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Difficile pour les Autochtones d'écrire dans leur langue

L'auteure Katherena Vermette

L'auteure métisse Katherena Vermette

Photo : Lisa D. Meiler

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Peu d'écrivains autochtones écrivent dans leur langue. La majorité utilise l'anglais ou le français pour au moins deux raisons : certains auteurs ne parlent plus leur langue maternelle et l'accessibilité de leurs œuvres serait diminuée si elles étaient publiées dans cette langue.

Un texte de Cécile Gladel

« C’est pour rendre leurs livres accessibles au plus grand nombre [qu’ils écrivent en anglais ou en français]. De plus, beaucoup d’écrivains autochtones ne parlent pas, comme moi, leur langue », explique l’écrivaine innue Marie-Andrée Gill.

À sa connaissance, seules Joséphine Bacon et Rita Mestokosho écrivent des poèmes en deux langues, innue et française.

Elle souligne que plusieurs communautés utilisent leur langue à l’oral et moins à l’écrit. « Dans mon livre Béante, j'ai utilisé des mots innus qui avaient une signification pour moi. »

Les langues autochtones, de plus en plus populaires

Il est vrai que les jeunes parlent moins les langues autochtones que leurs aînés, mais la tendance semble vouloir s’inverser ces dernières années.

«  »

— Une citation de  Éric Mathieu, linguiste et professeur à l’Université d’Ottawa.

Par curiosité, le linguiste spécialisé en langues algonquiennes a justement demandé à un jeune pourquoi il ne parlait pas l’ojibwé. « Il m’a répondu que ce n’était pas l’ojibwé qui allait lui trouver un travail. »

L’autre problème est l’utilisation de mots d’autres langues, qui fait que certains mots se perdent. « Le mot “ordinateur” a été inventé en attikamek, mais ça prend une minute à le prononcer. Les jeunes utilisent donc le mot français », raconte l’auteur Étienne Poirier, qui a enseigné le français aux jeunes de Manawan pendant 10 ans.

Cette popularité des langues autochtones se voit dans l’affluence des cours en cri et en ojibwé offerts à l’Université d’Ottawa.

«  »

— Une citation de  Éric Mathieu

Il raconte que les aînés autochtones ont une grande connaissance de leur langue, surtout sur le plan de la grammaire. « J’ai travaillé avec des gens qui avaient enseigné, trois aînées, qui discutaient ensemble de principes de grammaire. C’était fascinant. Elles avaient des connaissances incroyables. »

Malheureusement, depuis sa rencontre, deux de ces aînées sont mortes. Heureusement, le professeur avait enregistré la discussion.

Traduire les langues autochtones, mission impossible?

D’entrée de jeu, Éric Mathieu souligne qu’en général, la traduction ne reproduit jamais le même sentiment que l’original. « La traduction, c’est un art. »

Il ajoute qu’historiquement, les langues autochtones sont plus orales qu’écrites. « Les grammairiens ont essayé de rapprocher les langues autochtones de ce qu’ils connaissaient, mais ce n’était pas approprié. »

D’ailleurs, l’auteur Étienne Poirier a eu de la difficulté à traduire le sens d’une phrase en attikamek dans son livre Niska.

L'auteur Étienne Poirier et la couverture de son roman jeunesse « Niska »
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L'auteur Étienne Poirier et la couverture de son roman jeunesse « Niska »

Photo : Les éditions du soleil de minuit

Ce roman jeunesse parle des pensionnats autochtones et aborde la difficulté des relations père-fils. À la toute fin de la vie du père, le garçon revient et lui dit : « Je t’avais dit que je reviendrais. » En attikamek, la phrase s’écrit ainsi : « Ki wapiten ka ititan kata pe takoan. »

«  »

— Une citation de  Étienne Poirier

 

« Dans l’histoire, cette phrase était fondamentale pour moi. Il était donc important que ça soit écrit en attikamek », précise-t-il.

Celui qui a enseigné le français pendant plusieurs années à de jeunes Autochtones ajoute que la signification des mots et la manière de les traduire étaient parmi les discussions qu’il avait le plus souvent avec ses élèves.

L'écrivaine Naomi Fontaine représente les territoires autochtones pour le Combat national des livres 2018 et a choisi de défendre le roman Ligne brisée, de l'auteure métisse (de mère mennonite et de père métis) Katherena Vermette, qui écrit en anglais.

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