Marché saisonnier : la place de Paris contaminée

La place de Paris devrait être transformée en marché saisonnier.
Photo : Ville de Québec
Le terrain choisi par la Ville de Québec pour aménager son marché public extérieur dans le Vieux-Québec, à la place de Paris, est lourdement contaminé. C'est ce que révèlent des études commandées par l'administration municipale et obtenues par Radio-Canada.
Un texte de Maxime Corneau
Ces études environnementales soulignent que des taux de métaux lourds dépassant les normes et des hydrocarbures ont été retrouvés dans le sol à la place de Paris.
La Ville de Québec prévoit investir 2,5 millions de dollars pour créer un marché saisonnier sur le terrain situé non loin de la place des Canotiers. Ce marché serait une vitrine pour les produits en vente au futur Grand Marché d’ExpoCité.
Le consultant EXP embauché par la Ville conclut qu’en tenant compte du projet, près de 3500 mètres cubes de sols contaminés devront être déplacés vers des sites de traitement spécialisés. Les plans de la Ville pour l'aménagement du marché satellite n'ont pas encore été dévoilés publiquement.
Selon deux experts en décontamination que nous avons consultés, environ 400 transports en camion 12 roues seraient nécessaires pour décontaminer l'endroit. Les travaux pourraient coûter plus d’un million de dollars, toujours selon leurs estimations, si la Ville décidait de traiter entièrement le terrain.
Le coût de l'opération est toutefois difficile à estimer, précisent les deux spécialistes, et pourrait varier selon l'ampleur du projet. Le traitement d'un sol contaminé au plomb est aussi particulièrement complexe.
Contamination de longue date
Les analyses des puits d’observation des eaux de surface ont également révélé des dépassements dans les seuils de métaux comme le plomb, le zinc et le manganèse.
Les études réalisées stipulent que « la source de contamination de l’eau souterraine n’est pas connue, et que l’eau souterraine apparaissant dans les futures excavations devra être gérée et disposée [selon les normes en vigueur] ».
On apprend également que le passage d’une conduite de benzène à l’est de la place de Paris et la présence de réservoirs de carburant souterrains sur un emplacement voisin, dans les années 50, pourraient avoir contribué à la contamination du terrain.
Les études précisent aussi que de 1771 à 1910, l'endroit a accueilli des bâtiments dont « l’usage, le mode de chauffage et le démantèlement » demeurent inconnus, ce qui aurait pu contaminer le site.
Une situation qui surprend
Joint au téléphone, le directeur général de la Coopérative des horticulteurs de Québec qui gère le futur marché, Daniel Tremblay, affirme ne jamais avoir entendu parler de la contamination du site. Il souligne qu'il aurait souhaité être informé de la situation.
Le conseiller de Démocratie Québec, Jean Rousseau, estime pour sa part que la contamination du site pourrait faire exploser les coûts de construction du marché dans le Vieux-Québec.
« Et rendu là, pourquoi investir dans un marché satellite saisonnier alors qu’on a un marché actuel au Marché du Vieux-Port, et on pourrait investir ces sommes là-bas », propose celui qui s’oppose depuis des années à la fermeture du marché actuel.
Le conseiller réclame que la Ville dévoile ses plans pour la place de Paris afin que les citoyens puissent juger du projet par eux-mêmes.