Mères porteuses : le projet de loi Housefather trouve des appuis au N.-B.

Véronique Morrison, de Bathurst, a été mère porteuse pour un couple européen.
Photo : Radio-Canada / François Vigneault
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une mère de Bathurst qui a déjà porté un enfant pour un couple européen appuie fermement un projet de loi fédéral qui permettrait aux mères porteuses d'être rétribuées.
Un texte de François Vigneault
La mesure législative d'Anthony Housefather, déposée récemment à la Chambre des communes, vise à décriminaliser le fait d'être payé pour porter un enfant ou pour faire un don de sperme ou d'ovules.
Véronique Morrison, de Bathurst, a donné naissance en avril 2017 à un petit garçon, un enfant qu'elle a porté pour un couple européen. Ce projet, elle le caressait depuis un certain temps déjà.
« Je voulais vraiment pouvoir dire à une personne : "C'est vous autres que je choisis, vous allez être capables d'avoir un enfant". J'avais vraiment envie de vivre ça. Donc c'est pour ça que j'ai décidé d'embarquer dans le projet. »
Évidemment, elle n'a pas été payée puisqu'il est illégal au Canada, actuellement, d'être rétribuée pour être mère porteuse. Elle a seulement eu droit au remboursement des dépenses liées à sa grossesse : « Les achats de médicaments, les achats de vêtements, les déplacements à mes rendez-vous, les déplacements à la clinique, la clinique de procréation à Toronto », énumère-t-elle.
Appui au projet de loi
Elle voit d'un bon œil les changements proposés par le député libéral de la circonscription de Mont-Royal, au Québec. Les mères porteuses méritent d'être payées, dit-elle, en raison notamment du temps précieux qu'elles investissent dans leur mission.
« Le temps avec ta famille, le temps personnel, les heures réduites à ton travail, tout l'impact que ça a sur ton corps, donc pour toutes ces raisons-là », dit-elle

Véronique Morrison en compagnie de son conjoint et de ses deux enfants.
Photo : Gracieuseté
Elle ne croit pas, comme le craignent certains, que la mesure proposée incitera les femmes les plus pauvres à devenir mères porteuses. Selon elle, les critères proposés sont très sévères. Elle donne l'exemple de la clinique de procréation assistée de Toronto, Surrogacy in Canada Online, avec laquelle elle a fait affaire.
« Voir un médecin, passer beaucoup de tests, il fallait avoir un certain poids. L'agence nous demandait d'être en couple et avoir un travail. »
C'est sans compter une entrevue de deux heures qu'elle a dû subir en compagnie de son conjoint pour être acceptée comme mère porteuse.
Embryon de cinq jours
Dans le cas de Véronique Morrison, on lui a implanté un embryon de quelques jours à peine.
« C'était une donneuse d'ovule; le spermatozoïde était du père. Ils ont fait un embryon, il a progressé jusqu'à cinq jours, puis ils ont implanté l'embryon. »
Pratiquement tout de suite après l'accouchement, elle a remis l'enfant aux nouveaux parents sans aucune hésitation. Elle n'éprouvait aucun attachement particulier au bébé étant donné qu'il n'avait rien d'elle ou de son conjoint.
« Pas du tout. Je le savais vraiment que j'avais cette qualité-là pour le faire parce que je le savais, que je ne me serais pas attachée à une grossesse qui ne m'appartenait pas, là. »

Véronique Morrison tient dans ses bras le petit garçon qu'elle a mis au monde, peu de temps après l'accouchement.
Photo : Gracieuseté
Elle a été en mesure de comparer puisqu'il ne s'agissait pas de sa première grossesse; elle avait eu deux enfants auparavant.
Elle ne souhaite pas nécessairement revoir le petit garçon qui s'est formé dans son ventre et qui vit maintenant en Europe, sauf peut-être si les parents le lui demandaient.
« C'est pas quelque chose dont j'ai vraiment besoin dans ma vie, ça peut arriver ou non, c'est correct, là, oui. »
Elle précise que si un jour elle redevient mère porteuse, le fait de pouvoir être payée ou non n'aura aucune influence sur sa décision, puisqu'elle ne le fait pas pour l'argent, dit-elle.