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Les défis de l'électrification du transport scolaire

Un autobus scolaire conçu par la Compagnie électrique Lion.

Un autobus scolaire conçu par la Compagnie électrique Lion.

Photo : Radio-Canada / Jonathan Lavoie

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Depuis trois ans, le gouvernement du Québec offre une subvention de 125 000 $ pour l'achat d'autobus scolaires électriques. Des dizaines de véhicules ont ainsi été acquis par des transporteurs qui se rendent compte aujourd'hui que l'aventure est plus complexe que le simple achat d'autobus jaunes propulsés à l'électricité.

Un texte de Jonathan Lavoie

Autobus Laval, situé dans l’arrondissement Beauport à Québec, est le plus grand opérateur de véhicules scolaires électriques de la province, avec sept véhicules.

La présidente de l’entreprise, Louise Giroux, dresse un bilan plus ou moins positif de ses premières années d’exploitation.

« C'est vraiment une page blanche. Tout est à découvrir, et c'est sûr qu'on a des surprises financières. C'est lourd pour un transporteur d'aller là-dedans », commente la femme d’affaires.

Même avec la subvention gouvernementale, un autobus électrique coûte environ 50 000 $ de plus qu’un véhicule traditionnel au diesel. Malgré les économies de carburant, Louise Giroux est loin d’être persuadée que l’acquisition sera rentable.

« Que ce soit la formation des conducteurs, des mécaniciens, c'est une aventure. Actuellement, au niveau financier, c'est lourd; et je suis vraiment toute seule là-dedans, parce que je trouve qu'on n’a pas assez d'incitatifs », déplore-t-elle.

Louise Giroux, présidente et chef de direction chez Autobus Laval.
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Louise Giroux, présidente et chef de direction chez Autobus Laval

Photo : Radio-Canada

Mme Giroux indique notamment qu’il n’y a aucun avantage lié à l’utilisation de véhicules électriques lorsque vient le moment de soumissionner les contrats pour le transport scolaire.

Aucune aide financière n’existe non plus pour la modernisation de ses installations électriques, à part une subvention pour la mise en place des bornes de recharge. Là encore, Mme Giroux affirme attendre un remboursement depuis plus d’un an.

«  »

— Une citation de  Louise Giroux, présidente d'Autobus Laval

Subvention revue à la baisse

À compter du 1er avril, l’acquisition d’autobus scolaires électriques devient aussi moins attrayante pour les transporteurs.

Pour la deuxième moitié du programme de soutien gouvernemental qui se termine en 2021, la subvention passe de 125 000 $ à 105 000 $.

La Fédération des transporteurs par autobus aimerait que le gouvernement maintienne la subvention au niveau actuel, d'autant que, dans la dernière année, seulement sept autobus scolaires électriques ont été subventionnés. L’enveloppe budgétaire allouée au programme devait pourtant permettre aux transporteurs d’en acheter 48. Cinq millions de dollars sont donc restés sur la table.

« Pour inciter les transporteurs à acquérir des véhicules électriques et pour respecter les objectifs que le ministère s'était donnés en début de programme, je pense qu'on devrait maintenir le même ratio de subvention », commente le porte-parole de la fédération, Martin Bureau.

Les tarifs d’électricité

La Fédération des transporteurs par autobus demande également à Hydro-Québec d’offrir des tarifs préférentiels à ses membres qui se lancent dans l’électrique.

Autobus Laval a eu une mauvaise surprise le 15 décembre, lors d’une période de grand froid. En plus des sept autobus électriques, une trentaine de véhicules au diesel ont dû être branchés pour être gardés au chaud pendant la nuit.

Une série d'autobus scolaires électriques branchés aux bornes de recharge.
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Les transporteurs doivent surveiller leur consommation d'électricité, au risque d'être surpris par la facture.

Photo : Radio-Canada / Jonathan Lavoie

Pour ce pic de consommation ponctuel, la facture d’électricité annuelle de l’entreprise grimpera de quelques milliers de dollars.

« C’est décevant, parce que je fais partie de l'innovation de l'électrification des modes de transport; on devrait nous aider », répète Louise Giroux.

Chez Hydro-Québec, le porte-parole Louis-Olivier Batty explique que la société d’État s’engage à mieux accompagner les transporteurs scolaires qui feront le choix de l’électrique.

Dès l’acquisition de nouveaux véhicules, Hydro-Québec contactera les transporteurs afin de les informer des meilleures pratiques à adopter pour éviter les appels de puissance trop élevés.

« Il y a vraiment plusieurs solutions technologiques très simples pour éviter d’avoir une surcharge; une charge trop grande à un moment précis qui va avoir un impact sur la facture », résume le porte-parole Louis-Olivier Batty.

En attendant, chez Autobus Laval, lorsqu’on demande à Louise Giroux si elle répéterait l’expérience si c’était à refaire, elle hésite.

« J'aimerais ça dire oui. C'est mon coeur qui dit oui, mais d'un autre côté, c'est raide financièrement. »

Discussions avec le MTQ

La compagnie électrique Lion, avec son usine à Saint-Jérôme, est la seule entreprise à produire les autobus scolaires électriques qui circulent sur les routes du Québec.

Le vice-président des ventes au Canada, Benoit Morin, espère lui aussi convaincre le ministère des Transports (MTQ) de maintenir la subvention à 125 000 $.

Un autobus scolaire électrique en assemblage à l'usine de la Compagnie électrique Lion.
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Autobus Lion, de Saint-Jérôme, enverra entre 20 et 30 autobus scolaires électriques dans la région de Sacramento, en Californie.

Photo : Radio-Canada / Francis Labbé

« C'est vraiment ensemble, avec les ministères et les aides financières, qu'on va réussir à court terme. C'est ce qu'on espère : une flotte avec un haut pourcentage [d'autobus] électriques au Québec », soutient le gestionnaire, qui affirme sentir une certaine ouverture de la part du MTQ.

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