Les demandeurs d’asile ne ralentissent pas le système, clame le ministre Hussen

Le ministre Ahmed Hussen prétend que l'afflux de demandeurs d'asile au Canada ne nuit pas aux autres catégories d'immigration. Un tableau en français était présenté à côté de celui photographié ici.
Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson
L'afflux de demandeurs d'asile au Canada ne retarde pas les autres catégories d'immigration, a clamé lundi Ahmed Hussen, ministre fédéral de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, en réponse aux déclarations du chef conservateur Andrew Scheer.
Dimanche soir, M. Scheer apparaissait sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle, enregistrée un peu plus tôt dans la semaine, notamment pour réagir au dossier des demandeurs d’asile qui traversent de façon irrégulière la frontière canadienne.
Selon M. Scheer, la pression qu’exerce cette hausse des demandes des réfugiés congestionne le système et ralentit les autres catégories d’immigration, comme le programme de réunification familiale.
« Il y a des familles qui attendent pour rejoindre leurs frères, leurs sœurs, a dit Andrew Scheer, chef de l’opposition officielle à Ottawa. Ils doivent attendre plus longtemps, parce qu’il y a des gens qui se présentent aux frontières de manière illégale. »
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Or, selon le ministre libéral de l’Immigration Ahmed Hussen, qui faisait lundi matin le point sur le dossier des migrants en compagnie de deux autres ministres, rien n’est plus faux.
« M. Scheer a répété à Tout le monde en parle que les demandeurs d’asile créent des [retards] dans le système d’immigration, a-t-il dit. Soyons très clairs : les demandeurs d’asile ne prennent pas la place des autres immigrants qui viennent au Canada. »
Le gouvernement a établi un plan d’immigration sur plusieurs années qui comporte des cibles à atteindre dans toutes les catégories d’immigration, notamment celle des réunifications familiales, a rappelé M. Hussen.
Depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux, le temps de traitement des demandes d’immigration dans cette catégorie est passé de plus de 26 mois à moins de 12 mois dans 80 % des cas, clame M. Hussen.
Toujours selon le ministre, les sommes allouées aux divers programmes du ministère de l’Immigration dans le dernier budget fédéral devraient permettre d’éliminer les retards dans le traitement des demandes d’immigration d’ici la fin de 2019.
À l’automne 2017, le gouvernement annonçait qu’il comptait augmenter le nombre d’immigrants admis au Canada, qui passerait à 340 000 en 2020. De ce nombre, plus de 57,8 % doivent provenir de la catégorie « immigration économique » et 26,8 % de la catégorie « réunification de familles ».
Selon ce plan, le Canada accueillera un peu moins de 50 000 réfugiés en 2020, alors que ce nombre est fixé à 43 000 en 2018.
Des institutions différentes
Pour l’avocat spécialisé en immigration Stéphane Handfield, il ne fait aucun doute que les propos d’Andrew Scheer sont « complètement faux ».
M. Handfield rappelle que « ce sont deux instances complètement différentes » qui s’occupent des réfugiés, d’une part, et des demandeurs de résidence permanente, d’autre part.
La demande de résidence permanente, qu’elle soit dans la filière de l’immigration économique ou dans celle de la réunification familiale, est évaluée par un agent du ministère de l’Immigration, explique Me Handfield. L’analyse du dossier d’un demandeur d’asile passe plutôt par la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada (CISR).
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Des délais variables
En ce qui concerne les délais dans le traitement des demandes de résidence permanente, ils varient selon les programmes et ne sont pas tous à la baisse, assure Guillaume Cliche-Rivard, avocat spécialisé en immigration.
Selon lui, le ministre Hussen dit vrai lorsqu’il parle d’une réduction des temps d’attente dans le cas des parrainages dans la filière des réunifications familiales.
« Avant, quand les conjoints étaient déjà réunis au Canada, c’était 26 ou 27 mois de délais, mais depuis l’an passé, ils ont promis de descendre à 12 mois, explique-t-il. Ils ont investi et ils ont changé les listes et les façons de faire. Je ne dirais pas que c’est réussi encore, mais on est en voie de le réussir. »
Dans plusieurs autres catégories, les délais stagnent ou augmentent, note-t-il. Par exemple, dans le programme des travailleurs qualifiés au Québec, les délais sont récemment passés de 12 à 16 mois.