Aucune preuve que les animaux ressentent l’imminence d’un séisme

L’une des difficultés observées par les chercheurs est la grande diversité des données, qui sont souvent anecdotiques et rétrospectives.
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Depuis des siècles, dans la perception populaire, le comportement anormal de certains animaux comme les chiens, les chats et les vaches est considéré comme un signe précurseur de tremblements de terre, mais une récente analyse conclut qu'il n'existe aucune preuve solide pour soutenir cette hypothèse.
Un texte d'Alain Labelle
Pour en arriver à cette conclusion, des sismologues allemands de l’Université de Potsdam ont examiné 180 articles scientifiques concernant le comportement animal lié aux tremblements de terre.
Dans ces articles, le moment des événements précurseurs variait de quelques mois à quelques secondes avant les secousses sismiques, et les distances allaient de quelques kilomètres à des centaines de kilomètres.
Les personnes qui défendent la capacité des animaux à prédire des tremblements de terre prétendent que ceux-ci ressentent les petits changements dans certains paramètres environnementaux et physicochimiques liés au processus géologique menant aux tremblements de terre, et qu'ils y réagissent anormalement.
Dans les présents travaux, pas moins 729 observations de comportement de 130 espèces animales liées à 160 tremblements de terre ont été étudiées.
Les chercheurs ont entre autres analysé les relations entre la magnitude et la distance, l’activité des animaux, mais aussi la qualité et la longueur des observations publiées dans les articles.
Pas très concluant
L’une des difficultés observées par les chercheurs dans leur analyse systématique et statistique des travaux de recherche menés à ce jour sur le phénomène est la grande diversité des données, qui sont souvent anecdotiques et rétrospectives. Selon eux, la plupart des « preuves » se composent d’observations qui n’ont pas été testées rigoureusement.
En outre, les chercheurs affirment qu’il existe d’importants manquements dans de nombreux rapports publiés sur d’éventuels comportements annonciateurs de séismes chez les animaux.
Certains comportements pourraient être, selon les auteurs de la présente étude, liés à des phénomènes physiques d’un événement sismique déjà en cours, mais peu perceptibles pour les humains.
Quoi qu’il en soit, pour réussir à établir un lien, les prochaines études devraient inclure une définition quantitative plus stricte de ce qui constitue un comportement animal inhabituel ou anormal, ainsi qu’une explication physique de ce changement, notent les auteurs de cette analyse publiée dans le Bulletin of the seismological society of America (Nouvelle fenêtre).