L’économie de Toronto grippée par le SRAS
En 2003, Toronto subit de plein fouet le contrecoup économique de la décision de l'Organisation mondiale de la santé de placer la ville sur la liste des zones à risque d'infection
Photo : Radio-Canada
À la fin avril 2003, l'économie de Toronto a attrapé une mauvaise grippe. Plusieurs dizaines de personnes ont contracté le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) une pneumonie souvent fatale. À Genève, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) inscrit la Ville Reine sur sa liste noire des zones à éviter. Nos archives témoignent de l'impact catastrophique qu'a eu cette décision pour Toronto.
Le SRAS s’est répandu depuis la province chinoise du Guangdong à partir de février 2003. De l’Asie, il atteint rapidement le Canada. L’Ontario et sa capitale Toronto sont particulièrement touchés.
Le 23 avril 2003, Toronto compte 140 cas de SRAS. Une vingtaine de personnes en meurent. La panique s’empare de la communauté scientifique internationale et des villes où la maladie s’est propagée. Le système de santé ontarien est pratiquement submergé.
Cette même journée, un coup de massue est asséné à Toronto par l’OMS. Son groupe d’étude spécialisé en épidémiologie montre du doigt la métropole. Il place Toronto sur sa liste des zones à risque pour contracter le SRAS et déconseille aux touristes de s’y rendre.

Reportage du journaliste Christian Grégoire sur la réaction des autorités de Toronto à la décision de l’OMS de placer la ville sur la liste des zones à risque d’infection pour contracter le SRAS.
Le journaliste Christian Grégoire présente cette journée-là, au Montréal ce soir, un reportage sur la décision de l’OMS. Christian Grégoire capte bien l’atmosphère de surprise et de colère qu’éprouvent les autorités torontoises en apprenant la nouvelle. C’est un geste disproportionné pour l’ampleur de la crise, selon les Torontois.
« D’où vient ce groupe? Qui a-t-il vu? Je le veux ici [à Toronto] demain! Je veux qu’il enquête sur Toronto dès demain! Je veux qu'il enquête sur Toronto dès demain! »
« Est-ce que les gens qui vivent ici doivent faire leurs valises? Certainement pas! »
Aussitôt, les autorités de Toronto, de l’Ontario et du Canada unissent leurs efforts pour convaincre l’OMS de faire marche arrière. Il faut dire que l’impact sur l’économie de Toronto est considérable. Selon un rapport du gouvernement canadien, la décision de l’OMS provoque des pertes de 350 millions de dollars uniquement dans l’industrie touristique de la ville.

Reportage de la journaliste Anne-Louise Despatie sur l’impact négatif de la décision de l’OMS sur l’industrie touristique de Toronto
Un reportage de la journaliste Anne-Louise Despatie présenté au Téléjournal/Le Point du 24 avril 2003 illustre très bien la chute du tourisme à Toronto.
« En deux ou trois semaines, l’histoire du SRAS est apparue et ça s’est effondré. La semaine dernière, on a fait même pas fait 50 bookings, alors que normalement on en fait 600. »
Certains hôtels connaissent des taux d’inoccupation de 70 % de leurs chambres. L’industrie du voyage commence à licencier du personnel. La gravité de la crise force les gouvernements à venir au chevet de ce secteur économique. Ils ouvrent leurs goussets pour accélérer sa convalescence.
Le 2 juillet, quatre mois et cinq jours après l’apparition de la maladie dans un hôpital de Toronto, l’OMS retire définitivement la ville de la liste des zones susceptibles d’infection.
438 Canadiens ont contracté le SRAS en 2003. 44 en sont morts.
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