La Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan fête ses 10 ans

En 2014, une cinquantaine de membres de la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan ont été invités à une matinée de Noël au Centre communautaire de St-Denis.
Photo : Radio-Canada
La Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAFS) fête son 10e anniversaire cette année. Une décennie après son envol, l'heure est au bilan pour cet organisme fransaskois, qui a été un pionnier dans l'accueil et l'établissement des nouveaux arrivants africains francophones dans la province.
Un texte d'Omayra Issa
La Saskatchewan a été le théâtre d’un afflux d’immigrants francophones africains au cours de la dernière décennie, ce qui a précipité la naissance du CAFS, selon ses fondateurs. L’organisme est né d'un réel besoin, explique son cofondateur et premier président, Judicaël Moukoumi.
« On s'est rendu compte que beaucoup de ceux qui venaient il y a 10 ans avaient énormément de difficultés et que la communauté d'accueil n'était pas suffisamment prête et outillée pour les recevoir. On a vu qu'il y avait un rôle que nous devions jouer », indique-t-il. Il note que les besoins étaient à l'époque et demeurent importants dans plusieurs secteurs, notamment la santé, l’éducation et l'intégration culturelle.
Il s'agissait au début de miser sur l'entraide africaine pour aider les nouveaux arrivants à s'intégrer dans leur nouvelle terre d'accueil. « C’était plus naturel pour nous parce qu’on a une proximité culturelle avec les autres qui arrivaient. On n’avait pas besoin d’explications pour comprendre [...] les difficultés que ces personnes rencontraient », ajoute M. Moukoumi.
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Fondée en 2008 sous le nom de Communauté des Africains de Saskatoon, elle est devenue provinciale en 2011, afin de rejoindre les nouveaux arrivants africains francophones établis aux quatre coins de la province.
L'organisme se consacre à l'accueil, à l'accompagnement et à l'intégration des Africains francophones, ainsi qu'à la promotion de leur culture.
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Initiatives pionnières
La CAFS a lancé des initiatives devenues incontournables dans la Fransaskoisie. Il y a notamment la Journée du nouvel arrivant francophone, le Mois de l'histoire des Noirs ou le Gala africain francophone.
D'autres initiatives abandonnées en cours de route comme le programme de jumelage entre de nouveaux arrivants africains et des membres de la communauté d'accueil pourraient être revisitées, selon certains.
« Le nouvel arrivant doit être ouvert et être ami avec une personne qui ne vient pas de sa culture. La personne d’ici doit être aussi ouverte à une personne qui ne vient pas de sa culture », souligne l'ex-coordonnatrice du programme de jumelage, Marie-Jeanne Will.
Dans un souci permanent de faciliter l’intégration des nouveaux arrivants africains, les membres de la CAFS visitent régulièrement des communautés rurales fransaskoises. En 2014, certains ont aussi été des invités d’honneur lors d’un pow-wow de la Première Nation de Whitecap Dakota.
Le travail de la CAFS ne s'est pas fait sans embûches au cours du temps, selon le président intérimaire de la CAFS, Jean Nepo Murwanashyaka. « Il y a eu beaucoup de défis d'inclusion dans la communauté fransaskoise. On n'était pas sur la table des élus, par exemple, il n'y avait pas des réunions des directeurs. On ne nous invitait pas. On était exclu », se souvient-il.
La CAFS a mis quatre ans à convaincre le réseau associatif fransaskois de sa pertinence. Elle a finalement adhéré à la table des élus fransaskois en 2012, ce qui lui a conféré un nouveau droit de parole et un accès à du financement.
Malgré cela, l’organisme fait face à un sous-financement, selon M. Murwanashyaka.
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D’après lui, en raison de ce sous-financement chronique qui dure depuis des années, la CAFS a du mal à assurer une stabilité dans ses activités, sa gouvernance et sa capacité à se faire entendre dans la communauté.
Résultat : depuis des années, la CAFS n'a ni employés permanents ni bureaux fixes. Elle compte essentiellement sur l'appui des bénévoles.
Perspectives d’avenir
Ce 10e anniversaire en 2018 pourrait marquer un renouveau pour l'organisme.
Le président de l'Assemblée communautaire fransaskoise, Roger Gauthier, entrevoit un financement de fonctionnement pour l'organisme, ce qui pour la CAFS serait une première depuis sa création.
« Je ne veux pas cacher que j'ai clairement l'intention, au niveau de l'ACF, de parler à Patrimoine canadien pour que la CAFS puisse avoir un financement de fonctionnement et puisse avoir accès à des ressources suffisantes pour offrir ses services », souligne Roger Gauthier.
Il ajoute que la CAFS est un organisme incontournable dans l'accueil et l'établissement des nouveaux arrivants en Saskatchewan.
En mars, lors d'une Assemblée générale extraordinaire, la CAFS a décidé de mettre en place un comité de réforme pour revoir les activités de l'organisme, car ses membres estiment que les réalités de la communauté ont changé.