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Les Irlandais appuient largement la légalisation de l'avortement

Deux femmes, l'une frisée, l'autre non, s'enlacent. Celle de gauche sourit, entourée par la foule.

Des scènes de liesse ont éclaté devant le chateau de Dublin lors de l'annonce des résultats du référendum.

Photo : Getty Images / Jeff J Mitchell

Radio-Canada

Le « oui » a obtenu 66,4 % des voix lors du référendum historique en Irlande sur la libéralisation de l'avortement, selon les résultats définitifs publiés samedi.

Les électeurs irlandais se sont prononcés dans une large majorité pour une libéralisation de la législation sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), actuellement l'une des plus restrictives d'Europe, selon les résultats définitifs. La participation est particulièrement élevée, à plus de 64 %.

Le seul comté dans lequel le « non » l'a emporté est celui de Donegal, en Irlande du Nord, selon les informations de la BBC.

Le premier ministre irlandais Leo Varadkar a estimé samedi que le « oui », donné largement en tête du référendum sur la libéralisation de l'avortement en Irlande, constituait « l'aboutissement d'une révolution tranquille ».

« Ce que nous voyons aujourd'hui, c'est l'aboutissement d'une révolution tranquille qui s'est déroulée en Irlande au cours des 10 ou 20 dernières années », a-t-il déclaré sur la chaîne publique RTE.

Les gens ont parlé. Ils ont dit que nous avons besoin d’une constitution moderne pour un pays moderne.

Une citation de Le premier ministre irlandais Leo Varadkar
Le premier ministre irlandais Leo Varadkar a voté à Dublin.

Le premier ministre irlandais Leo Varadkar a voté à Dublin.

Photo : Reuters / Max Rossi

M. Varadkar a indiqué que les électeurs « font confiance aux femmes et les respectent quant à leur capacité de faire de bons choix et de prendre de bonnes décisions concernant leur santé ».

Leo Varadkar, premier chef de l'exécutif ouvertement homosexuel, a indiqué que la nouvelle législation serait en place « avant la fin de cette année ».

Le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères Simon Coveney s'est dit « fier d'être irlandais » et de ce « résultat sensationnel qui apportera un changement fondamental pour le mieux ».

Le ministre de la Santé Simon Harris a précisé à l'AFP que l'exécutif se réunirait mardi pour discuter du projet de loi avec l'objectif de le présenter « à l'automne » au Parlement, où il devrait être adopté sans difficulté, les chefs des deux principaux partis d'opposition, Fianna Fail et Sinn Fein, soutenant la réforme.

Le gouvernement a proposé d'autoriser l'avortement pendant les 12 premières semaines de grossesse, et jusqu'à 24 semaines pour des raisons de santé.

Le camp du « non » vaincu

John McGuirk, porte-parole de la campagne « Sauvons le 8e amendement », qui militait pour l'interdiction de l'interruption volontaire de grossesse, a reconnu la victoire du camp pro-avortement avant le dévoilement officiel des résultats. Les premiers sondages donnaient le camp du « oui » vainqueur avec une large avance.

Les Irlandais se sont exprimés et « ont fait pencher la balance [en faveur du "oui"]. Nous aurions naturellement aimé qu’il en soit autrement », a-t-il déclaré.

Une femme quitte un bureau de vote sur le référendum au sujet de l'avortement en Irlande.

Près de 3,5 millions d'électeurs étaient appelés à se prononcer à l'issue d'une campagne âpre.

Photo : Associated Press / Peter Morrison

La consultation posait la question de l'abrogation du 8e amendement de la Constitution irlandaise, introduit en 1983, qui interdit l'avortement au nom du droit à la vie de « l'enfant à naître [...] égal à celui de la mère ».

Le référendum a eu lieu trois ans après la légalisation du mariage homosexuel, qui avait déjà provoqué un séisme culturel dans le pays de 4,7 millions d'habitants.

Mobilisation des jeunes

Le changement de législation était souhaité par 87 % des 18-24 ans et 83 % des 25-34 ans, tandis que les personnes de plus de 65 ans ont voté majoritairement contre (60 %). Le « oui » est aussi largement majoritaire chez les femmes (70 %).

La fracture est moins nette qu'attendu entre les centres urbains (favorables à l'avortement à 71 %, voire 77 % à Dublin) et les zones rurales (60 %) traditionnellement plus conservatrices.

Cora Sherlock, porte-parole de la « Pro Life Campaign », a fait part de sa déception sur Twitter. « S'ils sont exacts, les sondages de sortie des urnes dépeignent une situation très triste, a-t-elle réagi. L'avortement à la demande porterait un coup tragique à l'Irlande. »

Près de 3,5 millions d'électeurs étaient appelés à se prononcer à l'issue d'une campagne âpre. La mobilisation de l'électorat a été l'un des grands axes des militants anti et pro-avortement, les premiers misant sur un regain de l'Irlande rurale, tandis que les seconds ont fortement encouragé les jeunes à s'inscrire et à voter.

Des fleurs ont été déposées au pied de la murale représentant Savita Halappanavar, qui est morte après que des médecins eurent refusé de l'avorter alors qu'elle faisait une fausse couche, en 2012.

Des fleurs ont été déposées au pied de la murale représentant Savita Halappanavar, qui est morte après que des médecins eurent refusé de l'avorter alors qu'elle faisait une fausse couche, en 2012.

Photo : Reuters / Clodagh Kilcoyne

Après le décès de Savita Halappanavar, qui s'était vu refuser l'avortement alors qu'elle faisait une fausse couche, une réforme a été introduite en 2013. En vertu de ce texte, une exception est permise lorsque la vie de la mère est en danger.

L’avortement restait malgré tout interdit même en cas de viol, d'inceste ou de malformation du foetus, contraignant des dizaines de milliers de femmes à aller avorter à l'étranger au cours des 30 dernières années.

Changement de mentalités

La consultation, qui intervient à trois mois d'une visite du pape François en Irlande, traduit le déclin de l'influence de l'Église catholique, dont la puissante tutelle s'est érodée.

Selon Diarmaid Ferriter, professeur d'histoire irlandaise à la University College de Dublin, les mentalités ont profondément évolué depuis 1983.

À l'époque, le débat était dominé par des voix plus âgées, masculines, et l'Église se trouvait manifestement dans une position beaucoup plus puissante qu'aujourd'hui.

Une citation de Diarmaid Ferriter, professeur d'histoire irlandaise à l'University College de Dublin

« Le profil des militants des deux côtés est bien plus jeune aujourd'hui », a-t-il indiqué.

Avec les informations de Reuters et Agence France-Presse

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