Les déchets plastiques, de nos cours d'eau jusqu'aux océans
Des déchets recueillis sur les berges du fleuve Saint-Laurent, à Montréal.
Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair
Avant d'arriver dans nos océans, beaucoup de déchets circulent dans les cours d'eau. Si ce sont surtout des fleuves asiatiques qui contribuent au phénomène, des milliers de tonnes de plastique sont tout de même jetées chaque année dans les cours d'eau canadiens. L'enjeu est au menu des discussions du sommet du G7.
Un texte de Raphaël Bouvier-Auclair
Jimmy Vigneux s’est donné une mission. Il a lancé un appel pour ramasser 10 tonnes de déchets sur les berges des cours d’eau du Québec au cours des prochains mois. En quelques semaines, trois tonnes ont déjà été recueillies.
Des corvées sont organisées un peu partout pour éviter que ces déchets se retrouvent dans les océans.
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Une étude publiée dans la revue Nature communications il y a un an soulignait qu’entre 1,15 et 2,41 millions de tonnes de plastique qui proviennent des fleuves se jettent dans les océans chaque année.
Selon l'étude, 20 fleuves sont la source des deux tiers de ces déchets. Les cours d’eau les plus pollués, comme le fleuve chinois Yangtze, sont surtout situés en Asie.
Aucun fleuve canadien n’est compris dans la liste des 20 cours d’eau qui contribuent le plus au plastique dans les océans.
N’empêche, selon le gouvernement fédéral, 8000 tonnes de plastique ont été envoyées dans les cours d’eau canadiens en 2010.
En 2014, des chercheurs de l’Université McGill ont par ailleurs prouvé la présence dans le fleuve Saint-Laurent de microbilles de plastique, qui proviennent entre autres de produits cosmétiques.
Ces particules finissent elles aussi par se retrouver dans les océans. L’Atlantique et le Pacifique sont touchés, mais aussi l’Arctique, comme le note le professeur du département de biologie à l’Université Laval Philippe Archambault.
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En chiffres :
- 8 millions de tonnes de déchets de plastique se retrouvent chaque année dans les océans.
- 8000 tonnes de déchets de plastique ont été envoyées dans les cours d'eau canadiens en 2010.
- En 2050, le poids des déchets de plastique pourrait surpasser celui des poissons dans les océans.
En attente de solutions politiques
Les produits de plastique à usage unique, comme les bouteilles d’eau et les pailles, sont de plus en plus souvent montrés du doigt.
Il y a quelques semaines, la Ville de Vancouver a par exemple voté l’interdiction de distribuer des pailles en plastique. L’Union européenne a aussi proposé des mesures, dont l’interdiction de certains produits de plastique à usage unique.
Le thème devrait s’inviter dans les discussions du G7.
Selon la scientifique québécoise Lyne Morissette, une approche concertée et prudente est nécessaire. Elle croit que tout virage vert doit être accompagné d’aide gouvernementale de transition et de politiques d’éducation.
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La ministre de l’Environnement et du Changement climatique s’exprime sur la problématique du plastique qui envahit nos océans.
Photo : Radio-Canada
L’industrie canadienne du plastique offre sa contribution
Au pays, l’industrie assure y mettre du sien pour combattre la pollution des cours d’eau et des océans.
L’Association canadienne de l’industrie des plastiques a par exemple annoncé cette semaine qu’elle avait pour objectif que tous les emballages de plastiques soient recyclables ou récupérables d'ici 2030.
Selon Bob Masterson de l’Association canadienne de l’industrie de la chimie, Ottawa et ses partenaires du G7 doivent surtout aider les pays qui contribuent beaucoup à la présence du plastique dans les océans, en leur offrant « une aide technique et financière d’urgence pour avoir accès à des services de gestion des déchets modernes ».