Un père de Nain, au Labrador, s'indigne qu'on ait tardé à évacuer son bébé atteint de tuberculose

Un père du Nunatsiavut s'explique mal que l'on n'ait pas évacué son fils de 16 mois plus rapidement.
Photo : iStock / Lazor Photography
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Un père de Nain, au Labrador, estime qu'on a mis en danger la vie de son enfant et se demande pourquoi il a fallu attendre deux jours pour que son fils de 16 mois soit évacué de la communauté et transporté à l'hôpital de Happy Valley-Goose Bay pour y recevoir des soins.
Le fils de Derrick McLean, Bryson, a d’abord été admis à l’hôpital Janeway de Saint-Jean de Terre-Neuve il y a environ trois semaines, souffrant d’une méningite. Les médecins ont posé au bambin une dérivation pour drainer les fluides dans son cerveau, et il a pu rentrer chez lui.
Vendredi dernier, à Nain, Derrick McLean a commencé à soupçonner une nouvelle accumulation de fluides chez son enfant, ce qui était dangereux et risquait, selon le père, d’être fatal.
Mais de mauvaises conditions météorologiques ont empêché l’hélicoptère-ambulance de quitter Nain pour transporter le jeune patient à Happy Valley-Goose Bay, à plus de 350 kilomètres de la communauté inuite.
Ce n’est que le dimanche matin que l’hélicoptère-ambulance a pu décoller.
Le père croit qu’un hélicoptère militaire de recherche et de sauvetage des Forces armées canadiennes aurait dû être appelé en renfort.
« Je ne comprends pas que la deuxième journée, ils n’aient pas envoyé un hélicoptère, surtout lorsqu’on considère qu’il était sorti de [l’hôpital] Janeway trois semaines avant », dit M. McLean.

Un hélicoptère Cormorant de recherche et sauvetage des Forces armées canadiennes.
Photo : CBC / Pat Nagle
« Il pouvait être correct, et il pouvait ne pas l’être. Je ne comprends pas qu’on prend un tel pari avec sa vie », s’indigne le père.
Pas inhabituel de demander l’aide de l’armée
Les évacuations médicales sont de responsabilité provinciale, mais il n’est pas rare que Terre-Neuve-et-Labrador appelle l’armée en cas de besoin, ce qui rend la situation du jeune Bryson d’autant plus inexplicable pour sa famille.
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L’hélicoptère auquel Terre-Neuve-et-Labrador confie ses évacuations médicales a une « fiabilité maximale » de seulement 20 %, selon une évaluation. L’appareil ne peut voler la nuit, ou par mauvais temps.
La province fait appel à un sous-contractant pour cet hélicoptère.

Cet hélicoptère Bell 407 est l'un de ceux que Terre-Neuve-et-Labrador emploie en vertu de son contrat avec Universal Helicopters.
Photo : Aerospace Imaging / Andrew Matthews
Les autorités médicales provinciales n’ont pas voulu commenter la situation dénoncée par la famille McLean.
Un enfant mort de tuberculose dans la communauté
Derrick McLean est à bout de patience. Il a déjà fallu du temps pour qu’une tuberculose soit diagnostiquée à son fils, puisque le personnel soignant insistait au départ pour attribuer ses problèmes à de simples maux de dents.
Le père affirme que ce n’est que lorsqu’il leur a dit qu’un adolescent de la communauté, récemment mort d’une tuberculose, était un fréquent visiteur de la résidence familiale que les médecins ont accepté d’envisager que le bambin pouvait souffrir de cette maladie contagieuse.

Gussie Bennett, un jeune de 14 ans de Nain au Nunatsiavut, est mort le 16 mars 2018 à l'hôpital, à Saint-Jean de Terre-Neuve, des suites d'une tuberculose.
Photo : Katie Suarak
Des infirmières travaillent à la clinique médicale de Nain, une communauté inuite d'environ 1500 habitants de la région autonome du Nunatsiavut, au Labrador, mais il n’y a pas de médecin à temps plein. C’est pour cette raison qu’il était d’autant plus pressant que l’enfant soit évacué par voie aérienne, soutient M. McLean.
« Ça fait peur », dit le père de famille. « C’est frustrant, aussi, car on dirait qu’ils ne prennent pas la vie des gens au sérieux. »
Derrick McLean comprend qu’il est dispendieux de faire déplacer un hélicoptère militaire de recherche et sauvetage, mais il ne croit pas que cela devrait être une source d’hésitation lorsqu’il s’agit d’une question de vie ou de mort pour un enfant.
Avec les informations de CBC