ouellette est venu plus d’une douzaine de fois en Saskatchewan pour agrandir son tableau de chasse. Regardez le reportage de Lise Ouangari, « Le monde des pourvoiries : un voyage de luxe très ciblé ».
Photo : Radio-Canada
« Des études ont démontré qu’il y a beaucoup de touristes qui aimeraient être servis en français quand ils viennent au Canada et, plus précisément, ici, dans les provinces de l’Ouest », explique Jean de Dieu Ndayahundwa.
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C’est pourquoi le CECS essaie de créer un concept qui permettrait de mettre de l’avant les entreprises touristiques qui offrent des services en français. Le CECS travaille aussi à sensibiliser les entreprises touristiques anglophones à l’importance d’intégrer le français dans leur offre de services.
« Depuis 2013, nous avons essayé de sensibiliser la plupart des entreprises touristiques au fait que le français peut apporter une valeur ajoutée à leur entreprise », dit Jean de Dieu Ndayahundwa.
Pour la prochaine année, le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan se concentre, entre autres, sur le la mise au point d’un outil pour mesurer les retombées économiques du tourisme francophone dans la province. « C’est à partir de ces résultats que l’on connaîtra l’impact de nos programmes et de nos projets », dit Jean de Dieu Ndayahundwa.
Alberta : l’empire du Far West
À l’inverse du Manitoba, en Alberta, c’est vers les villes qu’on tente d’attirer certains touristes. La tâche est difficile, tant l’intérêt pour les montagnes et les grands espaces demeure grand chez les touristes européens.
« Quand ils ne sont jamais venus au Canada, c’est sûr que ça reste un mythe », admet la directrice du développement touristique et entrepreneurial au Conseil de développement économique de l’Alberta (CDEA), Julie Fafard.
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« Tourisme Calgary fait beaucoup d’efforts. Les gens d’habitude atterrissent et s’en vont tout de suite à Banff. On essaie de les avoir une nuit au moins, ajoute-t-elle. Moi, depuis des années, je fais des efforts pour amener des gens à Edmonton et dans le nord-est, où on a des communautés francophones. »
Au coeur des efforts pour développer davantage le tourisme francophone se trouve le Corridor patrimonial, culturel et touristique francophone, une initiative qui vise à mettre en valeur les activités touristiques en français, partout au Canada. Une trentaine de sites albertains en font partie.
On a mis en valeur nos champions de la francophonie. Ce sont plein de petits endroits au centre de la province, comme le corridor Morinville-Legal-Saint-Albert.

Plongée sous-marine au coeur des montagnes, le reportage de François Joly
Colombie-Britannique : une image à construire
Sur la côte ouest, le tourisme francophone est moins développé que de l’autre côté des Rocheuses, reconnaît Nicole Smith MacGregor, gestionnaire de projet et tourisme à la Société de développement économique de la Colombie-Britannique.
Elle ajoute toutefois que la côte ouest dispose d’un grand potentiel, en particulier pour attirer des touristes européens. L’accent sera mis sur la culture francophone, mais aussi sur l’industrie vinicole.
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« On est en train de travailler avec la province pour développer ce tourisme, que ce soit à Victoria, dans la vallée du Fraser, on est en train de travailler avec Maurice Guibord de la Société historique, explique-t-elle. Dans l’Okanagan, il y a la mission du père Pandosy. S'il n'avait pas existé, il n'y aurait pas de vignobles canadiens! C’est donc l’histoire, le patrimoine français, les pionniers, et l’apport des francophones au développement culturel et économique de la province. »
Comme ailleurs dans l’ouest, de nombreux touristes européens souhaitent également découvrir la culture autochtone.
Les Québécois ne viendront pas chercher le multiculturalisme ni la culture autochtone, mais les Français sont très, très attirés par la culture autochtone à travers leurs traditions et l’art, très intéressés par la cuisine locale, par la cuisine fusion, nos vins, pour comparer avec les vins français.

« La Colombie-Britannique : La mecque du vélo de montagne », un reportage de Julie Landry et Denis Dossman.
Avec les informations de Julie Landry, Sandra Poirier et Lise Ouangari