Martine Ouellet quitte son poste de chef du Bloc québécois

Après avoir perdu son vote de confiance, Martine Ouellet quittera ses fonctions de chef du Bloc québécois le 11 juin prochain.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Après avoir réglé ses comptes avec ses adversaires, Martine Ouellet, qui a obtenu 32 % d'appuis lors d'un vote de confiance dimanche, a annoncé lundi qu'elle quittera ses fonctions le 11 juin, après sa participation à une dernière réunion du bureau national.
Au cours d'une allocution d'une trentaine de minutes, Mme Ouellet a écorché les sept députés qui ont claqué la porte du parti en février, le président de la formation politique, Mario Beaulieu, ainsi que l'ex-chef du Bloc Gilles Duceppe.
Elle a ensuite déposé les armes et a déclaré qu'elle n'était pas venue au Bloc pour y défendre des intérêts personnels, mais bien une cause, celle de la « République du Québec ».
Je suis venue au Bloc québécois pas pour un titre, je suis venue au Bloc québécois pour une cause.
La politicienne semblait touchée par le résultat du référendum du week-end, au cours duquel 67 % des membres ont tourné le dos à son leadership. Elle a notamment évoqué les hauts et les bas de la vie politique.
« Depuis plus d’un an, j’ai vu et j’ai vécu ce qu’il y a de plus beau dans le mouvement indépendantiste : la force de ses gens, la force de ses idées. Mais j’ai vécu aussi et j’ai vu le plus laid de ce qu’on peut voir en politique : les grandes faiblesses du mouvement et les attaques », a-t-elle lancé.
Piquée par le fait que ses adversaires lui aient reproché d’avoir voulu parler de l’indépendance du Québec sur toutes les tribunes plutôt que de défendre les intérêts du Québec à Ottawa, Martine Ouellet a avoué son incompréhension devant ce discours. Ses adversaires, selon elle, n’aiment pas l'idée de parler d'indépendance, ce qui est pourtant inscrit dans l’article 1 de la charte du parti.
Ce même article 1 a été approuvé par 65 % des membres lors du référendum de la fin de semaine, a-t-elle rappelé.
Pour moi, le travail d’un parti indépendantiste à Ottawa, ce n’est pas d’améliorer le régime canadien, c’est d’en sortir.
Les députés démissionnaires et la vieille garde
Mme Ouellet a profité de sa dernière apparition publique en tant que chef pour attaquer une nouvelle fois les sept députés qui ont claqué la porte du parti en février dernier. Elle leur reproche de s’être alliés avec la « vieille garde » pour torpiller son leadership et renverser des décisions prises « démocratiquement » par le parti.
Elle est persuadée qu'ils sont davantage motivés par la peur de perdre leur siège que par la réalisation du projet indépendantiste.
« Les députés démissionnaires appuyés par la vieille garde, par le vieil establishment du Bloc québécois […] se sont permis d’utiliser tous les moyens pour renverser les décisions démocratiques des membres. Coulage, sabotage, attaques personnelles, médisance », a dénoncé Martine Ouellet, visiblement amère.
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Trahie par Mario Beaulieu
Pour ce qui est de son peu d'appui chez les membres du parti, qui ont voté pour son maintien en poste à 32 % au cours du week-end, il s’agit, selon elle, du résultat de la « campagne agressive de dénigrement et d’intimidation » menée par Mario Beaulieu.
Elle a par ailleurs accusé le président du parti d’avoir trahi sa parole et de l’avoir laissée tomber au moins quatre fois pendant les mois qu’elle a passés à la tête du parti.
Mario a viré sa veste de bord. Ça ressemble à une deuxième capitulation de Mario Beaulieu et à un deuxième retour en arrière, à l’ère Duceppe.
Gilles Duceppe s'est « acharné », déplore Martine Ouellet
Se disant très fière du travail qu’elle et le bureau national ont accompli malgré les vents contraires, Martine Ouellet a écorché au passage, sans le nommer, l’ex-chef du Bloc Gilles Duceppe, qui a critiqué à plusieurs reprises au cours des dernières heures les orientations que prenait le Bloc dans ce nouveau programme.
Selon Gilles Duceppe, le dernier projet de plateforme électorale du parti traite davantage de questions qui relèvent de la compétence du gouvernement du Québec que d’enjeux qui touchent les champs de compétence du fédéral, où le Québec doit selon lui faire valoir et défendre ses intérêts, ce qui est à son avis le vrai mandat d’un parti souverainiste à Ottawa.
Rappelant que la proposition principale de la plateforme avait été reçue et adoptée unanimement par les membres lors du dernier conseil général du Bloc, Martine Ouellet a dénoncé les manoeuvres de « l’ancien chef qui continue à s’acharner pour renverser des décisions démocratiques des membres ».
Un ancien chef qui fait un appel à renverser une décision unanime des instances. Et c’est moi qu’on traite d’intransigeante et de pas rassembleuse. Qui divise les membres du Bloc québécois?
« Poser la question, je vous le dis, c’est y répondre », a ajouté Martine Ouellet.
« Le mouvement est malade »
Après avoir navigué en pleine tempête pendant des mois à la barre du Bloc québécois, Martine Ouellet a expliqué aux journalistes en être arrivée au constat voulant que le mouvement souverainiste soit en fait son pire adversaire.
« Le principal obstacle à la réalisation de la République du Québec provient de l’interne du mouvement souverainiste et indépendantiste. Ce n’est pas normal. Le mouvement, il est malade. Si toutes les énergies qui ont été déployées en petites luttes internes, intestines, fratricides avaient été déployées à réaliser la République du Québec, je suis convaincue qu’aujourd’hui, ce serait chose faite. »
Mais il n’est jamais trop tard, il n’y a pas de limite à la volonté d’un peuple d’atteindre sa pleine liberté.
Réitérant qu’elle n’est pas venue au Bloc pour porter un titre, mais bien pour porter une cause, Martine Ouellet a assuré, sans donner davantage de détails sur son avenir, qu’elle va continuer à oeuvrer pour la cause indépendantiste et que « rien n’est terminé » pour elle.
Après l'annonce de Martine Ouellet, le Parti québécois a indiqué qu'il ne tiendrait pas de point de presse pour l'heure.
Il s'est contenté de signifier qu'il prenait « acte de sa décision de quitter la direction du Bloc québécois et de ne pas être candidate aux élections du 1er octobre ».