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Quand savoir et culture autochtones entrent à l'université

Donna Goodleaf et Geneviève Sioui, de l'Université Concordia à Montréal

Geneviève Sioui et Donna Goodleaf, de l'Université Concordia, à Montréal

Photo : Radio-Canada / Laurence Niosi

Radio-Canada

Depuis quelques années, des universités canadiennes font des efforts conscients pour intégrer le savoir et les philosophies autochtones dans leur enseignement et leur recrutement. L'Université Concordia, à Montréal, fait figure de précurseur au Québec, ayant récemment créé deux nouveaux postes pour « autochtoniser » l'institution.

Un texte de Laurence Niosi

Revoir le cursus des cours, inclure des perspectives autochtones, inviter des conférenciers provenant des communautés, préparer des ateliers pour enseigner aux employés des approches « décolonisées »… Depuis janvier, la nouvelle conseillère en programmes d'études et en pédagogie autochtones, Donna Goodleaf, a de quoi se tenir très occupée.

« Il s'agit de regarder l’histoire de Concordia et ses limites en termes d’offre de cours et de recrutement du personnel autochtone », résume la Mohawk de Kahnawake, embauchée plus tôt cette année avec Geneviève Sioui, nouvelle coordonnatrice de l'engagement communautaire autochtone.

La Huronne-Wendate est chargée de créer des partenariats avec des organismes autochtones, notamment par l'entremise de jumelages avec les étudiants. En créant ces liens, l’université envoie un message clair, estime Geneviève Sioui. « Nous disons que nous valorisons les valeurs autochtones, les façons de faire les choses, et nous voulons inclure cela à l'université et avoir cet échange de connaissances », souligne-t-elle.

Partout au Canada, des démarches « pour mettre en pratique » la réconciliation se sont accélérées depuis la publication du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, en 2015, dont plusieurs recommandations concernent spécifiquement les universités et les cégeps.

L'Université Lakehead, à Thunder Bay, et l’Université de Winnipeg obligent par exemple leurs étudiants de premier cycle à suivre au moins un cours sur les questions autochtones. L’Université de Victoria, en Colombie-Britannique, a quant à elle embauché huit nouveaux professeurs autochtones depuis 2015.

En comparaison, Concordia - et les universités québécoises par le fait même - a encore du chemin à faire, souligne Sandra Gabriele, vice-rectrice de l'innovation en enseignement et en apprentissage. Mais Concordia, qui offre depuis l’automne 2013 une mineure et une majeure en études des Premières Nations, est sur le bon chemin.

« C’est facile de dire "allez lire le rapport de la Commission". C’est autre chose d’élaborer une approche cohérente en ayant deux personnes à l’université pour aider toute la communauté à approfondir ses connaissances », souligne-t-elle.

Ailleurs dans la province, l’Université McGill, l’Université de Montréal et l’Université du Québec à Montréal (UQAM) ont lancé, depuis les trois dernières années, des concentrations et des programmes en études autochtones (en comparaison, l’Université de la Colombie-Britannique a un Département d’affaires autochtones depuis... 2001). L'Université Laval à Québec propose un certificat en études autochtones depuis 1986, et l'Université du Québec à Chicoutimi offre également un programme de certificat en technolinguistique autochtone.

Des préjugés à déconstruire

Malgré les progrès, Donna Goodleaf estime qu’il y a encore beaucoup d’ignorance et de préjugés à « déconstruire » à l’université. Récemment, elle a décortiqué un cours d’introduction en immobilier. L’enseignant n’avait jamais rencontré une personne autochtone, encore moins dans sa position.

« J’ai dû lui donner une leçon sur l’histoire de la colonisation. Je lui ai dit : l’université est une entité corporative, et il faut déconstruire cela et, à la place, il faut un cursus qui aborde la relation entre les Autochtones et la terre », indique celle qui, jusqu’à récemment, enseignait l’histoire des Haudenosaunee (Iroquois) à l’Université Concordia.

À l’automne, elle espère que l’enseignant aura tenu compte de ses suggestions. Elle pense faire un suivi à l’automne, mais pas question pour elle d'imposer quoi que ce soit. « Ça, c’est la responsabilité de l’université », dit-elle.

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