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Bientôt un remède contre la « gueule de bois »?

Une jeune femme, les yeux fermés, se tient la tête d'une main avec un verre d'eau dans l'autre.

La gueule de bois est une combinaison des effets de l'alcool, de la déshydratation et de l’inflammation

Photo : iStock

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Les maux de têtes, nausées et autres effets de la « gueule de bois » pourraient-ils enfin devenir choses du passé? C'est ce que suggèrent des chercheurs qui ont développé une injection pouvant accélérer l'élimination de l'alcool, un outil qui pourrait grandement aider les premiers répondants dans des cas d'intoxication sévère.

Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné

Il arrive à plusieurs de prendre un verre de trop et de se réveiller avec la « gueule de bois ». Bien que divers remèdes maison – à l’efficacité souvent douteuse – circulent sur Internet, la solution miracle est, jusqu’à maintenant, restée hors d’atteinte.

Une étude publiée dans la revue Advanced Material pourrait toutefois changer les choses. Les chercheurs responsables de ces travaux ont développé une injection (Nouvelle fenêtre) capable d’éliminer rapidement l’alcool présent dans notre sang.

Bien qu’uniquement testée sur des souris, cette injection pourrait être d’une grande utilité si on peut l'utiliser chez l’humain.

Selon l’Institut canadien de l’information en santé, 77 000 hospitalisations liées à l’alcool ont été recensées entre 2015 et 2016 au Canada. Ces chiffres comprennent les accidents, les intoxications et les maladies chroniques.

Cocktail sanguin

Lorsqu’on boit de l’alcool, celui-ci est rapidement absorbé d’abord dans l’estomac, puis dans l’intestin. Il se retrouve dans le sang après une durée de 45 à 90 minutes.

On l’élimine en deux étapes : une première enzyme, l’alcool déshydrogénase, le transforme d'abord en acétaldéhyde, une molécule toxique.

Non seulement cette molécule est partiellement responsable des symptômes de la « gueule de bois », mais elle peut aussi endommager les organes comme le cerveau, le foie et le cœur.

Une deuxième enzyme, l'aldéhyde déshydrogénase, intervient ensuite pour transformer ce produit en acide acétique, une molécule beaucoup moins toxique et un des principaux éléments du vinaigre.

Finalement, elle sera dégradée en eau et en gaz carbonique.

Toutefois, l'efficacité de ces enzymes a une limite.

La vitesse moyenne pour la métabolisation de l’alcool est d’environ 15 mg par heure, soit l’équivalent d’une consommation. C’est lorsqu’on dépasse cette limite que l’on commence à ressentir les effets de l’alcool.

Nous sommes dépendants des enzymes dans notre foie pour nous débarrasser de cette substance et l’efficacité du processus est influencée par nos gènes : certaines personnes ont plus de ces enzymes et d’autres, moins.

Un remède « anti-lendemain de veille »?

Si une personne boit à un point tel qu'elle doit être hospitalisée, les équipes médicales peuvent retirer l’alcool encore présent dans le système digestif, mais elles sont souvent limitées à des mesures de soutien en attendant que le foie fasse son travail.

Puisque le problème est surtout lié à la quantité d’enzymes dans le foie, les chercheurs ont donc simplement proposé d’en rajouter.

La difficulté à surmonter ici est toutefois la même que pour tout médicament : trouver un moyen d’envoyer l’enzyme à l’endroit où elle sera le plus efficace, et ce, sans que le corps la détruise.

Pour réussir, les chercheurs ont d’abord encapsulé des enzymes semblables à celles présentes naturellement dans le foie dans un biomatériau déjà approuvé pour la fabrication de comprimés.

Malheureusement, au risque de décevoir ceux qui espéraient une pilule « anti-lendemain de veille », la façon la plus efficace d’acheminer ces capsules au foie sans altérations est sous forme d’injection.

Pour tester ces injections, les chercheurs se sont tournés vers les souris. Après avoir fourni aux rongeurs de l’alcool équivalent à une intoxication, ils ont traité la moitié des souris avec leur injection.

À la fin, les cobayes avaient 45 % moins d’alcool et de ses dérivés dans le sang après quatre heures, comparativement aux souris non traitées.

Les chercheurs croient que si cette injection était disponible pour les humains, elle pourrait être d’une aide précieuse pour les premiers répondants et les milieux hospitaliers.

Par contre, en aucun cas cette injection ne devrait être interprétée comme un laissez-passer pour la consommation abusive d’alcool, avertissent les chercheurs.

Et en ce qui concerne le lendemain de veille, il faut aussi rappeler que cet état n’est pas attribuable uniquement aux molécules d’alcool, mais aussi à la déshydratation et à l’inflammation.

Il faudra alors un peu plus de travail avant l’apparition d’un vrai remède. D’ici là, la réponse la plus simple et la meilleure pour notre santé est de savoir consommer avec modération.

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