L’importance des méthodes traditionnelles de guérison en prison

John Clarence Kawapit est détenu à la pris d'Amos, en Abitibi.
Photo : Radio-Canada / Émélie Rivard-Boudreau
Quatre détenus ont été entendus aujourd'hui à la Commission d'enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publiques du Québec (CERP), à Val-d'Or. Ils ont fait valoir l'importance des méthodes traditionnelles de guérison en milieu carcéral.
Avec les informations d’Émélie Rivard-Boudreau
Certains de ces détenus ont témoigné par eux-mêmes, d'autres, par la voix d'enquêteurs de la commission.
C'était d'ailleurs la première fois qu'un détenu de la prison d'Amos, en Abitibi-Témiscamingue, livrait un témoignage devant le commissaire Jacques Viens.
John Clarence Kawapit est le premier détenu à avoir été emmené de la prison d'Amos pour témoigner devant la Commission Viens.
Manque de respect des agents
L'homme de la Nation Crie a expliqué avoir été incarcéré à plusieurs reprises depuis les années 1990.
Selon son témoignage, des agents correctionnels d'Amos, particulièrement ceux qui ont le moins d'expérience, lui ont manqué de respect.
« Ils nous traitent comme des animaux », a-t-il fait valoir devant l’audience.
Il a expliqué qu’on l'aurait entre autres isolé dans des salles inappropriées, sans lit, sans toilettes, ni eau. Il a aussi affirmé qu’on lui aurait refusé des timbres de nicotine et on l'aurait ridiculisé, notamment en l'appelant par des surnoms.
L'apport des aînés
À l’établissement de détention de Montréal, mieux connu sous le nom de la prison de Bordeaux, John Clarence Kawapit dit avoir vu des Autochtones être battus.
Il croit que d'avoir accès à des aînés autochtones et des activités traditionnelles en prison l'aiderait à se sortir du cycle de consommation et d'incarcération qu'il perpétue.
Nicolas Kurt Rougier a pour sa part témoigné depuis le pénitencier fédéral de Donnaconna, où il est incarcéré depuis une vingtaine d'années.
L'artiste Attikamekw, incarcéré en sécurité maximale, considère que la présence d'aînés autochtones à la prison a changé sa vie.
Il s'implique maintenant avec eux pour aider d'autres détenus.
« »
Nicolas Kurt Rougier était justement accompagné d'un aîné pour présenter son témoignage. Gilles Moashk-Kovacs, qui se fait appeler « l'Ours », a parlé de son travail à la prison de Donnaconna.
Même s'il se dit très apprécié des détenus, il remarque que les professionnels en milieu carcéral ne comprennent pas beaucoup son rôle.
« Certains me manquent de respect », a-t-il raconté.
Il a suggéré à la commission que des maisons de guérison, tant dans les communautés que dans les milieux urbains, devraient être mises en place pour aider les détenus autochtones à poursuivre leur démarche de guérison à la fin de leur peine d'emprisonnement.
À lire également :
Logique de colonisation
La professeure de l'Université Bishops, Vicki Chartrand, a aussi témoigné. Selon elle, les prisons reprennent la même logique que la colonisation et qu'une autre avenue devrait être pensée pour les délinquants autochtones, comme des maisons de guérison à l'intérieur des communautés.
« Jusqu’à 1960, les détenus Autochtones ne représentaient qu’un ou deux pourcent de la population dans les pénitenciers. Il y a eu quelques exceptions, notamment en 1965 lors de la Red River Rebellion, mais à part ça, c’était vraiment bas. Ça a changé vraiment après les années 1960, au même moment où on a vu les changements avec les lois d’assimilation et de ségrégation », soutient la professeure Chartrand.
« »