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Québec ne songe pas pour le moment à financer La Presse comme OSBL

Un gros plan sur une pile de journaux pliés.

La presse écrite est en crise.

Photo : iStock / bernie_photo

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le premier ministre Philippe Couillard se dit « prudent » quant à la possibilité de voir le gouvernement québécois financer des médias, mais ouvert à l'idée de modifier la législation afin de permettre à La Presse de devenir un organisme sans but lucratif (OSBL).

Le président du quotidien, Pierre-Elliott Levasseur, a annoncé mardi matin que Power Corporation, propriétaire du journal depuis 51 ans, avait décidé de se retirer de l'entreprise pour la convertir en OSBL, dans le but d’élargir ses sources de financement et de lui permettre ainsi d’en obtenir « du gouvernement fédéral, de grands donateurs, de fondations, d’annonceurs et du grand public ».

Pour que ce changement de structure soit possible, l'abrogation d'une disposition d'une loi privée adoptée en 1967 qui régit la propriété de La Presse sera nécessaire.

À lire aussi : La Presse devient la propriété d'un OSBL et sortira du giron de Power Corporation

Philippe Couillard, qui considère comme « très très important » qu’il y ait une qualité et une pluralité de l’information au Québec, se dit donc d’accord pour faire le changement législatif exigé. Il demande d’ailleurs la collaboration des partis d’opposition afin d’adopter rapidement le projet de loi.

Toutefois, le premier ministre semble moins enclin à ce que Québec alloue lui-même une somme d’argent au média. Il renvoie plutôt la balle à Ottawa.

« Je pense que ce qui est vraiment le but recherché, outre de rendre ça encore plus indépendant, c’est vis-à-vis le gouvernement fédéral. Si j’ai bien compris, le gouvernement fédéral a indiqué qu’il serait davantage prêt à aider un OSBL qu’un organisme à but lucratif », a dit M. Couillard, interrogé par les journalistes à la sortie du caucus.

Tout en affirmant que le financement gouvernemental d’un média pourrait créer des problèmes de perception dans la population et laisser croire que ce média a perdu son indépendance, Philippe Couillard croit qu’il est tout de même possible d’aider le milieu en finançant le virage numérique, « comme on peut le faire pour n’importe quelle entreprise qui a à négocier ce virage numérique là ».

«  »

— Une citation de  Philippe Couillard, premier ministre du Québec

« Alors si le fédéral veut aider pour le virage numérique, peut-être que ce sera plus facile pour eux de le faire avec une structure comme ça », a poursuivi le premier ministre.

Le gouvernement de Philippe Couillard a déjà accordé de l’aide financière à certains éléments de la presse écrite. En décembre dernier, on apprenait qu’il avait accepté d’allouer un prêt de 10 millions de dollars à l'entreprise Groupe Capitales Médias, par le biais d’Investissement Québec.

« On a soutenu ces entreprises, pour négocier le virage numérique, et pas pour négocier leur contenu ou influencer leur contenu. C’est important de le dire », s’est justifié M. Couillard mardi.

Quant au président du Conseil du Trésor, Pierre Arcand, il considère que le financement des médias est un « enjeu » sur lequel il faut réfléchir.

«  »

— Une citation de  Pierre Arcand, président du Conseil du Trésor

L’opposition a aussi besoin de temps

Questionné également sur le sujet, le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée, n’a pas rejeté l’idée qu’un financement gouvernemental soit accordé aux médias écrits.

« Moi, vous savez, je suis opposé à toute aide au cas par cas. Je veux que le gouvernement ait un programme d’aide aux médias qui ne fasse pas de gagnants et pas de perdants. Que tout le monde soit sur le même pied », a-t-il lancé.

Par ailleurs, M. Lisée n’a pas dit s’il était en faveur d’un changement à la loi afin d’aider La Presse à faire la transition qu’elle désire.

« Je vais rencontrer les gens de La Presse demain, qui vont m’exposer les détails du projet. Il est trop tôt pour prendre une décision », a indiqué M. Lisée.

Quant au député de la Coalition avenir Québec (CAQ) François Bonnardel, il se dit conscient de la crise que traversent les médias.

« Je pense que les gouvernements ont à se pencher sur la situation des médias écrits. […] C’est une situation qui est extrêmement difficile », a-t-il déploré.

Ottawa prêt à explorer de nouveaux modèles

Questionnée à la sortie du caucus, à Ottawa, la ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, a expliqué de son côté que son gouvernement est en communication avec La Presse depuis plusieurs mois et qu'Ottawa « est prêt à explorer de nouveaux modèles pour permettre les dons philanthropiques aux médias ».

« Nous allons continuer de travailler avec La Presse et aussi avec les autres médias pour mettre en œuvre ces nouveaux modèles », a assuré Mme Joly en ajoutant que le gouvernement Trudeau veut certes soutenir le journalisme local, mais qu'il veut le faire en respectant l’indépendance des médias.

Un comité travaille déjà à étudier les façons dont le gouvernement fédéral pourrait procéder pour venir en aide aux médias locaux sans nuire à leur indépendance, a expliqué la ministre Joly.

Rappelons que dans son dernier budget, le gouvernement Trudeau a consacré une enveloppe de 50 millions de dollars pour soutenir le journalisme local et aider les médias à prendre le virage numérique.

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