Les Canadiens sont confus par rapport aux OGM

Le saumon est le premier animal génétiquement modifié offert aux consommateurs canadiens.
Photo : Associated Press / Ted S. Warren
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une grande confusion existe quant aux aliments contenant des organismes génétiquement modifiés (OGM), révèlent les résultats préliminaires d'une étude d'une université d'Halifax sur les attitudes et perceptions des Canadiens à l'égard du génie génétique.
« Les Canadiens sont confus », déplore Sylvain Charlebois, doyen de la faculté de gestion de l’Université Dalhousie et auteur principal de cette étude. Il croit que plus de transparence pourrait faire grand bien aux consommateurs, ainsi qu’à l’industrie agroalimentaire.
« Je blâme l’industrie, essentiellement, parce qu’on a complètement évacué le consommateur dans l’équation », dit-il.
Les OGM, selon la définition proposée aux répondants de l’enquête, sont des aliments qui ont été modifiés génétiquement d’une manière qui ne se produirait pas naturellement.
« On demande aux gens s’ils ont déjà acheté et consommé un produit [avec] un ingrédient génétiquement modifié » explique Sylvain Charlebois. « À peine 50 % des Canadiens ont dit oui, mais la réalité, c’est probablement 100 % ».

Sylvain Charlebois, professeur en politique alimentaire à l’Université Dalhousie
Photo : Radio-Canada
De 75 % à 80 % des produits qui se trouvent sur les étalages de supermarché contiennent au moins un ingrédient qui a été modifié génétiquement, estime M. Charlebois, ce qui témoigne de la manière déficiente dont cette information a été véhiculée au public.
Près de 90 % des répondants à l’étude se disent en accord avec l’étiquetage obligatoire des aliments qui contiennent des OGM. Cet étiquetage est présentement volontaire au Canada.
Un Canadien sur trois se méfie malgré le consensus scientifique
« Les produits ne contenant pas d’OGM, c’est une étiquette que les gens recherchent de plus en plus », explique M. Charlebois. « Ce qui est drôle, c’est que les gens ne semblent pas savoir ce que c’est, mais ils ont peur des trois lettres OGM. »
L’étude indique que 34,7 % des Canadiens croient que les OGM représentent un danger. C’est au Québec que l’on est le plus méfiant, 48 % des répondants entretenant une telle opinion. Les habitants des Prairies ne sont que 26 % à s’inquiéter des OGM, alors que dans les provinces de l’Atlantique 33 % de la population admet avoir une crainte.
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M. Charlebois croit que l’industrie pourrait offrir une plus grande transparence. C'est aussi ce que réclament clairement les Canadiens à la lumière des résultats préliminaires de l’étude.
« Ce n’est pas une question de gérer une peur ou gérer les risques », dit-il. « La science est assez claire : il y a peu de risques », dit-il.
Ce n’est pas une question de risques, c’est plus une question de respect.
Sylvain Charlebois croit que les avantages du génie génétique ont été mal expliqués aux consommateurs dès l’arrivée des OGM dans nos assiettes. Plus de deux décennies plus tard, la communication ne semble pas meilleure.

Deux saumons, un petit et un autre beaucoup plus gros, sont côte à côte. Ils ont le même âge selon la compagnie Aquabounty qui élève des saumons transgéniques.
Photo : La Presse canadienne
Depuis l’an dernier, les Canadiens peuvent acheter du saumon transgénique, qui est le premier animal approuvé pour la consommation humaine au Canada.
C’est justement envers les poissons et les fruits de mer génétiquement modifiés que les Canadiens entretiennent le plus de méfiance, selon l’étude. L’occasion est d’autant plus indiquée pour adopter une nouvelle attitude avec le public qui consomme ces aliments, estime Sylvain Charlebois.
« En 1994, l’industrie de la biotechnologie est arrivée avec une nouvelle technologie sans vraiment consulter les consommateurs, sans vraiment établir un contrat social avec les consommateurs », déplore-t-il. « Avec le volet animal, on répète la même erreur. »
Méthodologie
L'étude de l'Université Dalhousie a été effectuée sur trois jours en mai 2018 auprès d'un échantillon de 1046 personnes représentatif du marché canadien. La marge d'erreur est de 3,1 %, 19 fois sur 20.