Tournoi de hockey à Québec : des joueurs des Premières Nations victimes d'insultes à caractère raciste

Une équipe de hockey constituée de joueurs des Premières Nations affirme avoir été victimes d'insultes à caractère raciste lors d'un récent tournoi de hockey printanier à Québec.
Photo : Tommy H. J. Neeposh
Une équipe de hockey constituée de joueurs des Premières Nations, dont un de l'Outaouais, affirme avoir été victime d'insultes à caractère raciste et avoir été injustement traitée par des arbitres lors d'un récent tournoi de hockey à Québec.
La Coupe Challenge Québec AAA a eu lieu du 25 au 27 mai au Complexe sportif de L'Ancienne-Lorette. Elle comprenait l'équipe des Élites bantam AAA des Premières Nations, composée de joueurs de 13 et 14 ans de plusieurs communautés autochtones du Québec, de l’Ontario et de la Nouvelle-Écosse.
Selon de nombreux parents, joueurs et le responsable des Élites, Tommy H. J. Neeposh, les joueurs ont été qualifiés de « sauvages » par au moins un entraîneur et quelques spectateurs. Des adversaires auraient aussi imité un « cri de guerre » stéréotypé sur la glace.
« Ils faisaient des cris d’Indiens en avant de l’arbitre. Je l’ai vu rire avec les jeunes. Ils se moquaient de nos garçons. On a fait une plainte à l’organisation », a déclaré Tommy H. J. Neeposh.
Insultes enregistrées sur un téléphone intelligent
M. Neeposh a filmé la presque totalité d'un match de demi-finale. Selon lui, l'arbitre en chef a imposé des sanctions injustes contre les Élites.
La vidéo montre au moins quatre joueurs de l’équipe des Premières Nations qui sont assis au banc des pénalités.
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Un joueur de la région de Gatineau s'est senti humilié
Julien Marshall, âgé de 14 ans, a participé au tournoi de hockey en portant les couleurs de l’équipe des Premières Nations. Sa famille est originaire de la Première Nation de Millbrook, une communauté micmaque de la Nouvelle-Écosse.
Il a dit que les problèmes avaient commencé lors du premier match du tournoi. Après la partie, remportée par les Élites des Premières Nations par un pointage de 2-1, les membres de l'équipe adverse ont commencé à imiter un « cri de guerre » tout en frappant leurs bouches avec leurs mains.
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« Je suis allé calmement et poliment vers un juge de ligne pour lui dire que c’était un geste raciste », a expliqué Julien Marshall, précisant que l'arbitre n'a rien fait et l'a renvoyé à la ligne bleue comme s'il « [avait] tort ».
L'adolescent de Cantley, en Outaouais, est d’avis que l’arbitre n’a pas été à l’écoute et ça l’a mis en colère.
Christina Gull, la mère du joueur Trent Gull Ottereyes de Waswanipi, âgé de 14 ans, a déclaré qu'elle était également blessée et irritée par ce qu'elle a vu et entendu.
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Le DJ aurait fait jouer de la musique de pow-wow lorsque l’équipe des Premières Nations était sur la glace.
« Des parents nous appelaient les sauvages », ajoute Christina Gull.
Le père de Julien Marshall, Rod Marshall, affirme que ce genre de situation s'observe régulièrement et que ce n'est pas seulement à Québec que les joueurs autochtones sont victimes de commentaires ou de gestes racistes.
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Selon lui, les organismes sportifs et les commissions scolaires ont une responsabilité d'éduquer les jeunes sur les questions raciales.
« Ça ne touche pas juste les Autochtones, ça touche aussi les joueurs noirs ou d'origine asiatique », fait-il valoir.
Le grand chef de la Nation huronne-wendat, Konrad Sioui, va plus loin. Il soutient que les insultes proférées à l'endroit de jeunes hockeyeurs autochtones témoignent d'une culture d'ignorance et de banalisation du racisme envers les Premières Nations.
L'organisateur dit que peu de choses peuvent être faites
La Coupe Challenge Québec AAA est un tournoi organisé depuis 20 ans par les Bulldogs de Québec. Les Bulldogs tiennent quatre tournois distincts au cours du mois de mai, dont la Coupe Challenge, mentionne Richard Sévigny, vice-président de l'équipe et organisateur.
Il a déclaré qu'il n'était pas présent lors des matchs auxquels les joueurs des Premières Nations ont participé, mais qu'il a fait des efforts particuliers pour inclure l'équipe des Élites, l'aidant même à s'inscrire au tournoi.
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Il a affirmé que les gestes décrits sont regrettables et déplorables, mais a insisté sur le fait qu'il ne pouvait pas faire grand-chose au sujet du comportement sur la glace et dans les tribunes.
« Ce qui se passe sur la glace entre les jeunes, nous ne pouvons pas contrôler cela », a dit M. Sévigny.
Il a souligné qu'on lui avait rapporté que certains des joueurs des Premières Nations criaient aussi des commentaires racistes à l'arbitre.
« Les joueurs [autochtones] sont-ils blancs comme neige? Je ne sais pas », a-t-il affirmé. « Les joueurs [non autochtones] étaient-ils un peu arrogants? Nous organisons simplement le tournoi. »
En ce qui concerne les plaintes contre l'arbitre, M. Sévigny a mentionné que le mieux qu'il pourrait faire serait de ne pas le recruter pour les autres tournois.